feat Emori & Oona

Tremblante, la frêle jeune femme se redresse, ruisselante de l’eau du marécage dans lequel elle vient de chuter. Face à elle, sur le rivage, se dresse la créature – sortant visiblement tout droit des Enfers – qui l’a pourchassé, alors que l’esclave accomplissait la mission que lui avait attribuée sa maîtresse : remplir son outre d’eau. L’esclave était depuis longtemps brisée, la Reine de Glaces n’avait aucune raison de craindre une quelconque tentative de fuite de celle-ci. Encore moins dans une région qu’elle ne connaissait pas. Pas alors qu’elle avait parfaitement conscience de la dangerosité de la Nature et qu’elle ne savait pas se battre. Sans oublier son double tatouage (croissants de lune au-dessus des yeux) indiquant qu’elle est esclave d’Azgeda, et qui ferait fuir n’importe de sensé, pouvant souhaiter l’aider… Alors qu’elle s’acquittait de sa mission, la bête était apparue, dans son dos, se dressant ainsi entre la Camelotienne, et le camp de la Nation des Glaces… Une course-poursuite s’en était suivie, voyant Oona s’écrouler à quelques reprises, dans sa maladresse toute Archéenne, d’une nana qui n’avait fait que bien peu d’exercices physiques lors de sa vie.

Nous voici à l’issue de cette traque, qui a vu Oona s’éloigner grandement du campement, la mettant dans l’incapacité de retrouver le chemin de celui-ci. Dans son désir de fuir, la brune a chuté dans un marécage, endroit que l’animal parait résolu à fuir, à en juger par son manque d’empressement à rejoindre sa proie. Alors qu’il ne l’a pas lâché d’une semelle, et qu’il est encore en pleine forme, contrairement à l’humaine qui lui fait face, et qui est déjà à bout de souffle. Elle ne sait que penser, Oona, de la situation. Si même la créature qui lui fait face, parait craindre ce marais, que doit-elle s’attendre à y trouver ? Au vu de ce qu’elle a pu découvrir de la Nature sur Terre, pour qu’une telle bestiole ne souhaite pas s’y aventurer, c’est que ce qui s’y trouve, ça doit être franchement redoutable. Pourtant, la Bête est impressionnante, même pour les critères des Natifs. Bien plus imposante qu’un loup, avec une fourrure plus garnie, des crocs d’une longueur effrayante, des griffes paraissant capables d’ouvrir un homme en 2-3 coups… Oona n’a certes pas vu toute la population animale de cette planète, mais suffisamment pour savoir que ce loup n’a rien a envié à la Bête du Gévaudan, découverte dans quelques récits d’Histoire.

Elle a envie de fuir, la frêle esclave. Elle aimerait s’enfoncer un peu plus dans les marais, pour mettre le plus de distance entre elle et le loup. Mais elle ne peut bouger : le moindre de ses mouvements lui donne l’impression de s’enfoncer plus encore dans ce sol spongieux. Serait-ce un sol similaire à du sable mouvant ? La chance n’est décidemment pas du côté de la brune…. Las, l’animal fini par rebrousser chemin, semblant croire que sa proie est perdue, condamnée à s’enfoncer dans le sol, ou à se faire bouffer par quelque chose de pire… La violoniste tente de s’extirper de là, avant de renoncer : c’est pire encore, de bouger que de rester inactive. Résignée, elle attend son sort. Et celui-ci prend la forme d’un bruit désagréable d’insecte. De gros insecte. De VampiStiques, plus exactement. Elle est perdue, la brune, si l’essaim la sent et se dirige vers elle, ils la piqueront et la videront de son sang…

feat Emori & Oona

Si cela lui était possible, elle en sursauterait, l’esclave, d’entendre une voix retentir, au fin fond de son désarroi. Doit-elle être méfiante, ou heureuse, de ce coup du sort ? Elle ne pourrait le dire, elle sait juste qu’elle veut vivre, alors même qu’elle déteste cette planète, au plus haut point, et qu’elle a une vie de merde. C’est son instinct, qui la pousse à prendre cette « main » tendue, qui prend forme d’une liane à attraper. Tremblante, chancelante, et passablement encore bien marquée par les dernières minutes, elle attrape l’aide offerte. De son mieux, elle tente de s’extirper de là, de n’être pas qu’un poids mort à traîner, mais la tâche est plus complexe qu’on ne pourrait le croire, le marécage la maintenant de force en son sein. L’entreprise s’avère laborieuse, mais le duo y parvient, bien qu’Oona est certaine que ça a pris des heures. Elle sait cependant que ça n’est que sa peur, qui joue.

La Camelotienne est couverte de boue, de la tête aux pieds, et tremble tellement que ses dents s’entrechoquent. C’est allongée, qu’elle a atterrie sur la terre ferme, et c’est encore allongée qu’elle tente de se calmer. Difficile d’apaiser les battements d’un cœur affolé, lorsqu’on a vu passer la mort d’aussi près qu’elle. « Merci ! ». Au bout de plusieurs minutes, après bien des efforts, elle a finalement réussi à remercier l’inconnue à qui elle doit la vie. Prudente, elle reste cependant sur ses gardes. Nul besoin d’être un génie pour voir qu’en face d’elle, se trouve une Native. Même une Taliesinne fortement convaincue, ne pourrait avoir mis de côté son passé d’Archéenne, pour paraître une Grounder aussi convaincante qu’elle. « Pourquoi…. Pourquoi vous m’avez aidé ? », parvient-elle à demander. A force de vivre sur Terre, la violoniste a appris que les Grounders ne faisaient jamais rien gratuitement. Elle prend peut-être des risques, à montrer une attitude pouvant paraître insolente, elle, ouvertement esclave, face à une Native. Mais elle n’a pas de temps à perdre. Elle préfère savoir de suite à quoi s’attendre. La vie a fait d’elle une victime, et a fini certes par la briser, mais au fond, elle reste encore courageuse. Du moins a-t-elle le courage de vouloir la vérité, quand bien même celle-ci la fera sans doute souffrir, la voyant utiliser, encore et toujours… Elle redoute surtout de n'être qu'un pion, pour l'inconnue, une offrande à faire à Nia, pour gagner une faveur quelconque, en lui ramenant une de ses esclaves...

feat Emori & Oona

Elle n’est pas à l’aise, Oona. Car elle a frôlée la mort, et qu’elle se retrouve face à une Native inconnue. Au vu des expériences de la jeune femme avec les Grounders, on peut comprendre qu’elle soit sur ses gardes. Et l’aveu fait par l’inconnue tend à lui donner raison : si, à l’en croire, elle n’avait nulle idée en tête en lui venant en aide, elle ne serait pas contre le droit d’obtenir quelques réponses de la part de l’esclave. La violoniste ne dit rien, pas même quand sa sauveuse la tartine d’une mixture étrange (à ses yeux, du moins, rappelons qu’elle n’est pas sortie souvent de la demeure de Nia, et encore moins, sortie seule…). Par pure politesse, elle se contente d’un simple hochement de tête, afin de remercier la Native, de son acte. Elle se concentre sur ce que celle-ci lui demande par la suite. Trois ans qu’elle est sur Terre, Oona, oui, mais autant d’années passées à mépriser les êtres peuplant cette planète, et par là-même, leur langue. Trois ans à ne pas faire de réels efforts pour maîtriser leur dialecte, à avoir l’impression que leurs mots lui brûlent la gorge et la langue, quand ils sont dans sa bouche. Elle comprend. A moitié. Elle déteste. Entièrement. Elle ne fait pas d’efforts. A quoi bon ?

Poussant un soupir, la jeune femme réfléchit, à comment formuler sa réponse. C’est laborieusement, qu’elle parvient à répondre, devant marquer des temps d’arrêt pour trouver certains synonymes, à défaut d’avoir les mots corrects. « La Reine est venue ici avec sa horde…. », jolie preuve que la brune a du mal à maîtriser la langue, en parlant de « horde » pour désigner la « cour » de Nia. « Pour une assemblée songeuse » et comme Oona ne parvient pas à trouver le mot pour « préparant », elle emploi « songeuse », espérant que ça passera le même message, « ce qu’il faut faire des nouveaux gens de là-haut. » Encore un mélange de lacune de la violoniste, mais aussi une preuve de son peu d’efforts : elle ne parvient pas à savoir comment désigner les délinquants, de manière plus correcte. « Elle a rencontré pleins de chefs, pendant beaucoup de jours. » Ca avait presque été des vacances pour l’esclave, qui avait pu « visiter » Polis. « La foule d’Azgeda rentre. » A défaut de savoir comment dire « délégation », « la foule », ça devrait passer ? « J’étais cherchant de l’eau, quand l’animal m’a attaqué. J’ai couru pour fuir. Peut-être trop loin. » Elle secoue les épaules, n’étant pas étonnée qu’on ne l’ait pas cherché. La délégation était pressée de rentrer. Et puis, on ne disait pas « Une esclave de perdue, 10 de retrouvée » ? Surtout à Azgeda, qui aimait tant en avoir, et plus encore avec l'arrivée des 100 : autant de futurs esclaves potentiels… Peut-être avait-on commencé à la pister, avant de réaliser qu’une bête la traquait ? Dès lors, on avait dû parier sur l’animal, et non sur l’esclave…. Et trouver une vraie perte de temps, que d'envoyer des hommes à sa recherche, avec le risque que ça soit mal compris par les habitants de Trikru.

Et un autre HJ !:

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Elle ne se sent pas réellement à l’aise, la violoniste désoeuvrée, d’être en pleine forêt, à parler de sa maîtresse. Ca n’est en rien par un quelconque sentiment de loyauté éprouvé pour Nia, qu’elle ressent une telle chose : Nia ne lui a jamais inspiré le moindre sentiment de loyauté, bien au contraire ! Oona rêverait de la faire tomber, même si cela semble être tristement hors de sa portée, à tel point qu’elle a perdue tout espoir d’y parvenir un jour. Ce qui lui fait avoir la chaire de poule, c’est la sensation que Nia a des oreilles partout. Crainte on ne peut plus normal, lorsque, comme elle, on a passé de longs mois au service de cette cruelle Reine, à la voir manipuler tout le monde et toujours parvenir à ses fins, surtout les plus perverses. « Heda protège eux.  » Si la phrase de la Camelotienne est bancale, elle se sent malgré tout fière de s’être souvenue du terme, pour désigner le big boss des Natifs. « Tout est sous surveillance. », s’avance-t-elle, assez incertaine sur cela. Non, disons plutôt qu’elle est sûre que les délinquants sont sous bonne garde, mais elle ignore comment. Elle ne dispose que des informations qu’elle a pu entendre, et Nia sait se montrer plutôt prudente. « Azgeda n’aime pas ! » Ca, c’est le moins que l’on puisse dire, Nia avait fulminé en découvrant qu’ils ne pourraient pas piocher parmi les jeunes Archéens, afin d’en faire de nouveaux esclaves, dont son peuple était si friand. Elle espère qu'ils échapperont à un tel sort, que ce soit pour servir des gens d'Azgeda, ou d'autres clans : à ses yeux, ce sont tous les mêmes monstres sans coeur... « D’autres aussi, mais je ne sais pas leur clan. » Elle n’y avait pas fait attention, toutes ces histoires de politique ne l’intéressant guère.

L’ombre d’un sourire se dessine sur ses lèvres, à la prochaine question de son interlocutrice. « Je suis aussi une… Skaikru…. » Elle n’aime pas ce mot, mais c’est ainsi qu’on désigne les Archéens qui se retrouvent sur Terre, alors autant s’y faire. « Mais je suis arrivée… Il y a longtemps. » Elle croit parfois que ça fait plusieurs décennies, c’est pour dire ! Repensant à comment elle a fini par croiser la route de Nia, elle ne peut s'empêcher de se frotter ses brûlures, en croissant de lune, qu'on lui a faite sur le front, au-dessus des yeux. Et c'est sans doute en faisant cela, qu'elle ose poser elle aussi une question qui lui brûle les lèvres. « Ca a quel sens, ton... dessin de peau ? », demande-t-elle, designant son propre visage, afin d'indiquer qu'elle parle du tatouage de la Native. C'est qu'elle a appris, à force d'être ici, que les tatouages ont souvent un sens. Toutefois, sa curiosité se trouve adoucie, dans sa voix, on entend comme une nuance d'excuse, pour avoir osé poser une telle question. Elle connait les Grounders, elle sait de quoi ils sont capables, quand ils estiment qu'on a dépassé les limites. Là, pour l'instant, agir comme ça, ça lui permet de ne pas trop penser à sa maîtresse et à la possibilité qu'on soit en train de la traquer, en cet instant-même. Elle ne sait pas ce qui serait pire : se retrouver seule, ou retourner à Azgeda. Elle sursaute, d'ailleurs, en entendant un bruit, non loin d'eux : alors, fruit de son imagination ? Ou un animal qui rôde ? Ou encore un traqueur d'Azgeda ?

Spoiler:

feat Emori & Oona

De soulagement, l’esclave hoche la tête, rassurée d’apprendre que son interlocutrice maîtrise sa langue natale. Ca lui demandera ainsi moins d’efforts, pour parler avec elle. Un élan de gratitude l’envahi, quand elle se fait la réflexion que la proposition est des plus gentilles : d’autres Natifs auraient clairement pu ne pas indiquer une telle voie de secours, afin de faciliter l’échange entre eux. Alors, aussi étonnant que cela puisse paraître, l’esclave apprécie encore un peu plus sa sauveuse, et pas uniquement pour son intervention salvatrice. Non pas au point de lui accorder pleinement sa confiance, il faudrait des mois et des mois avant que cela ne se produise, mais elle se sent un peu plus à l’aise en sa présence. « J’aime bien ! », répond-t-elle, dans sa langue natale, au propos du tatouage de la brune. Cela concernait aussi bien le fait que, selon elle, cette marque allait bien à la jeune femme, qu’une simple reconnaissance saluant qu’elle se soit donné ce droit alors même que c’est un honneur réservé à une petite élite parmi son peuple. Même si cela lui  rappelle Ash, et qu’elle préférait ne pas penser au tatoué, ne plus y penser, plus jamais. « On est deux à ne pas suivre les convenances de notre peuple, visiblement… », dit-elle, affichant un air presque complice, tournant la tête et en relevant ses cheveux se trouvant vers son oreille droite, avant de baisser doucement cette oreille, afin de montrer le tatouage qui s’y dissimule : une clé de sol. Elle n’était pas sûre que la Native sache ce que c’était, ignorant si les notes écrites avaient traversés les siècles ici, elle voulait surtout lui montrer que, dans le fond, elles n’étaient pas aussi différentes qu’elles pourraient le penser de prime abord.

La violoniste fut surprise que l’instant presque calme, se retrouve soudainement interrompue, par la présence d’un homme dans les parages. Sursautant, la brune se fait la réflexion que décidemment, elle est bien mal barrée, toute seule, par ici… Car si sa sauveuse n’avait pas eu un tel instinct, toujours sur ses gardes, Oona ne serait clairement plus de ce monde, ou en fort mauvaise posture… On pourrait croire qu’elle serait choquée, de la scène qui se passe sous ses yeux, de la violence de l’instant. Mais il n’en est rien. Elle ne s’en délecte clairement pas. Elle ne pourra jamais apprécier la violence. Il se trouve juste que, depuis 3 ans qu’elle est sur Terre, elle a été confrontée à des scènes similaires, et même : à pire, à très largement pire ! Il n’empêche qu’elle fait la grimace, quand la Native égorge l’importun. Elle a conscience que ça aurait été elles contre lui, mais elle ne peut s’empêcher de réagir ainsi. Ecarquillant les yeux, revenant à elle sous les paroles de la tatouée, elle hoche la tête, reconnaissante de ce qu’elle propose : la laisser la suivre, jusqu’à ce que les lieux soient à peu près sécurisés. Ca, mine de rien, c’est énorme déjà pour Oona, qui ne s’attendait pas à une telle chose… « D’accord… Merci ! », se contente-t-elle de répondre, avant de se mettre en marche, se laissant guider par la fille de la Terre.

De son mieux, l’esclave évadée contre son gré, suit la jeune femme. « Dis… », finit-elle par demander, brisant le silence dans lequel elles évoluaient depuis quelques instants, « Je ne demande pas ça pour que tu m’accompagnes hein, mais… pourrais-tu m’indiquer un endroit où je pourrais être à peu près en sécurité, pour quelques jours ? » Donc, un endroit où la brune pourrait se reposer sans être en permanence sur le qui-vive. Car elle a conscience qu’elle ne sait rien, de la Terre, que sa capacité à survivre seule est donc des plus aléatoire ici ! Elle sait aussi que retourner vers Azgeda serait signer sa mort : on ne croira jamais qu’elle n’a été éloignée du groupe, que par une rencontre fortuite, avec un animal dangereux. Et errer seule, en tant qu’esclave clairement marquée en tant que tel, c’est compliqué… Et elle ne sait pas du tout où elle pourrait aller, ni dans les prochaines heures, ni dans les prochains jours (si tant est qu’elle survive à la nuit qui l’attend.)  « Au fait… Je m’appelle Oona… », ajoute-t-elle aussitôt, venant de penser à l’instant qu’elle ne connaissait même pas le prénom de sa sauveuse. Elle s’est donc arrêtée d’un seul coup, pour tendre sa main à la jeune femme, retrouvant par là un semblant d’humanité qu’elle pensait avoir perdue, depuis qu’elle est au service de Nia.