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dream glow (harley)

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Varian Standall
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MessageSujet: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyLun 25 Nov - 11:37

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23 AOÛT 2482.
La tête de Varian cogna un objet non identifié et ce dernier laissa échapper un grognement de mécontentement. Il avait oublié à quel point dormir dans la remise était inconfortable. Mais depuis quelques semaines, il s'y trouvait de nouveau, sans avoir eu son mot à dire. Après l'incendie qui avait ravagé une petite partie du village de Missi, dont plusieurs bâtisses, ils n'étaient plus seulement quatre à occuper les lieux. Ada avait accueillis à bras ouverts ses grands amis, et surtout,la grande amie de sa fille : la famille de Nei. Ce jour-là, Varian avait bien cru rêver. En les voyant tous débarquer chez-lui, dans sa maison. Il avait du rendre la chambre qu'il occupait depuis peu de temps, afin de la laisser aux parents de Nei. Cette dernière avait élu domicile dans la chambre de sa grande amie. Ari dormait avec sa mère, laissant sa place aux autres membres de la famille. Et Varian ? Il s'était donc retrouvé dans sa remise minuscule, celle qui l'avait accueillis pendant des années.

Ce matin là, il se leva très tôt, comme à son habitude. Ada était déjà debout, et, comme à son habitude, l’appela pour qu'il vienne l'aider dans son atelier. Ce jour-là était différent. Ada était plus souriante, plus heureuse, mais aussi, plus angoissé. Demain, sa fille aînée quittait son foyer pour vivre avec son nouveau conjoint. Varian réprima un frisson de dégoût à cette unique pensée. Il était heureux que Aya parte. Soulagé, il se sentait enfin libre. Mais d'un autre côté... Il en pouvait s'empêcher d'être absolument effrayé pour elle. Son futur époux n'était pas un homme tendre, beaucoup plus âgé qu'elle... Un ancien ami à son père qui voulait honorer une promesse faite à ce dernier avant que celui-ci ne disparaisse sans un mot. « Il aurait été très fier de sa fille... », souffla Ada. Il, Ael, ou Il, son père ? En quelques mois, cette femme avait perdu son premier fils et son époux.

L'homme avait disparu après une partie de pêche entre amis. Du petit groupe, aucun n'était revenu. Ils avaient accusé la brume, avant de finalement se raviser : aucun corps n'avait été retrouvé. Il s'était envolé. Disparu. Ada était persuadé que son époux était toujours en vie. Persuadé. Et Varian n'avait pas essayé de la dissuader : ce n'était pas son rôle. Cependant, il priait très fort pour qu'il ne soit jamais retrouvé. Ils partait les uns après les autres. Et bientôt Varian, tu le savais, tu allais retrouver une place de choix dans ce foyer. Des années et des années de souffrance pour pouvoir peut-être, enfin, retrouver ta place de fils. Ada n'aurait plus le choix. Une fois Aya partie... Il ne lui restait que Ari. Et il pouvait lui arriver tellement de chose, ce gamin n'était pas fait pour survivre. Lui, si, il l'avait prouvé à de multiples reprises. Ce qui embêtait Varian, c'était ce que l'époux disparu avait laissé derrière lui en partant. Un nouveau rejeton à naître. Il n'avait pas besoin de ça. « Quand les filles se réveilleront, tâche d'aller nettoyer leur chambre et de poser les affaires de Aya sur son lit. Je veux qu'elle fasse les derniers essayages aujourd'hui. » Les mariages sur l'Arche et les mariages sur Terre n'avaient rien à voir. « C'est son père qui a choisi. » Elle lui adressa un sourire immense auquel il se força à répondre. Faire semblait. Encore quelques temps. « Oh, et trouve Harley ou Luna, et explique leur correctement comment tout se déroulera demain, d'accord ? Si l'un d'entre eux gâche la cérémonie, je lui coupe moi même la tête. » Elle disait ça en souriant, mais il savait qu'elle en était tout à fait capable. Il acquiesça et quitta Ada.

« Salut le moche ! » Aya était réveillée. Super. Il se courba légèrement et fonça dans sa chambre poser ses affaires sur son lit. Il n'avait aucune idée de l'endroit où se trouvaient Harley ou Luna, en revanche, mais n'osa pas poser la question à Nei qui venait elle aussi de pointer le bout de son nez. Il se dirigea dans la cuisine avant d'être attrapé par la manche, insulté ou il ne savait quoi d'autre et fit mine de s'atteler à la préparation d'un repas quelconque. « Luna... » La jeune femme était là. « Tu sais où es Harley ? Je dois vous... mettre a courant de tout pour demain. »


─══─


SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
Kimi semblait aller mieux. Enfin, mieux était tout relatif si l'on tenait compte de l'état de santé de sa sœur au quotidien. Elle était toujours malade, évidement, mais son sourire savait vous le faire oublier en moins de deux secondes. Non, aujourd'hui semblait aller mieux car elle désirait de nouveau voir son meilleur ami. Celui qui l'avait insulté, rabaissé et fait pleurer la dernière fois qu'ils s'étaient vu. Kimi avait tout encaissé, avait souffert dans son coin avant de finalement passer l'éponge. Tu n'avais aucune idée de comment elle faisait pour ça. Passer l'éponge d'une manière aussi simple. De se dire que Harley n'était pas méchant au final. Qu'il avait pleins de bons côtés que les gens refusaient juste de voir... Pour toi, c'était du n'importe quoi. 

Mais pour l'heure, il se retrouvait à la bibliothèque, lieu que Varian Standall ne fréquentait presque jamais. Il n'était pas féru de lecture après tout, et ne le serait jamais. Il avait déjà bien du mal à lire une page d'un roman sans se déconcentrer... Mais il le faisait pour sa sœur. Confinée dans sa chambre une fois de plus, elle lui avait passé « commande » et il se retrouvait à galérer pour trouver les livres dont elle lui avait parlé. Quand enfin il mit la main sur l'épais volume qu'elle lui avait quémandé, il ouvrit de grands yeux : comment sa sœur pouvait-elle lire ça ?? C'était si épais. Il soupira et, toujours les yeux rivés sur le livre énorme qu'il tenait entre les mains, se dirigea vers l'accueil de l'endroit.

Bam.

Il rentra de plein fouet dans quelqu'un d'autre et s'empressa de s'excuser, rattrapa de justesse le livre qui manqua de se casser la gueule par terre. « Pardon, je m'excuse... » Et quand il releva les yeux pour voir le visage de la personne qu'il avait bousculé sans le vouloir, son visage se ternis aussitôt. « Ah. » Harley Weise, en chaire et en os, juste devant lui. Il s'en voulu soudain de s'être excusé tient.
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Harley Weise
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyMar 26 Nov - 21:14



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23 AOÛT 2482, Harley.
Harley laissa tomber la hache contre le tas de bois et s'y adossa lui-même, en sueur. Il était encore tôt mais ses bras tremblaient déjà de fatigue, à soulever en boucle l'énorme outil de bois et de fer. Va couper du bois, lui avait-on dit après un réveil des plus désagréables. Et plus que hier, débile. Ça, c'était Nei qui l'avait rajouté, juste comme ça, parce qu'il avait coupé une quantité tout à fait honorable de bois la veille. L'esclave entrouvrit son manteau pour se refroidir et frotta ses mains abîmées l'une contre l'autre. La maison avait brûlé. La niche aussi, et tout ce qui faisait son quotidien depuis plus d'un an. Sentant une boule douloureuse se former dans sa gorge, Harley se remit au travail pour rajouter quelques bûches à son tas déjà beaucoup trop haut. Sans la maison… Enfin, il avait déjà vécu en errance quand il était avec les saltimbanques, mais c'était différent : la maison était toujours avec eux, où qu'ils aillent et où qu'ils dorment. Mais là ? Pouf, envolée, partie en fumée pour une raison qu'il avait du mal à comprendre. Maintenant, on dormait chez Aya et… Et Varian-V. Content, pas content… L'émotion était trop difficile à analyser. Il était triste pour la maison et tout le reste, il n'y aurait plus de soirées bougie avec Luna… Mais il voyait Varian-V. tous les jours, sans qu'il sache si ça le remplissait d'horreur ou de bonheur. Ces derniers temps… Disons que… Nous avions la cachette, hein Varian-V. ? On avait pas trop le temps d'y aller à cause du feu, mais on avait la cachette… C'était le secret... Il aimait ce secret partagé uniquement avec l'autre esclave, un peu comme autrefois, dans l'espace.


─══─


23 AOÛT 2482, Luna.
Mains propres, cheveux noués, habits impeccables… Luna pouvait s'attaquer à la préparation du repas du midi. La jeune femme se frotta les mains pour se donner du courage et entreprit soigneusement d'écailler un poisson visqueux… et un peu sale. C'était Harley qui avait dû l'attraper… Il oubliait toujours de les rincer. Se promettant de le lui rappeler pour, sans doute, la cent-quarantième fois, elle le lava elle-même dans le seau en bois et se lança dans sa préparation. La voix de Varian la fit sursauter et elle réprima un couinement de surprise. « Ah ! Ah, tu m'as fait peur. » Le cœur battant, elle se racla la gorge. « Harley ? Il est parti couper du bois je pense... » Ou pêcher. Ou chasser. Ou vagabonder dehors d'une façon ou d'une autre. Harley ne traînait jamais dedans, il n'avait pas trop le droit sauf pour le ménage. Et encore, c'était souvent elle qui s'en chargeait. « Euh... » Elle regarda son poisson et hésita. « Tu sais quoi ? Tu n'as qu'à aller le chercher et tu nous expliques tout ça après, que je termine ce poisson avant que... » Malgré elle, Luna glissa un regard inquiet vers la porte de la cuisine. Elle n'était absolument pas à l'aise avec cette maison qu'elle ne connaissait pas, peuplée de gens qu'elle ne savait pas encore comment cerner. Quant à ses maîtres, ils ne figuraient pas parmi les plus doux de Missi. Dans le doute, elle préférait ne pas être vue en train de papoter avec Varian, même si elle l'appréciait. Sans un mot, elle se détourna d'un garçon et s'attaqua à sa bestiole pour plier rapidement le déjeuner des maîtres. Nei nous filerait sans doute le tas d'écailles... songea-t-elle avec aigreur.



─══─



SUR L'ARCHE, Harley, quinze ans.
« Tu sais que tu peux en emprunter davantage si tu veux, hein Harley ? Je les mettrai au nom de ton père. » Harley leva les yeux sur le bibliothécaire, surpris. Il s'attendait plutôt à des remontrances pour ne pas avoir ramener un livre qu'il avait envie de relire… Et voilà qu'on lui faisait une fleur. Et ce n'était pas tous les quatre matins que ça arrivait, ce genre de choses. « Ah, euh... » Il se sentit bêtement rougir et repoussa les livres vers le bibliothécaire. « Euh merci, c'est gentil... » Des mots bizarres venant de lui. L'autre secoua la main d'un air amusé. « Profite, tant que tu les rends en bon état comme d'habitude, ces livres sont tes livres. » De toute façon, peu de gens mettaient les pieds à la bibliothèque. Harley esquissa un grand sourire et s'enfonça dans les rayonnages, le cœur battant. Il avait bien sûr des livres à prendre pour lui – et il avait déjà des idées – mais il savait aussi ce qu'il voulait ramener à Kimi. Dans le tas, il prenait toujours un ou deux bouquins pour sa voisine… Même s'il n'avait pas reparlé à la voisine en question depuis… Ce pétage de plomb complet. Son excitation du moment retomba comme un soufflé : à quoi bon lui ramener des livres ? Elle ne lui ouvrirait jamais. Pas après tout ça, pas après ce qu'il avait dit, fait, pensé… Enfin non, il n'avait jamais songé un traître mot de ce qu'il avait bien pu lui balancer, mais… J'étais vraiment qu'un sale con, un bel abruti tiens... Il serra les deux livres qu'il avait déjà sélectionnés contre son torse et contourna une étagère, le regard sombre…

… Pour percuter sauvagement quelqu'un qui arrivait dans l'autre sens. « Aïe PUTAIN ! » Juste histoire de relâcher la pression qui montait, il gueulait comme un malpropre. Oh non... Il gueulait sur la seule personne après Kimi qu'il ne voulait pas voir sur cette putain d'Arche. L'adolescent se sentit blanchir en instantané. « Euh… Désolé... » Mais pourquoi est-ce qu'il s'excusait, hein ? Standall n'était qu'un connard, un… Tu étais quoi toi, d'ailleurs, hein ? Pourquoi tu avais toujours le rôle du gentil dans toutes nos histoires ? Pourquoi chaque fois, tu parvenais à retourner la situation et à me faire passer pour le grand méchant, l'affreux et vilain voisin complètement con et dingue ? Et pourquoi est-ce qu'il fallait toujours que Harley finisse par regarder ses pieds sans savoir quoi dire ces derniers temps ? Parce que c'était exactement ce qu'il était en train de faire : fixer le bout élimé de ses chaussures en serrant ses deux malheureux bouquins contre son cœur douloureux. Il fit un pas en arrière, puis un deuxième. « Euh… Si j'amène des livres à Kimi, je... » Il avait la gorge beaucoup trop sèche. Et pourquoi je n'en avais rien à foutre de Kimi dans l'immédiat, Standall ? Pourquoi, là maintenant tout de suite, je ne me préoccupais que de ce que tu pouvais penser, et pas de ma meilleure amie ?
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptySam 30 Nov - 18:42



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23 AOÛT 2482.
Varian plaignait réellement Luna. Elle avait atterrit dans un foyer qui lui était inconnu, avec de nouvelles demandes de la part de Ada, de nouvelles attentes. Il comprenait ses craintes. Depuis que sa famille avait aménagée ici, le climat était compliqué. Compliqué parce que leur maison avait brûlé. Compliqué parce que le compagnon de Ada était porté disparu, et qu'elle se remettait à peine de la perte de son fils aîné. Compliqué parce que deux diablesses vivaient sous ce toit désormais, et que les trois esclaves étaient les seuls à en faire les frais. Aya et Nei savaient faire semblants, au grand malheur de Varian, Luna et Harley. « Je vais faire ça... » répondit-il. Elle n'avait aucune idée de l'endroit où se trouvait son compagnon d'infortune, il l'avait bien compris. Demander à quelqu'un d'autres dans la maison revenait à se prendre un coup ou une insulte dans la tronche. « Varian ! » Une voix de amin trop stridente lui parvint au oreille alors qu'il se dirigeaient vers l'abri à bois. Ari le suivait, comme un toutou en manque d'affection. Il lui offrit un sourire béa, idiot sur les bords, mais tout à fait digne de lui. Il n'avait jamais su si ce gamin le détestait, où s'il le prenait pour une sorte d'ami. Depuis que Ael était mort, c'était pire que tout, il le collait partout. « Que fais-tu ? » « Je vais chercher Harley. » « Pour quoi faire ? » « Pour bien préparer la maison pour demain. » Ari n'eut pas vraiment l'air satisfait et continua de le suivre, la mine renfrogné. Varian se remémora qu'il devait lui couper les cheveux bientôt. Ada lui avait demandé il y a quelques jours. Elle en voulait plus que son fils ait les cheveux aussi longs, pendouillant devant ses petits yeux. Il n'était déjà pas malin, alors s'il devenait myope... Varian rigola. Intérieurement, il ne rigolait jamais à gore déployé de ses propres blagues après tout.

« Ah, tu es là ! » Il aurait pu faire un effort pour le saluer, mais avec le petit garçon qui le suivait de près... Il voulait éviter de se montrer trop amical. Ari avait un don pour tout dire à sa mère, et pour se faire des idées sur tout et n'importe quoi. « Je te cherchais euh... Ada souhaite que je t'explique comment va se dérouler la journée de demain. » Quand avait-il commencé à couper son bois ? N'en avait-il pas fait assez hier ? « Pour le mariage ! » brailla Ari juste derrière lui. Allait-il vaquer à ses occupations de nouveau ? Visiblement pas. « Le mariage, le mariage, le mariage... » continua t-il en chantonnant. Varian eut envie de se frapper la tête contre une des bûches présente sous ses yeux. Dire qu'il n'en pouvait plus était un euphémisme. Il n'y avait pas un jour où il rêvait de voir ce gamin disparaître comme son père. Et penser comme ça l'effrayait aussi, un peu. Mais sa patience était arrivée à bout.


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SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
Harley s'excusa à son tour, et Varian se sentit soudain très bête. Bon, et maintenant ? Il s'apprêtait plus d'attention mais Harley ouvrit de nouveau la bouche et Varian fronça les sourcils. « Elle a déjà ce qui lui faut. Je suis venu justement pour emprunter ce qu'elle m'a demandé. » répondit-il d'un ton qui se voulait sec. Ce n'était pas parce que Kimi avait décidé de passer l'éponge que lui oui. Il en voulait toujours profondément à son voisin pour ce qu'il avait fait endurer à sa jeune sœur. Et maintenant, il voulait se repointer comme une fleur devant elle ? Avec des livres ? Il avait parfaitement compris comment l'amadouer, mais cela ne prendrait pas avec lui. Oh non, certainement pas.

Une petite voix, lointaine, très lointaine, lui souffla de faire un effort. Mais faire un effort avec Harley Weise en face de lui était presque impossible. Après leur stage catastrophique dans la station médicale, la relation entre les deux garçons étaient pire que tout. Il aurait bien aimé que cela en soit autrement, mais quelque chose le dérangeait vraiment avec Weise. Même en mettant de côté leurs différents liés à Kimi. Il n'aimait pas le voir en face de lui. Il n'aimait pas qu'il lui parle. Il avait horreur de la manière qu'il avait de le regarder. Et il y avait autre chose. Un petit quelque chose sur lequel Varian n'arrivait pas à mettre le doigt. « Si tu veux... » Il essaya de se reprendre, avec une voix plus aimable. « … je peux lui porter pour toi. » Voilà. Ça, c'était l'effort du siècle. Il n'avait même pas soupiré ou levé les yeux au ciel, il était fier de lui. Et désolé Harley, j'aimerai pouvoir faire plus, mais c'est au-dessus de mes forces.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyLun 30 Déc - 22:37



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23 AOÛT 2482, Harley.
Harley ôta ses gants pour agiter ses doigts engourdis et tenter d'y ramener un peu de sang chaud. Les engelures étaient les ennemies des habitants d'Azgeda, surtout lorsqu'ils passaient de longues heures dehors et qu'ils ne bénéficiaient jamais d'un bon feu pour se réchauffer. Avec le temps, l'esclave avait fini par trouver la parade : il glissait ses mains dans son pantalon ou directement dans sa veste, sous ses aisselles. Les points les plus chauds du corps, lui avait dit le forgeron du village un jour. Un parole gentille, que Harley n'avait jamais oublié. Il n'y avait presque jamais de parole gentille. En renfilant ses gants, ses yeux accrochèrent une vieille cicatrice, une parmi des centaines sur son corps, mais une qu'il devait à Varian et au navire flottant dans les étoiles. Il s'était battu pour Varian et pour lui et y avait récolté une sale blessure au couteau, sur le pouce gauche. Victor avait fait une sale tête quand il était entré dans l'infirmerie après l'heure de fermeture, le t-shirt écarlate et le bras en sang. Tout ça pour une bête mais méchante coupure sur le doigt. À ce souvenir stupide, Harley esquissa une semi-grimace qui aurait presque pu s'apparenter à un sourire. Il n'avait plus pensé à Victor depuis… L'esclave enfila ses gants et reprit sa hache. Il n'avait pas le droit de penser à Victor, ni à quoi que soit d'autre. Son cœur manqua un battement et il abattit l'outil sur une nouvelle bûche. Maman, j'avais tellement de pensées dans la tête, tellement de souvenirs, tellement de... Le mot refusa de s'inscrire dans sa petite cervelle de piaf, le coupant dans sa réflexion pour le laisser partir en quête de tout ce vocabulaire qui ne lui venait plus. Il était bête, et c'était tant mieux. Morose, il ajouta quelques bûches à son tas déjà titanesque.

À l'instant pour il jetait négligemment la hache contre le tas de bois, une exclamation s'éleva dans son dos. Par réflexe, l'esclave se retourna brusquement, un air coupable sur le visage. Il avait jeté la hache. Il l'avait jetée, et il ne travaillait plus quand… Son cerveau eut du mal à enregistrer Varian-V. en face de lui. La phrase aurait si parfaitement convenue à Nei et à une potentielle séance de jeu que… Nei aimait bien arriver en disant ce genre de mots, et après elle voulait jouer. Ou parler. Ou les deux. Et ça finissait toujours par faire mal, sur la peau ou dans le cœur. Instinctivement angoissé, Harley esquissa un léger pas de côté pour masquer la hache et se mit à triturer une mèche de cheveux gras avec panique. Il avait du mal à calculer Varian-V., à le replacer dans le bon contexte après cette entrée en matière. Après quelques instants, il avisa aussi l'un des jeunes maîtres de la maison et son stress redoubla. J'avais fait une bêtise ? Il avait beau ressasser ses agissements précédents, il ne voyait pas… Sauf la hache, mais… Ses yeux passèrent à toute vitesse de l'un à l'autre, jusqu'à briller de larmes refoulées. La suite, il l'entendit à peine. « C… C'pas m-moi. » De quoi qu'on l'accuse, il savait que c'était pas lui. Je pouvais pas penser bien quand j'avais le cœur qui battait de peur comme là, que j'arrivais même plus à faire passer deux mots dans ma gorge et que... Harley plaqua les mains sur ses oreilles et s'appuya sur son tas de bûches, semblant se recroqueviller à vue d'oeil. Le petit maître parlait trop, trop aigu, trop fort, trop vite, trop de fois... Il l'aurait bien poussé dans la neige pleine de boue qui bordait le chemin, il l'aurait bien…

Le petit maître tomba à la renverse dans la neige, laissant un Harley regarder ses propres mains avec stupeur. Il avait poussé le maître. Le stupide petit maître de Varian-V. Il l'avait poussé. Pouf, tombé. L'image était marrante dans sa tête, si bien qu'il hésita entre rire et pleurer. Littéralement. Est-ce que ma bouche débile laissa fuir un petit rire ? Peut-être. Ses mains se portaient déjà à ses oreilles. Harley se balança sur place un bref instant, les yeux fermés, les doigts crispés dans ses cheveux. Varian-V., j'avais fait tomber le petit maître… Ton petit maître à toi... Il décampa. C'était plus facile. Harley prit la hache et décampa dans les sous-bois, plantant sur place le stupide et bruyant Ari. Il prit la hache pour que personne ne voit qu'il l'avait jeté dans la neige.


─══─


SUR L'ARCHE, Harley, quinze ans.
Il se détestait d'être à ce point incapable d'articuler un simple mot devant ce connard de Standall. Ce n'était pourtant pas difficile de l'insulter, d'être insupportablement agaçant, de l'envoyer paître… Mais non, Harley Weise balbutiait comme un gosse timide devant son voisin. Et le pire dans tout ça, c'était qu'il attendait chacune de ses réponses avec angoisse. Et surtout avec cet espoir stupide que tu ne m'enverrais pas balader. Or, est-ce que ça changerait quelque chose si tu ne m'envoyais pas chier, Standall ? Primo non, tu en étais absolument incapable. Parce que je t'avais balancé une console à la gueule, tu avais décidé de me haïr. Secondo, tu faisais parti de ces gens qui ne changeraient jamais, trop persuadés d'être déjà parfaits. Les raccourcis étaient faciles, mais il n'était pas si loin de la vérité. Bien sûr, Harley non plus n'allait pas changé, pour la raison inverse. Il se sentait si nul, si imparfait, qu'il se prélassait dans auto-apitoiement et savourait ses échecs avec la bêtise de l'homme le plus malheureux de la Terre. Ce qu'il aurait pensé être s'il y avait encore eu une Terre avec des hommes. « Ah... » Piètre réponse pour un type qui rêvait de détruire Standall. De l'annihiler, pour mieux... Ses joues rosirent devant les images qui s'imprimèrent dans sa tête. Il avait déjà expérimenté ce que son père avait longtemps appelé des « câlins de grands », mais il n'avait jamais eu de fantasmes particuliers. Les seuls qui lui traversaient l'esprit depuis quelques mois possédaient un acteur bien précis, et le seul qui n'aurait pas dû y figurer pour de très nombreuses raisons. « ... Cool. » Certainement pas cool. Il apporterait des livres à Kimi, que Standall le veuille ou non. Kimi était toute sa vie, littéralement.

« Écoute, j'ai un truc à te proposer. » J'y réfléchissais beaucoup ces derniers temps. C'était surtout par utilité, et un peu parce que c'était plus fort que moi. Vraiment, j'avais potassé mon sujet, tournant la chose à l'obsession pour trouver comment te prendre au piège, te forcer à reconnaître que tu devais le faire. Il avait parfois l'impression de devenir un peu dingue. Du moins, un peu plus encore qu'il ne l'était déjà. « J'ai lancé un marché, j'y gagne pas mal, c'est efficace, il y a de quoi faire dans une station comme la nôtre et on a la bonne tranche d'âge. » Il n'en revenait pas de parler de ça entre deux rayons de bibliothèque. Alors avant que Standall ne l'envoie chier ou ne se foute de lui, il lui déballa tout : ses recettes, ses ventes, son terrain d'action, ses produits, la clientèle visée… On pouvait dire beaucoup de Harley, mais il avait le sens du détail et son business tout neuf tenait la route. « Je sais que tu as besoin de thunes pour des médocs, entretenir Kimi, ce genre de choses. Ça fait des entrées faciles, et personne n'irait jamais pensé que tu pourrais t'adonner à ce genre de chose. C'est hyper safe pour toi. » Et moi, j'ai besoin de toi. Cette idée le faisait vomir. Harley se força à soutenir le regard de Standall et glissa négligemment les mains dans ses poches en s'appuyant contre l'étagère de livres. Il avait beau ne faire qu'un mètre soixante et devoir lever la tête pour guetter les réactions de son voisin, il ressemblait presque à un mini-entrepreneur. Un mini-entrepreneur qui sentait ses genoux trembler à l'idée d'essuyer un refus. Sortir les médocs de Kimi n'était pas une bonne idée. C'était même de la folie pure, un parfait coup de bluff qui prendrait… ou l'achèverait. Si tu refusais… Si tu refusais, Standall, je... En dehors de son obsession pour Varian Standall, son voisin représentait vraiment le candidat parfait. Non, ça, c'était ce dont tu voulais te convaincre, Harley.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptySam 4 Jan - 12:47



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Les yeux ronds, Varian regarda Ari, les fesses dans la neige, tout aussi sonné que lui. La bouche du gamin tremblota d'abord légèrement, ses yeux se plissèrent, puis sa bouche s’entrouvrit un peu. Et un son désagréable s'en échappa. Ari venait de se mettre à pleurer à chaud de larme sous le regarda désemparée de Varian. Il pivota vers Harley, ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit : son camarade de galère avait déjà tourné les talons, fuyant dans les sous-bois. Foutu, tu étais foutu si tu laissais Ari ici, si Ada venait à le retrouver en pleur derrière sa maison... Tu étais foutu. Il s'agenouilla devant son jeune maître, qui n'en finissait plus de verser des larmes chaudes, et de renifler très fort. « Dou... doucement Ari... » Il lui tapota la tête, dans l'espoir de la calmer, mais ce dernier laissa échapper un son encore plus aigus qui se rapprochait beaucoup d'un couinement de bébé. « Non, écoute, Ari... Il... Il ne voulait pas de faire peur ! » Ari leva ses petits yeux vers lui et essuya son visage de sa manche trempée. Un peu de morve coulait de son nez et Varian, qui en aurait été dégoûté il y a de cela plusieurs années, prit sur lui et l’essuya d'un geste de la main. « Ari, ça va ? Je vais devoir aller chercher Harley parce que.... ta maman m'a demandé de... » Et puis merde, pourquoi devait-il se justifier auprès de lui ?  « Il-il-il-il... m'a pou-poussé... » Varian passa ses mains sous ses aisselles et le releva sans trop de mal. Ce gamin était une véritable brindille. « Mais tu vas bien, non ? » « Non. » Merde. Évidement qu'il n'allait pas bien. C'était Ari. Il n'allait jamais bien et tu devais le savoir. « Écoute, c'est très important, je dois le retrouver... » Ari recommença à pleurer et Varian du prendre sur lui pour ne pas plaquer une main sur sa bouche. « C-chut Ari, on va nous entendre... » Et bon sang, il ne voulait pas que Ada débarque, ou pire, Aya et sa terrible meilleure amie.

Il soupira et écarta les bras. Ari s'y fondit immédiatement et Varia serra les dents. Bientôt, bientôt tout cela allait se terminer. Il le savait, il le sentait. Ari grimpa dans ses bras et Varian se redressa. Avec le gamin dans les pattes, chercher Harley allait se révéler plus ardu que prévu. Alors, prenant le peu de courage qu'il avait à deux mains – car il n'avait pas le droit de faire sortir Ari aussi loin de la maison – il s'enfonça à son tour dans les sous-bois. Contre son oreille, le gosse reniflait toujours, mais semblait s'être calmé. Il sentait sa tête énorme reposer dans le creux de son épaules, ses petits bras enserrant son cou. Ce gosse allait le ruiner. Le fatiguer. Il allait finir par le tuer.

« Harley ? » Il appelait son camarade un peu au hasard, tâchant de ne pas trop s'éloigner de la maison. « Harley, tu peux revenir, il est calmé. Il ne dira rien ! » Et comme pour faire écho à ses paroles, il sentit contre lui Ari hocher doucement de la tête. « Harley, où es-tu ? » Il continua de faire les cents pas. Bon sang. « Harley, j'ai besoin de toi tout de suite, je veux... je veux pas... » Sa voix se brisa sur la fin. Impossible de continuer. Il ne voulait pas être être puni, encore une fois. Où voir Harley se faire punir pour eux deux. Il n'en pouvait plus plus de tout ça.  


─══─


SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
Harley n'avait pas l'air si enchanté de ce qu'il lui proposait, mais Varian n'irait pas plus loin. Pas avec lui. Il l'avait poussé à bout. En fait, ils s'étaient poussés à bout tous les deux. Il voulait juste le voir s’éclipser de sa vie, comme ça, en un claquement de doigt. Tout serait tellement plus simple. Mais cela faisait des semaines qu'il s'était rendu à l'évidence : Harley ferait toujours partis de sa vie, qu'il le veuille ou non. Ils étaient liés par quelque chose qui le dépassait, qui le mettait hors de lui. Il avait bien envisagé de multiples possibilités, mais dans presque tous les tableaux, Harley était toujours là. La seule solution pour ne plus le voir, était de changer de station, pour de bon. Et avant d'y arriver, la route était longue.

Il s'apprêtait à tourner les talons quand la voix de Harley lui parvint de nouveau. Un truc à lui proposer ? Varian leva un sourcil, soudain intrigué. Avait-il pris enfin la bonne décision de foutre la paix à sa sœur définitivement ? Mais non. La suite le l'intrigua encore plus. Harley avait lancé son affaire ? Pas besoin d'être un génie – ce qu'il était, il en était persuadé – pour savoir de quoi il s'agissait. Pourquoi cela ne l'étonnait-il même pas ? Il souffla, un peu agacé par ce début de proposition. Franchement, pourquoi il lui balançait ça ? Était-il au courant que dans la minute, si l'envie le lui prenait, il pouvait aller le balancer aux autorités ? Sa parole contre la sienne, les calculs étaient vite fait.

La suite le fit buguer. Lui et Harley ? Dans quoi allait-il se fourrer encore ? Pourquoi lui ? Parce que tout le monde savait qu'il était irréprochable ? Parce que personne ne le soupçonnerait ? Totalement. Il le savait, Harley avait raison sur ce point là. Mais l'idée de faire équipe avec un garçon qui lui hérissait le poil ne l'enchantait pas. « T'es au courant que je pourrais te balancer rien que pour ce que tu viens de me proposer ? » Mais ma sœur me haïrait.  Parce qu'elle t'aime. Beaucoup trop. Il secoua la tête, agacé. « Remercie Kimi, je ne le ferais pas. » Et il tourna les talons. Oui, il avait besoin de thunes. Genre, beaucoup. Il n'avait aucune idée de si Harley avait véritablement conscience des besoins de Kimi. Sans doute pas. Tu ne t'attacherait pas à elle comme ça, sinon. Mais il avait relevé un point sensible. Un gros point sensible. Alors avant de faire demi-tour pour de bon, il s'arrêta. Il ne se retourna pas pour faire face à son voisin, restant de dos. « Ok. Mais à une seule condition. » Il prit une profonde inspiration avant de clore les paupières. Dans quoi allait-il se lancer ? Faire confiance à cet être insupportable qu'était Harley Weise, c'était de la folie. Il se retourna doucement et planta son regard clair dans le sien. « Je gère ma partie comme je le souhaite. J'ai qu'une parole, je ne te balancerais jamais. Mais si ça foire, ne doute pas un seul instant que je le fasse. »
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptySam 29 Fév - 23:41



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23 AOÛT 2482, Harley.
Il n'alla pas très loin dans le bois près de la maison. Trébuchant sur les trop nombreuses racines cachées dans la neige, il parcourut à peine une cinquantaine de mètres avant de s'écrouler contre un arbre. La hache tomba à ses pieds en silence mais il n'entendait que le rugissement de son cœur dans ses oreilles. Harley réprima un haut-le-cœur de terreur et ferma les yeux, rejetant sa tête en arrière. Il n'avait jamais fait de choses comme ça. Pas depuis trop longtemps. Il n'avait plus touché de maître depuis… Maman, il avait bien dû l'attaquer beaucoup au début mais après… Après, tu avais eu si mal que tu refusais d'y repenser. D'ailleurs, tu avais arrêté de réfléchir. Attaquer, toucher, faire quelque chose d'interdit, ça faisait mal, ça perçait le cœur et le corps comme rien d'autre. Il se surprit à claquer des dents : est-ce qu'il allait mourir ? Ça par dessus tout, ça l'avait toujours terrorisé : mourir. Disparaître. Ça faisait mal ? Mais même s'il ne mourrait pas, il allait se prendre une correction qui… Un peu de bile lui remonta dans la gorge et lui brûla la bouche tandis qu'il se pliait en deux au milieu de ses arbres. Varian-V., désolé pour ton maître… Je voulais pas te… Te... Plus de mot dans sa tête. Te laisser tout seul, m-mais… J'avais eu mal partout avant. Sur tous les endroits du corps. J'avais oublié jusqu'à ton nom quand j'avais mal. J-je… Je voulais plus. L'intrépide, le borné et stupidement courageux Harley avait tout abandonné face à la douleur.

La voix de Varian-V. résonna dans le sous-bois, arrachant à l'esclave un hoquètement de peur. Est-ce que Varian-V. le cherchait pour le punir ? Instinctivement, Harley plaçait son ancien voisin au-dessus de lui, son supérieur en toute circonstance. Il ne prenait jamais de décision Harley, il se contentait de suivre ce qu'on lui disait… Les yeux brillant de larmes, il écouta la voix se rapprocher. À tâtons, il chercha la hache et en serra fort le manche dans sa main tremblante.


─══─


SUR L'ARCHE, Harley, quinze ans.
C'était peut-être con, comme idée… Dans la seconde, Standall pouvait très bien se casser pour le dénoncer aux gardes et ce serait alors sa parole contre la sienne. À ce petit jeu, Harley n'avait aucune chance et il le savait très bien. Malgré tout, j'étais assez con pour t'avoir fait cette proposition Standall. Peut-être que c'était un peu comme un test, pour savoir ce que tu valais... Non, la vérité, c'était qu'il voulait son voisin avec lui, dans son camp, pour au moins une chose dans sa vie. Il voulait pouvoir le voir un peu plus tous les jours, partager autre chose que de la haine avec lui. Il voulait pouvoir bosser à deux, passer près de lui, regarder discrètement son joli nez et ses mains qui le faisaient rêver. Il s'en serait giflé s'il l'avait pu. Harley se força à soutenir le regard de Standall. Mais tu savais combien c'était difficile, putain ? De rester là à te fixer en essayant de garder un air normal et sans te dévisager et admirer chaque petit détail qui me… Qui m'attirait bordel ? N'importe quoi, il débloquait complètement… Harley délirait, il le savait, parce qu'autrement… Enfin, il aurait pu refaire l'histoire de sa vie, contempler chaque échec de sa vie amoureuse pour arriver à la bonne conclusion, pourtant… C'était trop, infiniment trop, lui demander. Que Varian refuse… S'il refusait, Harley se retrouverait avec les gardes au cul mais il n'avait encore rien fait… Même avec la dénonciation, il n'y aurait rien à prouver et Harley serait juste dans les emmerdes jusqu'au cou mais ça resterait gérable. Et puis il n'aurait pas à assumer intérieurement cette folie pure qu'il venait de commettre. Si Standall, refusait… Il accepta. Harley dévisagea bêtement l'arrière du crâne de son voisin, bouche bée. … Quoi…? Et en prime il se prenait des menaces dans la gueule. « Mon projet est parfait, ça ne foirera pas. » Il pouvait jouer les durs autant que ça lui chantait, il avait des papillons dans le ventre, Harley.


─══─


23 AOÛT 2482, Harley.
Varian-V. passait à moins de deux mètres de son arbre quand Harley déboula devant lui. Il se jeta à genoux aux pieds de son ancien voisin et plongea son visage dans la neige. « P-par… Don… ! P-pardon V-Varian-V. Je v-voulais p-pas... » Sa voix étouffée par le sol était pleine de sanglots difficilement contenus. Après une brève seconde d'hésitation, il ajouta plus doucement : « P-pardon A-ry... » L'esclave renifla et manqua de s'étouffer avant de lever un œil craintif sur Varian-V. Tu étais en colère, Varian-V. ? Sa main se crispa sur la hache dans un réflexe d'angoisse. On n'avait jamais dit de pas attaquer l'esclave d'Aya... Harley se passa la langue sur les lèvres, indécis. Il savait qu'il débloquait un peu, que c'était une bêtise, que penser ça… Un gros sanglot lui échappa et il attrapa la botte de l'autre esclave. « P-pardon… Pas la hache... » Il lâcha l'outil et renifla à nouveau,levant ses yeux pleins de larmes vers Varian. « J-je fais qu-quoi ? » Des directives, des ordres pour le sortir de sa spirale d'angoisse, de la colère de Varian-V. ou même une punition, pour le remettre à sa place et couper court au torrent délirant de sa stupide tête… Lui qui avait tant progressé avec Varian ces derniers mois, qui avait parfois fait preuve d'initiatives, qui avait même eu des idées intéressantes et un semblant de conversation avait l'impression de faire un bond de six mois en arrière.



─══─



SUR L'ARCHE, Harley, quinze ans.
Les joues rouges de stress, Harley se glissa dans la bibliothèque et fit mine de chercher quelques minutes parmi les bouquins présents. Pour le moment, Standall et lui avaient rendez-vous ici : c'était plus pratique que chez l'un ou l'autre, et le bibliothécaire se fichait des ragots et n'en divulguait aucun. Accessoirement, personne de leur entourage ne mettait les pieds dans cet endroit. Il attrapa un livre au hasard (un livre de recettes végétariennes, constata-t-il un peu tard) et s'approcha de la petite table mal éclairée où ils devaient se rejoindre. Il glissa ses feuillets à la hâte entre deux recettes et se prépara à attendre son voisin. Un mois que sa petite affaire était en branle et que Varian taffait avec lui. Un mois de stress, de peur chaque fois qu'il devait le voir. Il avait peur de le décevoir, de l'énerver, de s'énerver, de rater encore un truc et de se faire mépriser plus que ce n'était déjà le cas… Il ferma les yeux et s'appuya sur le dossier trop droit de sa chaise. La situation était invivable : il dormait mal, il mangeait à peine et avait maigri à vue d’œil, il rêvait beaucoup trop et passait plus de temps à imaginer sa vie qu'à la vivre. À la moindre rêverie, il imaginait des discussions parfaites entre lui et Standall. Bizarrement, il avait toujours la bonne répartie, avec les bons mots, qui faisaient mouche. Dans la vraie vie, il ressortait toujours déçu de lui-même et de ses prestations. Quoi qu'il fasse, il ne se sentait absolument pas à la hauteur. Mais c'était con. C'était complètement con de rêver sur son abruti de voisin, de rester là à l'admirer avec que c'était un mec, et un mec haïssable par dessus le marché. Harley aurait préféré travailler avec lui uniquement par intérêt, comme il avait essayé de s'en convaincre. M'enfin, on ne vibrait pas tout entier quand on voyait un collègue par intérêt, on n'avait pas cette flamme dans l'estomac quand on admirait ses petites fesses ou ses épaules dans leur débardeur blanc. Épaules qu'il rêvait de toucher chaque fois qu'il se penchait pour regarder des comptes à deux. Combien de fois s'était-il retenu de poser sa joue sur son épaule, juste pour sentir sa peau contre lui ? De plonger le nez dans ses cheveux ? Combien de fois l'avait-il observé à la dérobé au lieu d'écouter des explications sur leur compta, le nez à dix centimètres de sa joue ? Fixé ses lèvres au lieu de l'écouter parler ?
Harley balança le bouquin de cuisine contre le mur, manquant de peu son voisin. « Putain... » Il se frotta le visage d'une main… Ça partait mal.


Dernière édition par Harley Weise le Lun 2 Mar - 22:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyDim 1 Mar - 20:59



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23 AOÛT 2482.
« Commence par respirer, et par te calmer. » Varian souffla et ferma les yeux devant le spectacle bien pitoyable que lui offrait son ancien voisin. Il avait retrouvé Harley, son cœur s'était remis à battre à un rythme que l'on pouvait qualifier de « normal », tout était bien. Contre lui Ari ne disait plus un mot ; bercé par ses pas, le petit garçon était devenu somnolant. Il lui en fallait si peu. Harley voulait des ordres, qu'il suive donc ceux qu'il venait de lui donner. Après, ils devraient retourner tous ensemble à la maison, retrouver Luna, et continuer leur routine. Ada avait sans doute d'autres tâches à lui confier, il ne pouvait pas se permettre de disparaître trop longtemps. Encore moins avec son dernier fils dans les bras. Il s'agenouilla – ses genoux craquèrent – prenant bien garde à toujours garder l'enfant contre lui et fronça les sourcils. Ses yeux plongés dans les billes bleutées et Harley, il s'autorisa un sourire. « Il ne dira rien, je te le promet. Tout ira bien. » Il avait l'impression de flatter une bête, et cette pensée lui tordit un peu le cœur. « Il faut rentrer avant que Ada et les autres s'inquiète. Elle voulait que tu sois prêt pour le mariage, et que je te donnes les directives pour demain. Il faudra que tu restes discret, dans ton coin, à l'abri des regardes. Ada m'a bien dis... » Il leva les yeux au ciel, comme pour s'aider à se remémorer mot pour mot ce que la brunette lui avait énoncé. « Harley devra être transparent, je compte sur toi pour lui faire comprendre ça. Je ne dois pas l'entendre. » Fier d'avoir retenu les mots de sa maîtresse il haussa les épaules dans un geste de contentement. « Autrement dit, tu resteras en coulisse. »

Harley avait-il tout compris ou pas, telle était la question. Mais Varian avait fait son boulot, il avait transmis son message, et Ari en était témoin. Même si ce dernier n'était pas le témoin de rêve dont on pouvait rêver dans de telles circonstances.


─══─


SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
« Merde, je dois filer. » Il allait être en retard, et Varian Standall n'était jamais en retard. Cara lui jeta un regard de travers. « Ma vie t'emmerde ? » « Ta vie non, mais celle du trou-duc que tu te tapes en ce moment, carrément. », lança-t-il, énervé. Elle leva un sourcil parfaitement dessiné et afficha une moue faussement vexé. « Il est très gentil d'abord. » « Et je suis persuadé que c'est un coup en or, tout pour plaire ! Mais là, j'ai moi aussi un truc à faire, tu vois. » Elle roula sur son lit et essaya de lui attraper l'avant-bras, en vain. « T'es jaloux ? » « Ouais. » Et il ne s'en cachait pas. Cara était une fille précieuse, tous les ploucs qui lui passaient dessus - au sens propre du terme – ne la méritaient pas. « Tss, t'es drôle Varian ! » Il haussa les épaules, noyées sous son débardeur blanc, et quitta la cabine de son amie. Drôle peut-être, mais terriblement sérieux.

Harley lui avait filé rendez-vous dans l'endroit le plus ronflant de l'Arche après les sphères et les plantations de fruits et légumes : la bibliothèque. Et il était... Pile poil à l'heure. Tu n'aurais pas pu faire mieux mon grand, se félicita-t-il. Il tourna dans une énième allée et manqua de se prendre un livre épais en pleine poire. Assit à une table Harley, qui réalisait tout juste son geste malheureux. Varian ouvrit de grands yeux, et leva les mains sans comprendre. « Bonjour à toi aussi... ? » Il avait retenu de peu un putain, il savait qu'il devait rester un minimum discret quand ils étaient tous les deux. Il tira la chaise pour prendre place en face de son voisin. « Bon, on en est où ? »

Faire affaire avec lui était beaucoup plus intéressant que tout ce qu'il avait pu s'imaginer. Angoissant ? Oui. Mais il aimait bien ça, en un sens. Il n'avait pas traîné longtemps avant de trouver un intermédiaire. Hors de question de risquer sa joli tête sur le terrain. Varian restait dans l'ombre, Varian veillait à ce que tout se déroule sans risque, Varian pistait d'éventuels futurs acheteurs, mais Varian ne se montrait jamais. Il s'y refusait. Parce qu'il avait une image à tenir, et que cette image, il y tenait. « Pour ma part j'ai trouvé un intermédiaire parfait. » Et Harley n'aurait pas besoin d'en savoir plus, mais Varian estimait que – par souci de transparence – son nouveau partenaire de choc se devait se connaître un tel détail. Depuis qu'ils avaient commencé leur magouilles, il devait bien avouer qu'il le supportait d'avantage. C'était sans doute parce qu'à présent, il avait une utilité à ses yeux. Harley avait cessé d'être juste le voisin d'en face horripilant qui lui volait sa sœur. Il était le voisin d'en face horripilant, mais qui l'aidait pour sa sœur. Puisqu'ils se voyaient dans de certaines conditions, il n'y avait presque jamais aucune raison pour que l'un ou l'autre se chauffent inutilement.
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23 AOÛT 2482, Harley.
Harley s'essuya le nez avec sa manche et se frotta les yeux dans un gémissement convulsif. Varian-V. s'agenouilla devant lui, se mettant à sa hauteur. Tu le regardais si peu dans les yeux, Varian, tu en avais presque oublié leur couleur. L'esclave lutta pour ne pas détourner le regard et se força à ne pas bouger, inspirant profondément, agité de tremblements irrépressibles. Il avait envie, pour une fois, d'être consolé. Il avait envie que quelqu'un, non que Varian-V., s'intéresse à lui, prenne un instant pour le regarder vraiment. Bien sûr, ils étaient deux aveugles, incapables de voir qui ils avaient vraiment en face. Harley n'arriverait jamais à comprendre son ancien voisin – et ce n'était pas nouveau – et Varian n'avait aucune idée de ce qui pouvait bien se passer dans la petite cervelle de Harley… Mais il avait envie d'essayer. Il avait envie… de compter pour quelqu'un, juste un petit peu, juste un instant. L'esclave écouta les consignes, les balaya d'un vague geste de la main. Il se fichait de ce mariage, de s'il devait être présent ou non. Se cacher, il avait l'habitude. Être transparent, il savait faire aussi. Suffisait de rester cacher ou d'aller dans les bois. Il n'aurait qu'à faire ça : aller dans la forêt. D'autres détails beaucoup plus importants lui occupaient l'esprit tout entier à cet instant. « J-je… J'pas oublié que... » Il serra les dents, frustré par sa diction si difficile. « Que t'étais l-le centre de… De m-mon monde. » Il détourna enfin les yeux et ramassa la petite hache.

Sil avait un peu honte de ces stupides mots qui venaient bien dans la tête mais pas dans sa voix, il était surtout triste. Que tu étais… Que tu es toujours. Harley tendit une main hésitant vers Ari dans l'idée de lui tapoter la tête, se raviser et tourna les talons pour rentrer. Il devait ranger tout ce bois qu'il avait débité avec tant de rage, s'occuper, travailler, s'épuiser, pour ne jamais oublier qu'il n'était plus personne.


─══─


SUR L'ARCHE, Harley, quinze ans.
Harley se liquéfiait déjà sur sa chaise, se maudissant de mille façons différentes. Il faisait vraiment tout pour que ça se passe bien et qu'ils parviennent à travailler sans s'écharper – d'ailleurs, étonnamment, ça fonctionnait plutôt bien dans l'ensemble – mais il fallait toujours qu'il fasse le geste de trop. « Désolé. Bonjour aussi. » Il se renfrogna et se détourna de son voisin pour aller ramasser le bouquin et ses comptes. Et toi Standall, tu allais t'asseoir en face de moi. Je n'aurais jamais du te prendre comme associé, c'était une fantastique mauvaise idée. Le cœur un peu trop lourd, l'adolescent reprit place sur sa propre chaise. « Dans l'ensemble, ça roule, nous avons une bonne marge de progression encore mais tout suit ce que nous avions déterminé au départ. » Harley lui fit passer ses pages remplis de courbes et de chiffres, données soigneusement collectées cette dernière semaine, et laissa sa main s'attarder un peu trop longtemps sur le papier. Il effleura un doigt de son voisin et laissa le feu d'artifice émotionnel le traverser. C'était beaucoup trop agréable et beaucoup trop frustrant, il restait là, aux limites extrêmes de l'envie et du désir, à se lamenter sur sa chaise, avec beaucoup trop d'idées… Harley frappa la table du poing et se fit lui-même sursauter. « Un intermédiaire ! Super ! Parfait ! Idéal ! » Un intermédiaire ? Il n'était pas du tout à ce qu'il faisait. « Ah ! Pour les ventes ! » Chut, stop, stooop… « Euh… D-de… Très bien, c'est une bonne idée. Pour ma part, c'est inutile, je suis beaucoup plus utile en tant que, euh… Moi-même, on va dire. Mais pour toi, c'est la meilleure solution. » L'adolescent se sentit rougir. Leur affaire ne fleurissait que parce qu'ils étaient tous les deux plus futés que la moyenne mais qu'ils étaient les opposés parfaits l'un de l'autre. Harley récupérait un max de clientèle grâce à ses soirées, Standall faisait autrement – et il ne voulait surtout pas savoir comment. « Il faudrait que tu viennes à une ou deux soirées. Pas besoin de te mettre minable, juste... » Juste que tu identifierais des drogués insoupçonnés, ainsi qu'un ramassis de gens malheureux… Et tu étais assez malin pour savoir t'en servir plus tard, Standall. Harley les faisait quasiment toutes, ces soirées illégales. Il se démerdait pour trouver ceux qui lui voulait quelque chose au début et s'autorisait le reste de la soirée pour oublier le reste. Se rendre malade ne le rendait jamais heureux, mais ça avait le mérite d'attirer un peu l'attention, même mauvaise, des autres. « Tu devrais. » Il se pencha par dessus la table pour récupérer sa feuille et en profita pour observer Standall. « Tu regrettes ? » De travailler avec moi ?


─══─


25 AOÛT 2482, Harley.
Ce devait être un jour de fête, mais c'était surtout la détresse qui effleurait les sens hypersensibles de Harley aujourd'hui. Il avait écouté les ordres de Varian-V. au mot : il se faisait invisible depuis la veille au soir, parfaitement introuvable, parfaitement disparu. Il savait faire ça. La majeure partie du temps, quand on ne faisait rien de spécial et qu'on se trouvait là où personne ne s'attendait à trouver quelqu'un, on devenait invisible. Il s'était éclipsé après le repas, quand il était parti nourrir les animaux de la famille avec les restes du dîner, pour ne plus réapparaître ensuite. Et avec l'agitation, personne n'avait pensé à le chercher, pas même Nei. Elle devait être bien trop occupé à consoler sa meilleure amie… Un sourire mesquin éclaira brièvement les lèvres de l'esclave. Qu'Aya se retrouve mariée lui procurer une joie assez inattendue. Il se fichait un peu de ce qui pouvait arriver aux maîtres autres que les siens, mais Aya… Harley n'avait pas oublié l’après-midi passé chez elle, ses questions, ses jeux. Nei avait le droit de jouer, mais Aya… Il n'aimait pas Aya, même si c'était l'amie de Nei et que Nei l'aimait bien.

Agenouillé au bord d'un ruisseau, il observait son reflet troublé. Il n'avait rien à faire, rien, mais il pouvait bien prendre le temps de… L'idée lui était venue comme ça, l'autre jour, comme une fleur qui éclot subitement à l'arrivée des beaux jours. Il n'y avait jamais de beaux jours dans sa vie, et pourtant… Luna lui avait fait une réflexion et il avait naïvement passé le reste de son après-midi à la méditer, se demandant si elle s'étendait aux autres. Lui s'en foutait depuis si longtemps qu'il n'y prenait plus garde… C'était devenu une habitude, quelque chose de normal, un effort supplémentaire et qu'il n'avait pas eu la force de faire. Harley enleva ses chaussures et son pantalon, son manteau, sa vieille chemise trouée et rapiécée, si vieille et sale qu'il était difficile d'en retrouver la couleur originelle. Le froid lui piqua la peau mais il hésita à peine. Un petit feu brûlait déjà à côté. Sa tête lui jouait des tours mais il avait l'habitude des haltes en forêt. L'esclave se jeta à l'eau avec un sanglot. Il ne savait même pas pourquoi il faisait ça.

Nu, enroulé dans une vieille fourrure qu'il avait déniché à l'arrière de chez les maîtres de Varian-V. – il avait volé, cette idée lui retournait l'estomac – il attendait que ses vêtements daignent sécher. Même avec son beau feu et l'absence de pluie ou de neige, il faudrait longtemps avant de pouvoir rentrer. Pris de frénésie, il s'était frotté à vif, avait lavé son manteau, sa chemise, son pantalon, ses cheveux. Il s'était griffé jusqu'au sang, traçant des sillons écarlates dans sa peau trop blanches. Avec son couteau, il s'était raclé les joues pour en enlever les moindres poils rebelles et essayer de retrouver un peu de lui. Mais son lui était perdu. Même propre, même intégralement dépourvu de crasse, même nu, il n'avait pas retrouvé Harley. À genoux dans la neige, il avait ramené ses cheveux dégoulinants vers l'arrière pour les attacher et apercevoir un peu de son visage… Personne. Juste un type inconnu au visage émacié et trop pâle, abîmé par les privations et les conditions trop dures, vieilli prématurément. Il voyait bien encore le garçon qu'il avait été mais qu'il ne voyait qu'à travers les rêves, mais il n'était plus là aujourd'hui. Eux deux avaient juste les mêmes yeux tristes. Ça l'avait fâché, il avait hurlé dans le fond de son bois. J'existais plus, Varian-V. Même derrière ce stupide Harley, ton Harley n'existait plus. Jamais vraiment essayé de le chercher, pour voir tes yeux briller un peu, pour y lire un peu d'affection derrière la pitié, ou même un peu de joie… Mais tu me reconnaîtrais, toi ? Même comme ça, même avec la peau blanche et les mains si propres, je ne voyais qu'un fantôme. Mais ne t'en fais pas, je n'arrivais pas à te retrouver non plus... Ils étaient deux naufragés en train de se noyer, essayant désespérément de nager l'un vers l'autre.

Les yeux plongés dans un feu qu'il voyait à peine, Harley essayait d'organiser ses idées. C'était pas facile, elles fusaient dans tous les sens, lui traversaient l'esprit et disparaissaient avant qu'il ne parvienne à les saisir. Il y en avait beaucoup, mais complètement insaisissables. Comme Varian-V. et lui. L'avant la Terre se peignit dans sa mémoire comme une vieille photo un peu floue. Il voyait les souvenirs se dessiner dans sa tête, dans le désordre, mais si fade comparés aux émotions qui allaient avec. Des émotions incompréhensibles, bizarres et décalées par rapport à ici. L'Arche était en lui, mais illisible. Il frissonna et se mit à pleurer tout bas.

Plus loin, un mariage se concluait.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyMar 3 Mar - 12:58



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23 AOÛT 2482.
Je n'ai pas oublié que tu étais le centre de mon monde.
Les mots de Harley avaient résonné dans sa tête tout le reste de la journée. Il n'avait qu'eux en tête. Il n'avait pensé qu'à eux. Ada avait bien remarqué que son esclave avait la tête ailleurs, mais elle n'avait fait aucun commentaire. Le temps viendrait où Varian lui dirait tout, et elle le savait. Mais pour l'heure... Varian gardait cela précieusement pour lui.

Il n'avait pas oublié. Vraiment ?

Allongé dans la remise qui lui servait de chambre, Varian n'arrivait pas à fermer l’œil de la nuit. Demain, Aya se marier. Cela aurait du le préoccuper plus que de raison, mais il n'en était rien en réalité. D'un geste de la main (ou plutôt, avec quelques petits mots) Harley avait balayé tout le reste. Pendant un bref instant, il avait sentit son cœur battre un peu plus fort. Un peu comme autrefois quand Harley lui déballait toutes ses phrases très niaises, dont au fond, il avait toujours raffolé. Oui, l'espace d'un instant, il s'était sentit plus vivant que jamais, et enfin aimé. D'une manière qui lui manquait depuis toutes ses années. Une main posée sur sa large poitrine, le petit esclave qu'il était fixait avec intensité le plafond de la remise. Il n'avait pas su quoi répondre aux mots de son ancien voisin de pallier. Il en avait été incapable. Même pas un son. Il s'était contente de le regarder avec des yeux de merlans fris. Sans rien dire de plus. Il avait ouvert la bouche, mais aucun son n'en était sortit. Il aurait voulu répondre que lui aussi. Que lui n'avait rien oublié de leur passé. Que tout ça lui manquait atrocement. Qu'il rêvait de pouvoir de nouveau ressentir ce trop pleins d'émotions qui les avaient submergés quand ils n'étaient encore qu'adolescents. Mais Varian n'avait – pour une fois – pas su trouver les mots. Pendant quelque brèves secondes, son cerveau s'était figé, il avait été incapable de formuler quoi que ce soit en retour. Et maintenant, il s'en voulait. Il aurait voulu répondre à Harley autre chose qu'un regard plein de tristesse et un hochement de tête. Il voulait remonter quelque heures en arrière pour corriger le tir. Mais il ne pouvait pas. Cependant, ce soir-là, seul dans sa remise où il était bien trop à l'étroit, Varian réalisa que, peut-être, pour eux, tout n'était pas perdu.

Harley lui avait redonné un peu d'espoir.


─══─


SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
Oui, pour les ventes, pourquoi croyait-il qu'il s'était encombré d'un intermédiaire ? Varian fronça légèrement les sourcils. Ce n'était clairement pas par gaieté de cœur, ça non. Maintenant il avait un autre spécimen à gérer, et il s'en serait bien passé. Quand Harley évoqua l'idée qu'il vienne à quelques soirée, il leva un sourcil, intrigué. « Vraiment ? » Il haussa les épaules, l'air peu convaincu. Aller là-bas, c'était risquer gros à chaque fois. Mais si cela pouvait rassurer son nouveau partenaire en affaire... Il voulait bien faire l'effort, une ou deux fois. « Si tu veux. Je m'arrangerais en fonction de mon boulot, et de mon emploi du temps. » Aller là-bas, c'était constaté la débauche de toute cette jeunesse oubliée de l'Arche. C'était voir des ado paumé, faire n'importe quoi de leur vie sans prendre le temps de réfléchir. Dans ces moments là, Varian se sentait tellement mieux qu'eux. Plus que d'habitude.

Regrettait-il ? Il soupira. « Pour le moment, non. » Puisque tout se déroulait bien, il n'avait pas de raison de regretter quoi que ce soit. Et puis, le soir, il dormait sur ses deux oreilles, en paix. Faire ce qu'il faisait ne lui posait pas vraiment de souci. Il se foutait éperdument des gens à qui il vendait. Qu'ils se foutent minable, et termine au fond du trou, ce n'était clairement pas son affaire. Lui, remplissait sa part du marché. Si les gens n'étaient pas fichu de se gérer eux-même, alors il n'y pouvait rien. « Et si tu ne me donnes aucune raison de regretter, alors je t'assure que ça ira. Je ne suis pas un garçon compliqué. » Et j'ai besoin de cet argent. « Ah, et au fait, la prochaine fois, rendez-vous chez moi. Kimi doit rester deux jours en observation, Victor restera près d'elle. Et ma mère est de nuit. On aura la paix. » Il se pencha un peu plus par-dessus la table. « Et je n'aime pas cet endroit. » Pour un tas de raison, il se sentait observé, l'ambiance était trop lourd, n'importe qui pouvait les voir... Alors oui, il savait que le bibliothécaire ne dirait rien. Mais c'était des autres dont il se méfiait.




─══─


24 AOÛT 2482.
Aya le fusillait du regard. Un peu comme tous les jours de sa vie depuis son arrivé à Azgeda, mais aujourd'hui, il avait l'impression que derrière le regard mauvais qu'elle lui jetait, elle le suppliait de le sauver. Varian venait de terminer d'arranger ses cheveux, et en face de lu, Ada supervisait tout ça d'un regard doux et bienveillant. Quand il reposa le peigne sur la coiffeuse de bois, Aya baissa les yeux. « Merci Varian. » Sur le coup, il avait cru halluciner. Aya qui disait merci... C'était aussi rare... qu'impossible en réalité. Avait-il vraiment bien entendu ? S'il se fiait au regard fier de sa mère, et aux joues légèrement rose de la jeune femme, oui. En guise de réponse, il acquiesça. « Tu es magnifique ma fille. » Si on aimait le genre, oui, Aya était adorable. Autrefois, Varian l'aurait sans nul doute trouvé très quelconque. Mais aujourd'hui, il n'avait plus de repère. Alors oui, à ses yeux, Aya était pas si mal. Elle ne se donnait pas la peine d'être belle au quotidien, même si mère nature lui avait donné toute les cartes en mains. « Varian, tu nous laisses quelques instants ? Va t'assurer que Ari et prêt. » Il baissa la tête et laissa la mère et sa fille seule à seule.

Ari était excité comme une puce. Si bien que Varian eut du mal à le calmer. En parallèle, il cherchait Harley du regard. Mais comme promis, il se faisait discret. Invisible. Harley n'était pas là. Varian avait un petit pincement au cœur. « Tes habits Vava ! Tes habits ! » Ada avait insisté pour qu'il porte autre chose que ses habits d'esclaves habituels. Quelque chose de nouveau. Pour son plus grand plaisir, sa garde robe venait de s'agrandir. D'une nouvelle tenue. Dehors, il distingua le futur époux. Et Varian réprima un frisson. L'homme ne lui attirait aucune sympathie. Il le dégoûtait même. Il était bien plus vieux que sa future femme. Il avait cet air bourrin et vicieux sur le visage qui lui déplaisait. Aya allait souffrir. Et devant cette constatation, Varian ne su pas réellement quoi penser. Il était soulagé, d'un certain côté,le Varian de l'Arche. C'était à son tour de souffrir. De payer pour tout ce qu'elle lui avait fait subir depuis des années.  Et puis, quelque part, il avait ce petit Varian né sur terre qui plaignait la jeune femme. Ce petit Varian qui se disait, qu'au fond, personne ne méritait une telle punition.



* * *



Le moment était venu. À l'écart derrière la famille Varian se tenait droit comme un piquet. Cela faisait plusieurs années qu'il était sur terre, mais il n'avait jamais assisté à un seul artheusi. Ada lui avait bien expliqué à plusieurs reprises les unions terriennes, et Varian avait toujours trouvé le tout très compliqué. Les histoire d'âmes sœurs qui se suivaient jusque dans la mort ne lui parlait pas. Tout simplement parce que la réincarnation, l'au-delà ou il ne savait quel autre paradis, Varian n'y croyait pas. Chaque être à une seconde chance Varian. Ici, ou sur ton vaisseau flottant, lui avait un jour dit Ada. Ada croyait en tout ça. Ada croyait aux âmes jumelles, aux âmes faites pour se croiser et s'aimer. Ada croyait en la réincarnation et toutes ces choses. Elle était persuadée également qu'une âme pouvait vivre dans plusieurs corps. Autant de notions auxquelles Varian ne croyait pas, et qui lui paraissait farfelues.

Et Aujourd'hui, Ada avait les mains jointes, ses petits yeux rivés sur sa fille et son homme. À quoi pensait-elle à ce moment là ? Personne ne pouvait le deviner. Lire sur les traits de Ada tait mission impossible. Cependant, à la fin de la cérémonie, Varian la vie essuyer une larme. Ses yeux gris perles était brillants et Varian resta quelques instant bouche bée devant ce spectacle. Aya avait l'air détruite, mais faisait comme si de rien n'était. Il la savait trop fière pour tenter quoi que ce soit. Mais la jeune femme avait les yeux rivés sur la blondinette qui l'observait, au premier rang de la cérémonie. Et le regard qu'elle lançait à sa meilleure ne trompait personne : Aya ne se rendait pas. Elle se battrait pour sa liberté jusqu'au bout.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyMar 3 Mar - 22:14



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24 AOÛT 2482, Harley.
Il ne se souvenait plus d'avoir observé son reflet une seule fois depuis qu'il était arrivé sur Terre. La dernière fois… C'était sur l'Arche, dans le petit miroir piqué de la salle de bain, avant de perdre les pédales et de foutre définitivement ta vie en l'air. Tu avais fait exactement comme aujourd'hui : tu avais plongé ton regard dans le tien et tu y avais cherché une raison de vivre, de faire un effort. Sans Standall, il n'y en avait aucune. Aucune, aucune, aucune. Alors tu étais mort. Ton âme était morte. Pendant que tu hurlais la vérité à la gueule du monde. Elle était morte un peu davantage lorsque les gardes t'avaient tabassé, se vengeant d'années entières où tu avais malgré toi fait ta petite loi autour de toi. Elle était morte quand, à moitié inconscient, on avait attaché ta ceinture dans ce vaisseau. Direction, la Terre. L'Enfer. Ta résurrection. Il avait laissé le libre-court à un Harley enragé, déchaîné, mais qui avait fini par trouver son maître. Il y avait toujours pire que soi dans le monde, et Harley restait juste un gamin. Un jeune adulte qui n'avait jamais su grandir. Un petit garçon en quête de sa maman et d'amour, d'affection. Alors sur Terre, il était devenu un animal et il avait cessé d'observer son reflet. C'était juste un inconnu, ce type. Même propre, même rasé de frais pour la première fois depuis trois ans. Même sans l'affreuse odeur d'urine et de sale qui le suivait à la trace depuis des mois. Le petit esclave tremblant de froid se prit à avoir peur sans trop savoir pourquoi. Il en avait eu envie. Il avait voulu de ce bain glacé et improvisé pour essayer de toucher du doigt ce Harley si lointain qu'il voyait en monochrome dans sa tête. Il avait essayé de lui tendre une main, dans l'espoir idiot peut-être de redevenir lui. Mais non. Les idées n'étaient toujours pas sages dans la tête, les mots s'organisaient toujours difficilement, ses mains continuaient de trembler et ses yeux de lui faire défaut. Il se sentait toujours malade et fatigué, et il ne comprenait toujours rien à sa situation. Alors il pleurait. Pendant des années, il s'était laissé aller, se laissant porter par le courant sans essayer le moins du monde de résister. Il avait enduré toutes les humiliations sans mot dire parce que résister, ça faisait trop mal. Il était plus facile de laisser tout tomber, de laisser la douleur et la peine glisser sur lui. Harley avait arrêté de prendre à cœur les remarques et les moqueries. Il puait, il était sale, il était stupide, ce n'était qu'une bête, un abruti, un demeuré, un handicapé, un idiot, un débile, un esclave, une bête de somme, un animal, une âme en peine, il se pissait dessus… Et alors ? Il s'en fichait, ça ne le touchait plus ou presque pas, et ça lui allait.

Et puis il y avait eu Varian-V. Varian-V. qui avait tout cassé dans sa tête. Plus encore qu'avant. Varian-V. qui avait réveillé des choses qu'il taisait avec soin. Varian-V. devant qui il avait eu honte. Jusque là, il avait tu le Harley de l'Arche, le garçon violent et paumé mais si humain, il l'avait assassiné dans sa mémoire pour taire la douleur de ce qu'il avait perdu. Et Varian-V., ce méchant Varian-V., était venu remuer tout ça. Il avait eu peur, Harley. Il avait été en colère aussi, enragé même. Il avait failli faire des bêtises, des bêtises qu'il refrénait depuis des années… Devant Varian-V., il avait eu honte. Il était peut-être demeuré, mais il captait chaque émotion, chaque regard pour les faire siens, et ceux de celui qui comptait le plus au monde ne lui avaient certainement pas échappé. « J-j-j… J'ai fait t-tout ça pour t-toi, V-Var-Varian, et p-pourquoi ? » Il jeta un morceau de bois mouillé au feu. « P-pour rien ! » Il le hurla aux arbres de la forêt silencieuse. Varian-V. était là où il n'avait pas droit d'être. Pas lui, pas le dégoûtant Harley. Maintenant il était propre. Et ça ne changeait rien du tout. Il se remit à pleurer, d'abord tout bas puis à gros sanglots. Il avait pleuré dans la cabane du Papa Noël qui avait brûlé, et il pleurait encore aujourd'hui. Toujours pour Varian-V.


─══─


SUR L'ARCHE, Harley, quinze ans.
Si tu veux ! Bouche bée, Harley dévisagea son voisin. Intérieurement, il était persuadé que Standall refuserait cette requête, mais non. Même pas. « Ah eh bien… Super. Ce sera pratique. » Pratique, n'importe quoi. Il avait juste envie de… Peu importait. La suite l'irrita. « Je ne vois pas pourquoi je te donnerais une raison de regretter. Je ne suis pas con, Standall, j'ai tout planifié. » À vrai dire, il était totalement improbable de voir Harley Weise et Varian Standall se lancer dans une affaire de si grande envergure ensemble, avec leurs profils si différents et une inimitié si marquée. Même si Harley avait conclu ce partenariat pour les mauvaises raisons, il n'empêchait que le fond de sa réflexion se tenait et que leur marché irait comme sur des roulettes. Les gardes le surveillaient déjà par rapport aux médicaments et aux drogues qui circulaient sur la station, mais l’adolescent s'en fichait. Il avait un avantage de taille : hormis le bibliothécaire et les professeurs, l'intégralité de la station le prenait pour un manche doublé d'un impulsif et d'un abruti. Bref, un type facile à chopper s'il décidait de se lancer dans un trafic illégal. Ensuite, il savait très bien jouer double-jeu, être présent à la fois sur le terrain pour ses ventes réelles mais secrètes et flirter en parallèle avec les limites des réglementations pour jouer le rôle qu'on attendait qu'il joue. Tout le monde attendait qu'il tente un truc, il leur offrirait sur un plateau pour continuer son véritable fond de commerce en cachette. Il n'était pas aussi tranquille que Standall, c'était sûr… Mais il avait pris le temps de la réflexion. « Ch-chez toi ? » Harley fixa son voisin avec des yeux ronds. « Euh bon, si tu veux... » L'idée d'aller chez son voisin l'angoissa brusquement. Est-ce… ? Il se faisait des idées. Il se faisait totalement des idées et il était temps qu'il arrête. En plus c'était sale. Harley eut honte de lui. « Il n'y a pas un pélos ici Standall, la seule chose qui t'étouffe, ce sont les bouquins. » Une petite pique de gratuite, mais c'était vrai.


─══─


24 AOÛT 2482, Nei.
Nei contempla la cérémonie, le cœur lourd. Elle avait envie de pleurer pour sa meilleure amie, qui se retrouvait injustement marié à cet hideux vieux mec. La jeune femme n'était pas naïve, elle savait bien que les mariages d'amour n'étaient pas si courants et existaient surtout dans les contes et les légendes… Chaque fois qu'il parvenait à capturer le regard d'Aya, elle essayait de lui transmettre un peu de force, un peu de courage. Tu étais une guerrière-née, un vieil ivrogne n'allait pas te faire flancher, hein Aya ? Elle en était sûre, elle saurait faire sa loi dans sa maisonnée et peut-être se trouver un bel amant en temps voulu. Le mariage n'était bon qu'à pondre des mioches légitimes mais rien n'empêchait Aya de trouver un bel amour ailleurs, si ? L'idée même du mariage faisait frémir Nei. Elle rêvait davantage d'exploits guerriers et d'aventures que de bébés vagissants et de seins à donner… Elle frissonna et se sentit soulagée lorsque enfin la cérémonie s'acheva.

Elle ne pouvait accompagner Aya là où celle-ci se rendait. La suite, sa meilleure amie devrait l'affronter seule… Cette idée rendait Nei malade d'angoisse et de rage. C'était injuste. Injuste d'avoir vendu son amie comme une vulgaire jument à un homme affreux, juste… Pourquoi d'ailleurs ? Ça la révoltait. Elle aperçut Varian et se dirigea vers l'esclave au pas de charge. Peut-être pour me changer les idées... Ne pas fondre en larmes surtout. « Hé. Où est Harley ? Il a disparu depuis hier. » Elle se foutait éperdument de Luna. L'esclave femelle n'était rien pour elle. Trop propre, trop de fierté, trop de respect tranquille. Une petite esclave idéale et profondément ennuyeuse, pas du tout à même de lui changer les idées. Harley et Varian, en revanche… Sauf que Harley était parti donner à manger aux animaux et n'était plus réapparu. Nei n'était pas vraiment inquiète, mais… Cet abruti rentrait toujours le soir. Toujours, sauf quand il était en mission de chasse ou de pêche loin d'ici. Mais il rentrait toujours à la maison. La blondinette croisa les bras et posa son regard clair acéré sur l'esclave. Qu'il la domine de trois bonnes têtes de l'inquiétait pas le moins du monde, elle avait ses couilles à portée de main au moins.


─══─


24 AOÛT 2482, Harley.

La nuit tombait, son feu brillait encore faiblement dans la semi-pénombre qui s'installait dans les bois et il tremblait violemment de froid. Rien ne voulait finir de sécher, rien ! Si, sa chemise, un peu… Et le haut de son pantalon aussi. Mais son lourd manteau en fourrure restait désespérément trempé et durci par la glace, et l'intérieur de ses bottes refusait de lâcher son humidité gelée. Même ses larmes avaient fini par se figer sur ses joues. Il souffla faiblement sur le feu pour l'attiser un peu et renfiler sa chemise et son pantalon. Il ne savait pas coudre, des trous béaient toujours, un morceau de tissus pendait toujours sur sa fesse droite… Mais c'était mieux. Ça ne sentait plus rien, hormis peut-être un peu l'humidité. Mais plus de sang, plus de sale, plus de terre, plus de pipi… Juste le vide. Il avait l'impression de s'habiller de rien et trouva bizarre la sensation de renfiler des vêtements si fluides sur sa peau. Harley hésita avec son manteau mais le prit sous son bras. Tant pis, il n'était pas très loin de la maison de Varian-V., il n'aurait qu'à courir. Le manteau mouillé le ralentirait et lui donnerait trop froid. Il glissa ses pieds gelés dans les bottes trempées. Il tendit une dernière fois ses doigts blancs de froid vers le petit feu et se mit à courir vers la maison. De grandes foulées avec ses jambes rouillées. Il avait froid. Une racine à sauter, un arbre à éviter. Il ne voyait quasiment rien dans la nuit tombante avec ses yeux si abîmés. Une branche lui fouetta le visage, dessina un fin sillon sanglant sur sa tempe. Il déboucha hors des bois, près de la maison. La nouvelle maison temporaire, celle de Varian-V. Devait-il toquer à la remise ? Grelottant, il cogna doucement la porte et gémit devant l'explosion de douleur dans son bras glacé. « V-Varian-V… ? » Il l'avait évité tout hier, après leur conversation avec Ari. Il était gêné, honteux et il ne voulait plus le croiser, mortifié d'avoir dit des choses. Mais maintenant… Il ne pouvait pas dormir sous le porche, comme d'habitude, si … ? Sans manteau sec ni couverture, le froid allait le tuer dans la nuit… Il hésita devant la porte, ne sachant pas quoi faire, et finit par la pousser pour entrer dans la remise. Il avait peur de ce noir profond et inconnu. C'était pas chez lui, pas sa maison ni sa niche. Il porta la main à sa bouche et se mit à ronger l'ongle inexistant de son pouce.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyMer 4 Mar - 12:00



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23 AOÛT 2482.
La petite tête blonde qu'il avait observé quelques minutes auparavant se dirigeait vers lui, un air bien sûr d'elle sur le visage. Varian hésita un instant à lui tourner le dos, et à feindre qu'il était soudain très occupé. Mais il se devait d'être honnête : il n'avait rien à faire ici, hormis assister à la fin de la cérémonie. Ada c’était levé pour prendre sa fille dans ses bras – arrachant une grimace à cette dernière au passage – et son jeune frère la regardait avec des yeux rempli d'étoiles. Pauvre gosse. S'il savait. Dans quelques années, lui aussi y passerait, voir bien plus tôt que sa sœur. Aya avait eu une chance incroyable de ne pas se retrouver femme d'un autre plus tôt. Ada l'avait protégé, gardé dans son cocon trop longtemps. À présent, Aya était bien trop sauvage pour se soumettre à qui que ce soit. Il esquissa un sourire, il plaignait le nouvel époux.

Nei se pointa donc juste sous son nez, et Varian baissa à peine les yeux pour plonger son regard dans le sien. Elle avait des yeux très froids, Nei. Et il n'avait jamais aimé ça. « Je n'en ai aucune idée. » Une réponse sans hésitation, et sans mensonge. Lui aussi se posait la question. Lui aussi se demandait ce que fichait l'autre esclave. Il s'était inquiété ce matin. Puis son inquiétude avait été engloutit par toute l’excitation de Ari, et l'angoisse de Ada. Et puis il y avait repensé, avant de terminer ici, à attendre de voir le sort de Aya scellé pour le reste de sa vie. « Je dois retourner auprès de Ada. » Et sans attendre une réponse de sa part, il pivota pour rejoindre sa maîtresse. La seule qui lui restait.

« Que souhaitait Nei ? », lui demanda-t-elle. « Elle voulait savoir où se trouvait Harley. » « Ah. » Et sans plus de cérémonie, il adressa un dernier regard à Aya, entouré d'une horde d'homme qu'il connaissait bien. « A son âge, j'étais déjà mère. », souffla Ada tout bas en caressant son petit ventre. Était-ce un reproche ? Ou une simple constatation ? Ou bien était-elle jalouse que sa fille ait vécu cinq bonnes années de plus qu'elle dans son foyer, sans s'encombrer de la tâche d'être mère ? Ada adorait les enfants. Elle ne s'en cachait pas. Le quatrième qu'elle attendait en était la preuve. Et cela avait toujours intrigué Varian. À quinze ans, il était loin de tout ça. À quinze ans, il allait encore en cours. Il se découvrait. Il s’engueulait avec son voisin. Et à vingt, l'âge de Aya ? Il était toujours là-haut, libre. À penser des « je t'aime » pour Harley, et à l'aimer comme un fou. À connaître ses premières déceptions. Alors que sur terre, la vie en avait décidé tout autrement.


─══─


SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
« Je t'emmerde, Harley. » fit-il tout sourire. Il n'aimait pas lire, ce n'était pas un scoop, et alors ? De toute façon, il se portait très bien sans ça. Et puis, il gardait toujours ne travers de la gorge ses difficultés toute bêtes à savoir lire deux lignes sans se déconcentrer. « Si tu n'as rien de plus à me dire, j'me casse. J'ai un planning bien chargé aujourd'hui. » Il avait sa sœur à aller voir, il devait prendre de l'avance dans le programme pour fermer la grande bouche de son professeur de maths et pour finir, il devait revoir Cara. Son ex lui manquait, et il était clairement en manque de potin. Sans plus de cérémonie donc il se leva le salua d'un geste poli de la tête et tourna les talons. Il était assez fier de ne pas s'être engueulé avec lui aujourd'hui. Les journées comme ça étaient bien trop rares à son goût. Parce que s'engueuler avec son voisin ne lui apportait jamais rien.


* * *


Rien ne dépassait dans la petite cabine des Standall. Victor et May venaient de quitter les lieux le fils aîné était désormais tout seul pour la soirée et le début de matinée. D'ici quelques minutes le voisin allait se pointer, et ils pourraient parler en paix. Varian avisa son lit avec envie : il avait mal dormi la veille et le jour encore avant, et le sommeil l'appelait. Pour éviter de sombrer avant que Harley arrive, il se cala plutôt sur la table de sa cuisine et ouvrit un manuel de cours. « Est-ce qu'il y a au moins un truc divertissant dans ce bouquin de merde... » Rien. Rien qui ne vaille la peine pour monsieur Standall. Il s'ennuyait ferme. Et il détestait s'ennuyer. De temps en temps, il se créait lui même quelques problèmes, à coup de chiffre et de lettre. Mais il se lassait toujours aussi vite. Quand il entendit les quelques coups donné à la porte de sa cabine, il se leva d'une traite. Il enfila à la va vite un sweat kaki délavé (pour son plus grand regret, il n'aimait pas avoir les bras couverts, mais les température avaient encore chuté dans la station) et alla ouvrir. « Parfait, tu tombes à pic Harley, je me faisais grave chier. »

─══─



24 AOÛT 2482.
Ada et tout le reste de la famille avait célébré l'artheusi chez Ada, puis s'étaient digéré chez le nouvel époux. (épouex lol pardon). Varian était resté à la maison, pour nettoyer, astiquer le moindre meuble et ramasser le plus petit gramme de poussière. Après sa longue et lourde tâche, il s'était lavé puis effondré de fatigue dans sa remise. Il lui tardait de retrouver la chambre qui lui avait été légué à la mort de Ael. La remise était trop petite pour lui. Il pouvait s'y allonger car il avait fait quelques aménagements, mais il n'aimait pas l'endroit. Il ne était là de ses réflexions, quand il cru entendre un bruit devant la porte. Il se redressa, son draps sur la tête et plissa les yeux en voyant la porte de sa remise s'ouvrir lentement. Est-ce que Ari venait encore l'empêcher de dormir pour chasser les bestioles dans sa chambre ? Non, Ari était avec sa mère. Ari était donc absent. Idem pour tout le reste de la famille.

Et puis une silhouette familière se découpa face à lui et il ouvrit grand les yeux. « Harley ? » Il avait l'air d'un idiot, avec son draps sur la tête, et le dégagea d'un geste brusque. « Je... Je me suis inquiété. » Et ce n'était pas peu dire, tu n'avais pensé qu'à sa disparition pendant tout le reste de ta journée, jusqu'à atterrir ici.

Il y avait quelque chose de changé chez l'autre garçon, mais il ne voyait pas très bien. Il se mit à genoux et chercha la petite lampe qu'il avait dans sa remise. Le père de Ada en avait ramené pleins des comme ça, un jour d'excursion. Évidement, Varian connaissait ses lampes. Ils en avaient pleins sur l'Arche. Il n'avait fait aucun doute que le père de famille était tombée sur une épave très ancienne, avant le drame qui avait forcé les hommes à s'envoler pour l'espace. Il posa la lampe sur une caisse d'outils qui lui servait de petite table de chevet. « Qu'est-ce que tu as fais à ton visage ? » Parce qu'il y avait bien un petit quelque chose de changé. Le temps que la lampe chauffe et atteigne sa luminosité maximale, Varian ne le lâcha pas du regard. Il y avait quelque chose de nouveau. Partout. « Tu... » Tu t'es lavé ? Il n'avait pas eu assez de force pour prononcer le reste à voix haute. La vérité, c'est que tu venais de te prendre une claque en pleine figure. Et que tes yeux s'étaient aussitôt mis à briller, sans que tu ne puisses y faire quoi que ce soit. Était-ce seulement vrai, tout ça ? N'étais-tu pas en train de rêver ? Oui, c'était toujours Harley. Le Harley de sur terre. Avec son visage amaigris et ses traits changé pour toujours. Mais c'était un nouveau Harley. Sans même t'en rendre compte, tu pleurais. Pour de vrai, et sans aucune pudeur. Choqué, tu l'étais, mais bien plus que ça, la joie qui grandissait quelque part en toi était immense.

Tu voulais lui dire d'approcher. Qu'il pouvait te parler. Qu'il ne devait pas avoir peur d'être venu ici. Mais comme la veille dans les bois, tu te retrouveras incapable de faire sortir le moindre son de ta bouche.
 
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyJeu 5 Mar - 22:52



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SUR L'ARCHE, Harley, quinze ans.
Il n'avait pas envie d'y aller.
Quoi qu'il en dise, quoi qu'il en pense, Harley ne voulait pas mettre les pieds chez son voisin. Ça ressemblait bien trop à un traquenard, ou… Varian Standall le conviait à faire leur petite réunion chez lui ? Le monde ne tournait plus rond, l'Arche allait s'écraser demain. L'adolescent se glissa dans la salle de bain et s'observa rapidement dans le miroir, passant une main dans sa chevelure avec un geste étudié. Il ne s'était plus coupé les cheveux depuis une éternité et ceux-ci avaient précisément choisi ce jour-là pour boucler sauvagement. Tant pis, il ferait avec. De toute façon… Standall se foutait bien de la gueule qu'il avait, non ? Harley s'adressa un regard haineux à lui-même, méprisant le reflet que lui renvoyait le miroir. Il ne s'aimait pas. Il ressemblait trop à son père, avec les mêmes yeux, de l'exact même bleu qu'il n'arrivait pas à trouver joli ou original. Ils avaient les mêmes cheveux bruns un peu sauvage, le même visage mince aux traits européens, le même menton pointu, les mêmes sourcils trop hauts. Une ressemblance à maudire. Le garçon se planta là pour aller chercher ses comptes soigneusement tenus de son écriture appliquée de fille et alla directement frapper en face. Inutile de tergiverser. Il s'était quand même lavé les dents. Comme si Standall en avait quelque chose à foutre. Une vague nausée lui tenaillait le ventre et lui refilait un teint maladif des plus hideux, tout ça parce qu'il s'était fait dix ans de films la veille au lieu de s'endormir. Et si, et si, et si ? Et si rien du tout. Au mieux ils ne s'engueuleraient pas. Je te haïssais tellement, Standall. Je détestais la moindre parcelle de ton corps. Ce corps qu'il rêvait de toucher, là, dans les tréfonds de ses pensées. J'aurais voulu te voir mort, ou disparu. Juste disparu, c'était bien aussi. Loin de moi, loin de ma vue. Pour ne plus rêver de le serrer contre lui, de fourrer son nez dans ses cheveux et son cou, de glisser une main sous… La porte s'ouvrit. Et il se sentit presque bien accueilli.

« A-ah… ? » Il essaya de reprendre contenance. « Ravi de te dépanner, Standall. » Il essaya d'oublier le feu dans son ventre et son esprit. Comme si je pouvais passer outre l'incendie qui me ravageait… Connard. Il entra en bousculant à moitié son voisin, à la fois pour cacher ses joues rouges de honte et le désir qui l'électrifiait. « La semaine a été bonne. » ajouta-t-il d'une voix étranglée dés que la porte fut fermée. « Bon chiffre. » Malgré lui, il balaya la cabine du regard. Il la connaissait par cœur pour y avoir discrètement passé des heures avec Kimi, mais… Jamais sous cet angle. Pas sous l'angle de l'invitation de Varian Standall. Enfin il osa couler un regard en biais à son voisin, repoussant les papillons qui lui retournaient l'estomac. « Et toi ? » Tu n'imaginais même pas combien c'était dur de prononcer tout ça calmement, sans arrières-pensées, sans… Il brûlait tout entier. « Bonne semaine ? » Avisant une chaise, Harley s'empressa de se laisser tomber dessus et se cacha à moitié dans sa manche. Drôle de sensation que la nausée et la calcination simultanées.


─══─


24 AOÛT 2482, Harley.
Il n'aurait pas dû se ronger l'ongle. Ça faisait mal. Il était là à plisser les yeux en tremblant comme un diable, tâchant de discerner quelque chose dans l'obscurité beaucoup trop profonde pour sa vue, quand son nom s'éleva quelque part dans le fond. Son cœur rata un battement. C'était lui qu'il était venu chercher sans même savoir pourquoi, mais maintenant qu'ils étaient l'un face à l'autre, Harley avait très envie de décamper. D'aller dormir sous le porche et d'y mourir de froid. Un vagabond lui avait dit un jour que ça ne faisait pas si mal de mourir de froid. Qu'il s'endormirait juste pour ne jamais se réveiller. C'était une alternative pas si terrible finalement, comparée au désordre de sa tête et de son cœur. Il y a longtemps, dans un livre je crois, j'avais lu que le personnage se faisait briser le cœur. À l'époque, je croyais que c'était juste une phrase qu'on disait comme ça, pour faire jolie. Mais tu savais toi, Varian-V., qu'un cœur pouvait être brisé ? Le mien l'avait été beaucoup trop de fois. Ça faisait si mal... … que chaque fois, il avait cru en mourir. Comme maintenant, maintenant qu'il comprenait que rien n'était réparable. Pendant des années, il s'était bercé d'illusions, se cachant dans la misère, s'y traînant, en faisant un bloc qui le protégeait du reste. Il s'était que si un jour, il choisissait de faire un effort, tout irait bien ? Mais non. Il était peut-être propre, mais il était resté le même. « I-inquiété ? » Pourquoi ? Les gens ne s'inquiétaient pas pour Harley. À la limite, ils s'inquiétaient de ce que faisait Harley. Ça devait être ça. Peut-être s'était-il inquiété de savoir s'il obéirait aux règles de la veille ? Cette pensée l'irrita : les mots étaient en bazar mais il les comprenait quand même. Une lueur apparut quelque part dans la remise. Harley recula d'un pas, méfiant, et plissa les yeux. Ça bougeait. Varian-V. bougeait. Le visage... L'esclave se sentit rougir. « R-rien... » Maintenant qu'il était là, il regrettait un peu. Il n'avait pas envie d'avoir des questions, des reproches, ou… Est-ce que Nei allait le gronder ? Le maître non, le maître n'aimait pas que Harley pue. Mais Nei ? Elle trouvait ça marrant. Peut-être qu'elle allait le salir ? Le forcer à se traîner dans le boue, encore ? À se retenir de faire pipi jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus ? Ses yeux se remplirent de larmes.

Et puis Varian-V. se mit à pleurer. Tremblant avec l'énergie du désespoir, Harley le fixa avec de grands yeux ronds, trop stupéfait pour faire quoi que ce soit. Varian-V. pleurait, là, dans la petite lumière tremblotante de la vieille lampe. « M-mais... » Il était triste ? Ou fâché ? Des fois, Harley avait pleuré quand il était trop en colère pour faire autre chose. L'esclave fit un pas en avant hésitant, complètement perdu. Devait-il le réconforter ? Pleurer avec lui ? Partir ? Il le dévisagea, méfiant. Nei avait pleuré une fois avant de se venger de son chagrin sur lui. « E-euh... » Harley regarda ailleurs, gêné. « J'ai f-froid... » Il l'avait dit sans trop y penser, en désespoir de cause. Trop gelé pour repartir, il entra dans la petite remise en passant le plus loin possible de l'autre esclave et alla se coller au fin-fond, contre le mur. S'il n'avait pas eu aussi froid, il se serait enfui. Il posa son manteau encore mouillé sur le sol et s'assit dessus, se mettant à fixer Varian-V. en réprimant des tremblements convulsifs. « J'ai… J'ai été au r-ruisseau... » Est-ce que ça allait t'intéresser de savoir, Varian-V. ? Je comprenais rien du tout à ce qui se passait. J'étais juste venu pour savoir si je pouvais aller dans un coin à l'abri du vent et de la neige, et tu t'étais mis à pleurer. J'avais même pas eu le temps de poser la question... « Comme ça… Tu me r-regarderas peu-peut-être plus comme tu me r-regardais... » Ça faisait trop mal au cœur ça, tu savais ? J'avais l'impression qu'on le tordait dans ma poitrine, qu'on l'essorait comme j'avais essoré ma chemise. Il l'observa d'un air triste avant de se concentrer sur ses bottes. Il avait les pieds glacés à rester dans ces chaussures en cuir remplies d'eau. Il les abandonna dans le coin à côté de lui et s'appuya contre le mur. L'air était moins froid à l'intérieur, déjà réchauffé par la présence de l'autre esclave. Il se remit à se ronger les ongles.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyVen 6 Mar - 11:50



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23 AOÛT 2482.
Il pleurait. Bon sang, pourquoi avait-il fallu qu'il se mette à pleurnicher devant Harley comme ça ? Pourquoi avait-il était incapable de se retenir ? Il était foutu, clairement foutu. Le cœur et le corps en vrac, aujourd'hui plus que jamais. Harley avait froid, il venait de le lui dire, mais les larmes n'avaient pas cessé de couler. L'ancien lui l'aurait pris dans ses bras pour le réchauffer. Le nouveau lui se contentait juste de le regarder d'un air triste. Et dépité. Mais surtout triste. Et puis, les mots de Harley terminèrent de l'achever. Il bloqua son souffle, son cœur se fissura un peu plus et il porta enfin une main à ses yeux pour les essuyer. Tu avais fais ça pour moi Harley, vraiment ? Tu sais que je n'en valait pas la peine, au fond. Que je ne mérite pas tout ça. Sans un mot, il se retourna et farfouilla dans ses affaires. Il avait un couverture de rechange, un quelques habits qu'il avait recousu lui-même. Il lui tendit un amas de tissus, de vêtement en tout genre. « Tu peux choisir, si tu veux. »

Et pendant qu'il hésitait devant ses habits, les mots de Harley résonnaient encore et encore dans sa tête. Comme ça… Tu me regarderas peu-peut-être plus comme tu me regardais... 

Pourquoi avait-il fallu qu'il tombe amoureux de lui, tout là-haut ? Pourquoi ? Il aurait pu juste être l'esclave Varian. Sans personnalité, sans famille ni amoureux. Il aurait pu juste continuer à vivre comme un moins que rien, sans s'en faire en permanence pour l'autre esclave, au nom de leur relation passée. Il avait essayé, pourtant. D'oublier. De faire comme si de rien était. De mettre des barrières entre eux. En vain. Alors il avait essayé de le regarder comme un moins que rien. C'était assez simple au fond : Harley était pathétique le plus souvent. Mais à chaque fois, une part du Varian qui avait grandit sur l'Arche se réveillait, et lui hurlait d'arrêter. Harley ne le voyait-il pas ? Son regard sur lui avait déjà changé. « Tu... Tu es mieux comme ça. » Il n'avait aucune idée de si Harley avait envie d'entendre une chose pareille, mais il y tenait. Ses joues étaient redevenues sèches, seuls ses yeux demeurés encore rougies par les larmes qu'il avait versé.

Mais c'était le choc. Le choc tout simplement. De voir une infime partie de votre passé resurgir avec ce visage pourtant si différent.

« Où tu étais aujourd'hui ? » Qu'est-ce que tu as fais, tout seul, tout ce temps, hein ? Oui, il s'était inquiété. Oui, son inquiétude l'avait rattrapé au grand galop après la cérémonie, alors que Nei était venu vers lui. Il avait peur de ce que la jeune femme allait lui faire. Encore. Je m'inquiétais en permanence, Harley. S'il y avait bien une chose qui n'avait pas changé chez moi, c'était bien ça. Là-haut, je m'inquiétais toujours, même si j'aimais feindre le contraire. Mais c'était qui, le garçon à ton chevet quand tu rentrait déchiré d'une soirée ? C'était qui, le garçon pour panser tes plaies et t'écouter rager sur la vie ? Je m'inquiétait toujours trop pour toi. En permanence. J'aimais bien faire le mec sûr de lui en te donnant de belles leçons de vie. Mais au fond, je voulais vraiment que tu m'écoutes. Et que tu apprennes. Ça me bouffait littéralement la vie, et ça continuait de le faire. Faire semblant de ne pas s'inquiéter en réalité comme je l'avais fait lors de nos retrouvailles, c'était pire.


─══─


SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
Est-ce que Harley venait réellement de lui demander s'il avait passé une bonne semaine ? C'était le monde à l'envers. C'était même étrange. En temps normal, les choses ne se déroulaient pas ainsi. Pour une fois, Varian avait l'impression de marcher sur des œufs, pesants ses mots et ses paroles, pour ne pas déraper. « Mmh. » Il haussa les épaules. « Ça peut aller. » Par contre, tu pouvais toujours rêver pour que je me confie à toi sur mes humeurs, mes bons jours comme les mauvais. Cependant, il notait l'effort louable de son voisin de ne pas vouloir tout foutre en l'air tout de suite. Il le regarda s'asseoir dans leur cuisine, leva un sourcil et tapota la table du bout des doigts, l'air pensif. « Je suis allé à une de tes soirées clandestines... Ce n'était vraiment pas fameux. » Certes, il s'était amusé les dix premières minutes. Il avait pris un malin plaisir à mémoriser tous les petits minois présents lors de la fête. Mais après ? Varian se lassait vite de ce genre de chose. Les gens devenaient vite fou, incontrôlables, et il n'avait pas eu envie d'en voir plus. De toute façon, il avait eu bien assez rapidement ce qu'il était venu chercher. « Je crois que ce genre de chose, c'est juste pas mon délire je crois... » Non, toi tu étais bien mieux chez toi, musique dans les oreilles ou attablé à ton bureau à t'arracher les neurones sur des problèmes de logique. Et puis aller à ce genre de fête, c'était se faire coller toute la soirée par des filles en manque de sensation, et il avait horreur de ça. Varian avait ses standards, et il n'en dérogeait jamais. Et son standards commençait par un « c », terminait pas un « a », et était la seule fille à l'avoir réellement comblée. D'ailleurs, en dehors de sa mère, et de sa sœur, elle était la seule fille qui valait un peu la peine sur cette Arche.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyVen 6 Mar - 23:19



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SUR L'ARCHE, Harley, quinze ans.
Cet abruti avait le don pour tout foutre en l'air… Mais quelque part, Harley en fut soulagé. Il lui coula un regard agacé et tapota la table. « Je ne t'ai pas demandé d'y passer du bon temps, je voulais juste que tu y repères les bon pigeon, abruti. » Que Standall n'aime pas ces soirées-là, Harley aurait pu s'en douter tout seul comme un grand. Chacun son kiff mon pote. « Enfin peu importe, j'imagine que tu t'en es rendu compte tout seul. » Garder le contrôle, surtout, garder le contrôle de la conversation… Il tapota ses feuillets et les fit glisser avec son voisin. « Tiens, voilà mes comptes. P't-être que j'ai glissé une ou deux bourdes pour que tu t'amuses un peu. » Pff… « J'ai de nouveaux trucs à proposer... » Malgré lui et bien qu'ils soient seuls dans la cabine, il ne put s'empêcher de jeter un regard inquiet autour de lui avant de sortir une petite boîte de la poche de son sweat. « Ce sont d'autres médocs. J'ai testé l'autre soir et les gens ont adoré. Si on se débrouille bien, on tient un bon marché je pense, surtout si on garde le monopole. » Il hésita. « L'avantage, c'est qu'un pote le fabrique en cachette. Il demande beaucoup en échange… Mais c'est addictif. Et c'est aussi un médoc, bien que les médicaux rechignent à en prescrire. Trop dangereux, trop addictif, mais génial contre la douleur. Toutes les douleurs. » Du cœur ou du corps. Tu n'imaginais pas l'état de soulagement que ça pouvait procurer, ces petites merdes. J'avais essayé l'autre soir, parce que… Peu importe, je n'avais pas besoin de te décrire l'état dans lequel je m'étais mis ni le calvaire ensuite. Mais ces trucs, Standall ? On tenait un truc de dingue. « N'importe qui va se l'arracher. » Il hésita, la petite boîte à la main,puis la fit glisser vers Standall. « Juste… N'en donne pas à Kimi. » Sinon je ne t'en passais plus, et tu pouvais toujours courir pour deviner l'identité de mon pote. « S'il te plaît. » Il dévisagea son voisin. C'était assez agréable de pouvoir discuter avec lui sans voir de colère sur leurs deux visages. Surprenant, mais agréable.


─══─


24 AOÛT 2482, Harley.
J'aimais pas comment tu me regardais, Varian-V. J'avais jamais aimé. Je me souviens qu'avant, tu me fixais d'un air méchant. Sur l'Arche, je veux dire. Tu me regardais comme si j'avais juste été un insecte un peu répugnant et stupide. Et puis, à ma plus grande joie – ma plus grande, vraiment ! – tu avais choisi de me regarder avec amour. On se fâchait beaucoup, mais des fois, dans le lit ou au détour d'un couloir, tu m'avais fixé de la plus belle des façons, de celle qui me faisait me sentir utile, aimé, important. Ces fois-là, mon cœur avait eu si chaud… ! J'espère que j'avais su te lancer les mêmes regards en retour… En tout cas, la même chose m'animait tout entier. Et puis tu étais mort, et j'avais voulu mourir aussi. J'avais défié tous ces gens que j'aimais pas pour qu'on me tue enfin, qu'on taise pour toujours mes pensées et mon cœur qui avaient si mal. J'avais prié pour que ça s'arrête, pour qu'on me jette dans le vide et qu'on e laisse y mourir comme un poisson hors de l'eau. Mais j'étais pas mort, et toi oui. On m'avait balancé sur Terre, et les dieux s'y étaient tous mis pour que je reste en vie, à te savoir mort et moi abandonné. J'avais un peu pris ça pour une punition, Varian-V., tu le savais ? Quand j'avais eu si froid dans cette caverne pendant si longtemps, j'y ai vraiment cru. Que les dieux voulaient me punir. Azgeda m'en parlait tout le temps, jusqu'à ce que je pleure pour m'excuser. Elle m'en parlait, et elle me punissait pour me repentir. Me repentir d'avoir existé, j'imagine ? Alors j'avais fini par arrêter. D'exister. J'avais tu tout mon Moi intérieur, et Maman m'avait aidé. Continuant de se ronger les ongles avec fièvre, Harley fut incapable de soutenir le regard triste de l'autre esclave. Ces trois ans resteraient toujours entre eux, quoi qu'ils fassent et quoi qu'ils disent. Trois ans avaient suffi à couper tout lien entre eux, à les transformer en deux parfaits inconnus ayant, dans une autre vie, fait un petit bout de chemin ensemble.

Enfin c'est ce que Harley avait cru jusqu'à il y a peu. Pour se conformer à cet idiot spectacle de marionnettes auquel ils se livraient, il s'était dit qu'il n'y avait plus rien entre eux, que Varian-V. ne voulait plus de lui dans sa vie, et qu'il se fichait un peu de l'autre esclave. C'était faux, son corps et son esprit lui hurlaient qu'il était bête de croire ça… Mais c'était tellement plus simple. Et j'avais envie que les choses soient simples, Varian-V. Je n'avais plus envie de réfléchir, et tu m'y avais obligé. Un jour, en me croisant à Missi et en prononçant mon nom, tu avais réveillé un océan de pensées et de peur. Je t'avais cru mort, tu piges ? Plissant les yeux, Harley regarda son ancien voisin fouiller dans un coin et lui tendre un amas de tissus. Il les fixa sans comprendre avant de tendre une main hésitante. « P-pour… Pour moi ? » Il était là, le plus grand maux. Varian-V. l'obligeait à repenser à lui-même en tant qu'individu propre, à parler de lui-même comme une personne indépendante, avec laquelle on pouvait vouloir interagir. Hormis Luna, mais Luna ne comptait pas vraiment, on n'utilisait le « je » de Harley que pour lui donner des ordres, des consignes ou des interdictions. Pas pour lui en tant que tel. Parler de lui, de ce qu'il avait fait de son propre chef, lui demander un tant soit peu de son avis, lui poser des questions… Il tergiversa encore quelques secondes avant de se décider à prendre les quelques morceaux de tissus. Il ne savait pas ce qu'il devait faire. Choisir ? C'était sec tout ça, et il rêvait de passer de telles vêtements sur lui. Il piocha une chemise similaire à la sienne et un vieux pantalon rapiécé mais pas troué et glissa un regard en coin à Varian-V. C'était ça ? Ou il allait se faire reprendre ? Peu importe, il caressa le pantalon et enfouit son visage dedans. Ce n'était pas doux mais… Je n'avais jamais eu d'autres vêtements depuis que j'avais été acheté par les nouveaux maîtres. Les saltimbanques m'en donnaient assez souvent, parce que je devais être habillé correctement avec eux. Mais ils étaient gentils, les saltimbanques. Ils donnaient de vraies consignes. Des fois, ils se moquaient de moi, mais ils étaient toujours justes. Au moins jamais injustes, rarement dégradants. C'était lui qui se rabaissait naturellement à l'époque, mais les anciens maîtres le remettaient sur les rails. Les mots de Varian-V. lui firent plaisir autant qu'ils l'attristèrent. « M-merci... » Il ne s'était pas trompé… Mais au moins avait-il peut-être pris la bonne décision ? Si ça convenait à Varian-V., ça lui convenait aussi. Sans compter Harley, que tu te rendais compte maintenant combien tu avais dérapé... Un tenace sentiment de honte le tenaillant, il déboutonna sa vieille chemise et enleva son pantalon pour enfiler les vêtements de l'autre esclave. Il se fichait de la nudité, trop d'humiliations sur le sujet… Et Varian-V. était sans doute la personne l'ayant le plus vu sans vêtements au monde. « Merci… » Il enfila la chemise, le bas, et profita un instant de la sensation de vêtements propres et sec sur son corps meurtri. Il aurait bien aimé voir celui de Varian-V., pour lire son histoire à lui sur sa peau. C'était sans arrières-pensées, une envie innocente pour voir ce qui s'était passé, mais il ne demanda pas. Il n'en exprima même pas clairement l'idée dans sa propre tête. À la place, il s'enroula dans la couverture supplémentaire et attendit de se réchauffer.

« J-j'étais... » Pas loin. Juste à côté de la maison en fait, mais invisible. Tu te souviens ? Tu m'avais demandé d'être invisible, de disparaître. Et ça l'avait rendit triste et amer. Un petit silence s'installa dans la remise pendant que Harley réfléchissait à sa réponse. Organiser les mots et les phrases pour faire une réponse claire, à la fois pour lui et Varian-V., remettre droit les événements pour les comprendre… Où était-il parti ? Si loin dans ma tête, Varian-V... Le plus grand voyage. « J'tais pa-parti… réfléchir. » Ta question était trop vaste. Tu te rendais compte de l'effort à faire pour te dire tout ça ? Tant pis, il avait envie de persévérer ce soir, de parler avec Varian-V. de tout ce qui lui dévorait le cœur, d'être un peu honnête avec lui après l'avoir été avec lui-même toute la nuit. « J-je… Je… Je... » L'esclave se cacha le visage dans la couverture et inspira profondément pour se calmer et se concentrer. Avant, je riais parce que tu ne savais pas lire plus de trois mots sans te perdre dans une page… Aujourd'hui, c'était moi qui me perdait en parlant. Il fit un effort monumental pour reprendre. « Je voulais… r-réfléchir à… à n-nous deux. » Il y avait tout eu dans leur histoire, mais jamais de l'indifférence. Jamais. Ils s'étaient détestés, ils s'étaient aimés avec passion, ils étaient morts ensemble… Et ils s'étaient recroisé par hasard. Hasard ? Les dieux que vénéraient les grounders avaient bien dû fomenter ce moment, comme une énième épreuve dans leur vie. Enfin Harley le voyait comme ça. Après des heures à méditer à côté de son petit feu, il avait analysé chaque élément, chaque chose, chacune de ses envies. Il était peut-être lent, mais il avait eu le temps de ranimer un peu ses neurones pour réfléchir à sa vie. « U-une fille m'a dit un j-jour que... » Un léger sourire lui éclaira le visage tandis qu'il regardait ailleurs. « … que les personnes d-destinées à être ensemble se r-recroisaient touj-toujours, qu-quoi qu'il se passe... » Harley resserra les pans de la couverture autour de lui et ramena ses pieds glacés à l'abri. Il aimait bien cette remise, cette petite lumière chaleureuse, et la couverture qui sentait un peu Varian-V. Il se sentait à l'abri, comme dans le Placard dans la maison dans le ciel. « J'y... J-j'y… J'y… Raah ! » Il se fila une claque, énervé de buter autant. « J'y p-pensais beaucoup ce… ces derniers t-temps... » Ça lui dévorait l'esprit même. J'avais envie que ton regard sur moi change, que tu ne sois plus indifférent comme ça envers moi, que tu ne fasses plus comme si nous étions deux inconnus. Tu n'imaginais pas combien ça me griffait le cœur quand tu me regardais comme tu le faisais, ou que tu te contentais du minimum syndical. J'avais eu envie de te secouer, de te supplier même. Je me serais mis à genoux et je t'aurais prié s'il tu l'avais demandé, juste pour que tu me parles comme tu le faisais il y a longtemps. Je te dis : il y avait tout eu entre nous, mais jamais de l'indifférence. « Ça… Ça me faisait m-mal que t-tu… Que tu fasses comme si n-nous étions d-d… Deux étrangers, et… » Il sentit de nouveau des larmes perler au coin de ses yeux et il les essuya d'un geste rageur dans la couverture. « Et que t-tu me co-connaissais p-pas... » Il y avait tout le reste aussi, mais il n'arriverait jamais à l'expliquer. Comment lui dire qu'il s'était senti ailleurs, effacé, toutes ces années ? Que par facilité, il avait décidé de son plein gré d'arrêter de faire des efforts ? Il y avait des milliers de choses qu'il avait envie de lui dire, de lui raconter, mais aucun moyen de les communiquer. « Et puis je suis p-parti me laver. Ça a p-prit p-pas mal de t-temps... » La dernière phrase, c'était une blague. Une tentative d'humour totalement incongrue qu'il souligna par une œillade malicieuse toute aussi inattendue. Harley avait envie d'apaiser la tension qui régnait dans la remise. Il avait envie que Varian-V. lui parle aussi, qu'il ne soit plus le seul à bafouiller des phrases idiotes et incompréhensibles. Il avait envie de savoir ce qui se passait dans la tête de la seule personne comptant pour lui, la seule capable de lui faire aussi mal et de le pousser à réfléchir, à penser, à sortir du cercle vicieux dans lequel il s'était voluptueusement jeté. « D-dis-moi ce que t-tu penses… » Je t'en supplie, me laisse pas encore seul avec toutes ces pensées qui allaient me rendre dingues. Les gens n'y pensaient pas, mais ma tête était un tsunamis, une boîte remplie d'ouragans qui me donnaient envie de la fracasser sur les rochers. En plongeant dans l'eau glacée du ruisseau, j'avais hésité. Varian-V., j'avais hésité à laisser la glace calmer ces tempêtes et à juste m'endormir. À me laisser porter par le courant pour être tranquille et arrêter de penser. « … S'il te p-plaît... » Une supplique unique.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyDim 8 Mar - 12:48



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23 AOÛT 2482.
Harley considéra les habits qu'il venait de lui tendre un instant avant de s'assurer que tout cela était bien pour lui. Pas une seule fois dans l'esprit de Varian son geste aurait mal pu être interprété. Quand il se changea sans aucune pudeur sous ses yeux, Varian détourna le regard, se sentant idiot l'espace d'un instant. C'était idiot parce qu'il connaissait le corps de Harley par cœur. Fut un temps où il pouvait retrouver les yeux fermés le moindre de ses grains de beautés, petites cicatrices ou autre marques dans le genre que laissait la vie. Mais ça te gênait quand même, c'est ça Varian ? Voir tes maîtres nus ne te posait aucun souci, parce que c'était eux. Qu'il n'y avait jamais rien eut d'ambigus avec eux. Mais lui, c'était différent, n'est-ce pas ? Le problème c'était lui, encore lui, et toujours lui. Il ferma les yeux un instant, inspirant un grand coup, essuyant son nez au passage quand la voix de Harley le ramena sur terre.

Réfléchir à eux deux ?

Il leva un sourcil, attendant la suite, sans prononcer un mot. Il était partit pour réfléchir. Tout ce temps. Oui, il avait fait comme si de rien n'était au départ pour eux deux. Mais c'était plus simple comme ça Harley, tu vois ? J'avais cru, bêtement, qu'en te mettant de côté, j'arriverai à oublier. Grossière erreur. « Ada aussi pense ça... des gens. » Et Varian y croyait à moitié. L'espace d'un instant, il se demanda qui avait bien pu dire une chose pareille à Harley. Et puis, ses mots terminèrent de s'imprimer clairement dans son esprit, et il releva ses yeux toujours brillants de larmes vers lui. Y croyait-il, lui ? Y croyait-il vraiment ? Étaient réellement fait pour se retrouver ? Pour être ensemble ? Il esquissa un sourire un peu fade qui peina à se voir et passa une main dans ses cheveux devenu bien trop foncés avec le temps. Le destin, hein ? Le destin est une pute, aurait dit le Varian des étoiles.

Varian rigola doucement à sa tentative d'humour. Si doucement qu'il peina à reconnaître son propre son de voix. Rire ne lui arrivait quasiment jamais sur terre. Et les dernière  fois qu'il avait esquissé un sourire, et laissé échappé un semblant de rire, c'était avec lui. Cet autre garçon qui peinait à se réchauffer avec la couverture dont il venait de lui faire cadeau. « Moi ? » Oui, toi, andouille. Il n'y avait que vous dans cette remise. Vous et personne d'autre. Juste deux âmes complètement esseulées. « Je... » Il cherchait ses mots, cherchait quoi dire. Pourquoi Harley lui demandait-il de parler ? Il était bien, juste là, à l'écouter. C'était un peu comme autrefois en fin de compte. Harley parlait beaucoup. Et Varian écoutait. De temps en temps, il glissait quelques mots quand la conversation s'y prêtait, et qu'il en avait envie. « Tu as changé. » Ce n'était clairement pas ce qu'il avait envie de dire. Ni de cette façon, de cette manière, et encore moins avec cette voix qu'il ne reconnaissait pas : beaucoup trop basse, et mal assurée. Cependant, c'était son cœur qui venait de parler, son cerveau partait en vrille, les idées de conversation tourbillonnaient dans son esprit. Et Varian n'arrivait pas à faire taire les voix dans sa tête, celle qui lui disaient de tout dire, tout ce qu'il avait sur la conscience depuis des mois. « Pas en mal, Harley. » Il tenta de se rattraper, et accompagna le tout d'un sourire qu'il espérait assuré.

Ce n'était pas compliqué, pourtant. Tout ce qu'il souhaitait c'était lui avouer qu'il était fier de lui. Heureux de le voir ainsi. Harley avait fait un saut immense aujourd'hui ; qu'encore hier, Varian pensait impossible pour lui. Il l'avait surpris, agréablement surpris, et pourtant, il n'arrivait pas à lui faire savoir. Et pour cause, il avait peur. De mettre les mots dans le mauvais ordre. De le rabaisser sans le vouloir. De mal s'exprimer. Lui qui avait toujours été sûr de lui là-dessus, le voilà qui hésitait à aligner deux mots, et  mettre de l'ordre dans ses pensées. « Et tu as raison, on devait se retrouver. On... on devait en arriver là. » Finalement, n'était-ce pas le début d'un nouveau chapitre Harley ? Nous nous étions détesté, aimé, séparé, retrouvé. La vie nous avait à nouveau séparé. Nous nous étions de nouveau trouvé. Et j'avais détesté ça. Et depuis quelques temps seulement, j'apprenais à prendre sur moi. À me dire que tout n'était pas perdu. Mais ce soir Harley ? C'était différent. Une page se tournait, et je le sentais. « On a encore des choses à vivre ensemble Harley. Des tonnes. » Et ni toi ni lui n'étiez prêts. C'était une certitude.


─══─


SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
Varian haussa les sourcils, un poil agacé. « Je ne comptes pas droguer ma sœur, Harley. Elle a un traitement suffisamment lourd comme ça. » Il se saisit de la petite boite et se dirigea vers sa chambre, pour la mettre en lieu sûr. Sa mère ne fouillait jamais dans ses affaires, et c'était un avantage de taille. Il en allait de même pour son beau-père, et sa jeune sœur. Et puis ne apparence, la chambre minuscule de Varian étai si clean que personne ne pouvait se douter de quoi que se soit. Tout était minutieusement bien rangé. Le lit était fait de façon quasi militaire, presque au carré. Collé à ce dernier son armoire était elle aussi impeccablement rangé. Et le bureau n'était pas en reste. « Je t'en dirais des nouvelles ! » lança-t-il à son voisin depuis sa chambre, tandis qu'il refermait avec précaution le tiroir de son bureau. Il avait fabriqué ce dernier lui-même avec ce qu'il avait pu troquer au marché. Parce que malgré les apparences, Varian était un bricoleur dans l'âme. S'il n'avait pas d'argent pour s'acheter ce qu'il voulait, il le fabriquait lui-même, avec les moyens du bords. Mais ça, tout comme sa passion dévorante pour la couture, Varian le passait sous silence. Seul Cara était au courant de ses hobbies favoris, et elle se gardait bien de le balancer à tout va. « Je suis plutôt fier de nous, voisin. » annonça Varian. « Pour une fois, je trouve que nous sommes restés très calme, et très polis l'un envers l'autre. Ça mériterait même une petite croix blanche quelque part. », rigola-t-il. Bon sang, si Kimi les voyait. Sans doute aurait-elle l'impression de nager en plein délire.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyDim 8 Mar - 22:43



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SUR L'ARCHE, Harley, quinze ans.
Harley regarda la petite boîte disparaître dans la chambre de Standall puis récupéra ses comptes. Ils avaient fini, Harley allait pouvoir partir… Mais bizarrement, cette idée ne l'enchantait pas tellement. Il n'avait pas eu la moindre envie de venir, maintenant il ne voulait plus partir. Il détestait Standall, mais il désirait sa présence et il avait une folle envie de continuer à l'observer, de regarder en détail ses yeux, son nez trop mignon et tout plein d'autres détails qui rempliraient sa cervelle quoi qu'il arrive plus tard. Ça lui venait comme ça, parfois à table avec son père, parfois dans son lit, parfois à la bibliothèque. Une odeur, un parfum, un reflet qui faisait que, et Harley se retrouvait plonger dans des rêveries sans fin coupées de sensations absolument délicieuses et beaucoup trop invasives. Il voulait Standall comme il n'avait jamais désiré quelqu'un d'autre, c'était plus fort que lui. Ça l'horrifiait, mais c'était un régal de rêvasser comme ça. La voix de son voisin le fit sursauter et il froissa ses feuilles. « Bah… Dans le fond, nous n'avons pas tant de raisons que ça de nous hurler dessus. » Outre le fait qu'on ait décidé dix ans avant de se haïr à jamais. Mais je rêvais tellement de dépasser tout ça Standall, de te toucher… Ou bien de t'étrangler. Pas d'entre d'eux, pas de simple tolérance, je… C'était horrible de te savoir là, juste en face de moi, et de devoir me cantonner à dire des conneries et à essayer de rester polie. Déjà ça ne me ressemblait pas, et en plus… Tu imaginais la torture ? Enfin j'imagine que non... Harley se leva et fit quelques pas raides à travers la pièce. « Si on a rien de plus à se dire... » L'adolescent prit la direction de la porte, passa à quelques centimètres de son voisin et, pour la raison la plus obscure qui puisse exister, il lui effleura le dos du bout des doigts. Putain t'es con mon vieux. Il en rêvait. Juste… Il en rêvait, et son fucking bras avait agi tout seul. « Euh, je m'en vais du coup. » Il sortit de la cabine un peu trop vite et claqua la porte avant de se précipiter chez lui se jeter sur son propre lit. Ça allait le rendre dingue, tout ça.


─══─


24 AOÛT 2482, Harley.
Tu as changé.
Tu as changé. Harley observa Varian-V. avec méfiance, l'esprit vide, incapable de savoir quoi faire de ce type d'affirmation. Il s'en sentait un peu attristé, un peu vexé aussi. Il avait changé… Toi aussi tu as changé, voulait-il hurler à l'autre esclave. Plusieurs fois, il avait eu envie de faire disparaître ce Varian-V. qui n'était définitivement plus Varian, et plusieurs fois, des scènes de violence s'étaient imprimées dans sa tête. Lui faire mal, le faire partir, le faire mourir. Faire disparaître cette copie si méchante. Depuis, il avait réfléchi, il avait peiné pendant des heures pour réussir à remettre de l'ordre dans sa tête si malmenée et entrevoir, un peu, la vérité. >i>J'avais changé. Le changement devait être un peu décevant, j'imagine… En tout cas, sans doute pas en bien... Il détourna son regard triste et se pelotonna contre le mur en essayant d'enrayer la vague de peine et de colère qui lui brûlait l'estomac. Il n'avait pas besoin de Varian-V. puis lui souligner une vérité aussi évidente et douloureuse, mais c'était de sa faute : il avait posé la question. « Oui. » Un oui tout plat, tout triste. Pas en mal ? Mais le mal était déjà fait. Tu avais toujours su trouver les plus petits moments possibles pour me faire une peine immense. C'était ton plus grand talent, de me briser de cœur et de shooter dans mes espoirs. Il fixa obstinément le mur, le cœur au bord des lèvres. Pour la suite… Pouvait-il prendre ce genre de phrases au sérieux après avoir vu une conversation tourner aussi court ? Il n'était pas un as des échanges, Harley, et c'était sans doute la première vraie conversation qu'il avait du depuis trois ans, mais il se sentait juste malheureux. Il avait fait tous les efforts du monde mais il était apparemment le seul. « S-si tu le dis... » Il allait s'allonger, il se redressa sur un coude au dernier moment. « J-j… Je peux rester là ? » Des tonnes de sujets de conversation lui tournaient dans la tête. Harley aurait voulu parler avec Varian-V., profiter sans s'arrêter de l'opportunité de cette soirée… Mais s'il avait un mur en face… « T-tu dis la v-v… La vérité ? D-demain, t-tu ne seras pas m-méchant avec moi ? » Harley tendit une main vers son ancien voisin, hésita et se ravisa. Il l'aurait bien touché, juste pour s'assurer qu'il était réel, que ce n'était pas une hallucination comme il en avait déjà eu. Tu disais que nous avions encore beaucoup de choses à vivre ensemble… Tu le pensais vraiment ? Je trouvais ça bizarre, qu'on se connaisse comme ça, sur Terre, après… Après toute l'Arche. C'était étrange de repenser à là-bas, au passé. J'avais repassé en boucle beaucoup de souvenirs dans ma tête, mais ils me semblaient tous un peu inventés, comme s'ils avaient existé dans une autre vie mais qu'ils me laissaient indifférents aujourd'hui. Enfin, indifférent pour les souvenirs, parce que les émotions et les sentiments qui m'animaient quand je pensais à toi, au toi de là-haut et d'ici-bas, étaient bien réels, et cent fois plus douloureux.

« D-des fois, je pense à av… à avant, à nous a-avant, à toi, à m-moi... » Harley n'avait définitivement pas envie de se taire. Il s'était tu pendant trois ans et, si ça ne l'avait pas dérangé jusqu'à il y a quelques mois, il extériorisait enfin tout ce qui le hantait depuis le retour de Varian-V. Il y avait trop de choses dans sa tête, trop à supporter pour se retenir encore. Toute la journée et toute la nuit passée, il avait eu le temps de ressasser tout ça… Maintenant, il voulait des réponses, un échange, pour pouvoir se lever sereinement demain et repartir à ses tâches habituelles sans devenir dingue. Plus dingue qu'il n'était déjà. « P-pardon... » Peut-être qu'il ennuyait Varian-V. ? « Je peux p-plus rester sans s-savoir... » chuchota-t-il d'un ton épuisé. « Tu as t-toujours su me r-r… Me rendre f-fou... » Des phrases dans n'importe quel ordre, juste pour arracher des mots, des pensées à Varian-V. et pouvoir enfin mettre un peu d'ordre dans sa tête. « J-je sais pas quoi f-faire... » Qu'est-ce que je devais faire, Varian-V.? Ils étaient peut-être sur Terre, mais peu de choses avaient changé finalement. Harley était toujours un gosse paumé, incapable de prendre soin de lui, et Varian toujours aussi incapable de communiquer. « Et j-je sais pas ce qu'on d-doit faire non pl… non plus. »


─══─


SUR L'ARCHE, quelques mois plus tard, Harley, quinze ans.
Harley soupira profondément. Ça faisait deux heures et trente-six minutes qu'ils y étaient, à fixer ces putains de feuilles sans comprendre. Il y avait une bourde quelque part, la première depuis leur début, mais ils étaient absolument incapable de la localiser. Tout semblait bon dans les comptes, et pourtant ça ne collait pas à leur stock. « C'est incroyable quand même... » répéta-t-il pour, lui sembla-t-il, la centième fois. « Il n'y a pas d'erreur mais il y a une erreur quand même. » C'était Standall qui relisait maintenant, Harley avait jeté l'éponge après s'être mis dans une colère noire. En théorie, il était censé décompressé pour redevenir à peu près utile mais… Bah, tu me connaissais, pas facile de faire redescendre la machine une fois que j'étais en pétard. Alors il se contentait de se plaindre à voix haute pour éliminer tout la frustration. « On devrait peut-être aller tirer un coup pour se réoxygéner les neurones tiens. »


Dernière édition par Harley Weise le Dim 24 Mai - 12:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyMar 10 Mar - 12:01



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24 AOÛT 2482.
« Tu peux rester... » répondit Varian à voix basse. De toute façon, le matin, personne ne venait le lever : il aurait donc le temps de demander à Harley de partir avant que sa maîtresse folle furieuse vienne faire irruption et ne le cherche partout. Il était, depuis le temps, réglé comme une horloge. La question de Harley le laissa perplexe, et il se contenta de secouer la tête. Méchant avec toi ? Non, non je n'allais pas l'être. Au fond, tu sais, je n'avais jamais voulu l'être. C'est juste que... comme toujours, je m'étais senti presque obligé. Tu sais, comme autrefois, sur l'Arche. Au départ, je n'avais eu aucune raison de ne pas t'aimer. Mais tu avais joué avec ma petite sœur, et puis, avec moi. Tu m'avais obligé à te détester. C'était à croire que c'était tout ce que tu attendais de moi.

Il se roula en boule dans son coin, mais toujours tourné vers Harley. Ce dernier ne s'arrêtait plus et... Depuis leurs retrouvailles sur Terre, c'était bien la première fois qu'il parlait autant. D'ailleurs, Varian était même étonné de son débit de parole. Il avait fini par s'habituer à ce Harley qui ne parlait pas ou très peu, ou que pour dire des choses sans queues ni têtes. Il n'osa pas répondre, l'interrompre, de peur de le bloquer pour la soirée. Et visiblement, Harley en avait besoin. D'extérioriser. De tout lui dire. Il ne pouvait plus resté muré dans le silence. Quand il il sembla que l'autre garçon avait plus ou moins terminé (il ne savait jamais où étaient les limites avec Harley), il se risqua donc à prendre la parole. « Moi aussi, ça m'est arrivé. » De penser à nous. Au nous d'autrefois. Et c'était douloureux à chaque fois. « Et je n'en sais rien non plus... » Tu sais, je n'avais pas réponse à tout comme autrefois Harley. Avant, je t'aurais sûrement répondu un truc bateau et évident. Voir idéaliste sur les bords. Mais là ? Moi non plus, je n'avais aucune idée de là où nous allions. Toi et moi, nous avancions à l'aveugle. Mais n'était-ce pas ce que nous faisions déjà là-haut ? Avouons le Harley, nous n'avions jamais su où notre relation nous mènerais. Tu voulais rester avec moi, je désirais la même chose. Mais au fond, on se contentait de vivre au jour le jour. Sans trop se faire de plan. Les plans n'avaient jamais trop marché avec nous. « Et... Tu me rendais fou aussi, tu sais ? Je ne savais jamais où donner de la tête avec toi.... » D'ailleurs, il ne savait toujours pas.


─══─


SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
Harley était bizarre. Bon. C'était environ la centième fois que Varian se faisait le commentaire, mais là, quelque chose ne tournait décidément pas ronds chez lui. D'abord, il lui proposait des activités douteuses à deux. Ensuite, il était pris de cette irrépressible envie de le toucher. Bon sang, ça, il ne s'en remettait toujours pas. Et aujourd'hui, c'était quoi ? Qu'allait encore lui sortir Harley Weise ? Pour l'heure, il était en colère, en colère devant une soi disant erreur dans leur compte.

Et je suis désolé, mais je n'avais pas la tête à ça. J'écoutais qu'à moitié ce que tu me disais. C'était bien la première fois de ma vie que des chiffres m'intéressaient aussi peu en réalité.

Il avait à présent les feuilles sous les yeux. Il n'avait même pas essayé de chercher à vrai dire. Il avait juste laissé Harley enrager tout seul. Et puis... de toute façon, si erreur il y avait, elle ne ferait pas long feu. Il finirait bien par mettre le doigt dessus, car s'il y avait bien une chose avec laquelle il était doué, c'était ça. Le regard à moitié vide, il regardait les lignes et les lignes de chiffres et de lettre.

Mais j'avais la tête ailleurs. J'étais incapable de me concentrer aujourd'hui, vraiment. C'était peut-être à cause de Cara, que j'avais du consoler toute une bonne partie de ma soirée. Ou du fait que mon crétin d'intermédiaire n'en faisait qu'à sa tête en ce moment ? Et qu'il allait finir par me faire sortir de mes gonds, une bonne fois pour toute ? Oui, c'était peut-être ça...

« Pardon ? » Et pour la première fois depuis plus de deux heures maintenant il capta vraiment ce que venais de balancer son voisin. Sur le coup, il ne su pas vraiment s'il était sérieux ou non. Était-ce une blague ? Avait-il bien compris ? En fait, non, il avait l'air plutôt sérieux le con. Pourquoi tu me balançais ce genre de trucs Harley ? On était pas potes hein, je me passais volontiers de savoir que ce genre d'idée de traversais l'esprit quand tu étais avec moi. Et puis... « on » ? Tu m'incluais dedans là ? « Vas-y tout seul si t'es en manque. » lâcha-t-il d'un ton plat. Hier, il avait eu sa dose de gonzesse pour la semaine. Non, pour le mois. Sa meilleure amie lui avait tellement cassé les pieds, pensant qu'elle était enceinte pour la trentième fois de sa vie... Bon sang, quand comprendrait-elle que tant qu'elle gérait ses changements d’implants, elle n'avait rien à craindre ?
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyDim 24 Mai - 14:20



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24 AOÛT 2482, Harley.
Harley se roula en boule contre le mur du fond, cherchant une position à peu près confortable tout en méditant les paroles de Varian-V. Il n'avait plus envie de parler, pas au risque de se prendre une nouvelle réflexion qui le plongerait dans la détresse et qu'il l'empêcherait de dormir. Les derniers mots de son ancien voisin étaient très bien comme ils étaient : ambigus, parfaitement incompréhensible pour la petite tête de Harley, et étrangement réconfortant. Paumé mais bizarrement heureux, l'esclave fixa un bout de Varian-V. en silence. « D'ac-accord, bonne n-nuit... » En rester là, c'était le mieux pour eux deux. Ne plus rien dire, ne plus rien ajouter au risque de casser le fragile équilibre auquel ils étaient parvenus ce soir. Plusieurs mois les séparaient de leurs retrouvailles maintenant, et en y repensant, Harley se rendait compte qu'ils avaient avancé. C'était imperceptible, invisible, des petits pas accolés les uns aux autres, des micro efforts… Mais tu le sentais, Varian-V. ? Tu le voyais, que nous étions plus… Plus... Proches. C'était le mot qui manquait, et qui ne venait pas dans sa tête. Ils étaient plus proches grâce aux efforts minuscules qu'ils avaient fait l'un et l'autre. Alors peut-être qu'aujourd'hui, la disparition e Harley et sa baignade glacée avaient permis un pas de géant mais rien n'aurait été possible sans les quelques élans de gentillesse de Varian, et les petites tentatives de rapprochement de l'autre esclave. La chance que nous avions eu, ça avait été de nous recroiser… Tout le monde ne se recroisait pas. Il n'avait jamais recroisé Maman après qu'elle ait disparu dans l'espace après tout.

L'esclave sentit des larmes perler aux coins de ses yeux. Maman aurait eu honte, il en était sûr. Son père, Jan, aussi d'ailleurs. Aucun de ses deux parents ne l'aurait reconnu, allongé sur le sol d'une petite remise à bredouiller difficilement des explications au gars qu'il avait le plus aimé au monde. Et Kimi, qu'ils avaient revu sur Terre ? Avec Cara ? Improbable. Son estomac se tordit d'angoisse. « P-pour Kimi et C-Cara, on…? » ança-t-il soudain à mi-voix en brisant le silence de la remise. Il se tortilla et s'allongea sur le dos pour fixer le plafond perdu dans l'ombre. Il n'avait presque pas repensé aux deux filles depuis qu'ils étaient tombés par hasard sur elle. Il ne pouvait pas repenser à elles, c'était beaucoup trop… Ça dépassait largement les capacités de son imagination actuelle. « Var-Varian-V., on a été n-nuls... » C'était rien de le dire, mais tant que sa tête était en état de formuler des phrases aussi claires, il profitait de l'occasion. Il ne savait même pas si le lendemain, il arriverait à terminer ses mots. Cet aléatoire le tuait. Les événements aussi. Quelles avaient été les chances que Kimi et Cara soient un jour sur Terre ? Et pourquoi d'ailleurs ? Elles ne le méritaient pas. Personne ne le méritait d'ailleurs. Personne ne méritait d'être brutalement expédié sur Terre. Mais Kimi ? Cara ?


─══─


SUR L'ARCHE, quelques mois plus tard, Harley, quinze ans.
Le reste de son énervement passa dans le stylo-bille qu'il lança à la figure de Standall – un geste qui deviendrait un jour beaucoup trop commun pour être notable. « Putain mais c'est pas possible ça, de ne jamais savoir rire un peu ! » En réalité, il ne savait pas trop lui-même s'il avait dit un truc pareil pour rire ou s'il était sérieux… Mais le stoïcisme de son voisin l’insupportait. « C'est bon, décoince-toi un peu. » Il se baissa pour ramasser le stylo avec agacement, content de l'avoir vu rebondir sur le grand front coincé de l'autre garçon. « Si au lieu de réfléchir à je ne sais quoi, tu cherchais l'erreur, on aurait terminé depuis longtemps. » Lui n'avait pas la patience de relire encore une fois le papelard. Pas avec Standall à moins de dix mètres de sa petite personne. Tu me saoulais, à être à ce point incapable d'être un tant soit peu sympa avec moi. « Je fais des efforts pour qu'on puisse causer normalement, si tu n'as pas remarqué. » Connard. Comme si c'était simple de parler avec toi, Standall. Je testais toutes les approches possibles et inimaginable, je cachais le rouge aux joues qui venait bien trop facilement, je lançais des blagues, des piques, des phrases plates, des banalités, des compliments, des insultes… Ça ne changeait rien. C'était déprimant. La vie en général était déprimante, mais avec Standall dans l'équation, c'était pire. Harley se laissa tomber sur une des chaises de la kitchenette et se frotta les yeux. « Tu ne voudrais juste être normal avec moi ? Ça serait plus agréable pour tout le monde. »
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyJeu 2 Juil - 13:01



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24 AOÛT 2482.
Entendre le prénom de sa sœur et de sa meilleure amie le figea. Où étaient-elles ? Que faisaient-elles ? Étaient-elles toujours en vie ? À errer sur terre sans savoir où aller, comment survivre ? Il avait essayé de ne pas y penser. Et souvent, il y parvenait. Ses tracas quotidiens prenaient le dessus, et il éclipsait la présence de sa sœur et de Cara sur terre. « Oui... », murmura-t-il. Oui, ils avaient été idiots, maladroits. Cara ne les avaient pas reconnu. Cara avait fait face à deux inconnus, en avait été terrifiés, et l'idée que cela soit la dernière image que la jeune femme garde de lui le terrifia. Comment avaient-ils pu tomber aussi bas... Au fond, ils connaissaient tous les deux la réponse. Varian ferma les yeux, chassant de sa tête les dernières images qu'il avait d'elles. Il avait manqué de ne pas reconnaître sa sœur. Elle avait grandit, indéniablement, mais quelque chose avait de toute évidence changé chez elle. Et cela ne datait pas de son arrivée sur terre. Kimi n'était plus la même, il n'avait pas pu préserver l'un des êtres qui comptait le plus à ses yeux, et il s'en mordait violemment les doigts. « Il faut que nous les retrouvions Harley... » L'idée vague de fuir, de retrouver sa sœur et Cara lui traversa l'esprit, mais il la chassa aussitôt. Il ne pouvait pas laisser Ada. « Mais tu sais.. Je pense qu'elles sont assez fortes pour survivre. » Plus que nous, manqua-t-il d'ajouter.

Ce n'est pas compliqué, de l'être plus que toi.

Parce que cela lui faisait mal de l’admettre, mais il savait que Cara se serait battu, et Kimi également. Cara n'avait jamais été lâche, sa sœur non plus. Cara était comme Harley, du temps de l'Arche. Elle avait une âme un peu rebelle sur les bords, ne supportait pas recevoir des ordres. Et par-dessus tout, elle avait sa fierté. Aurait-elle pu finir comme l'autre garçon, roulé en boule non loin de lui ? Ou aurait-elle choisi un autre chemin ? Il priait très fort pour que rien ne leur arrive jamais. Pour que leur liberté ne leur soit jamais ôté. C'était une crève cœur que d'imaginer sa propre sœur, marqué au visage, enchaîné dans une maison qui n'était pas la sienne, à servir des gens comme Aya, ou son nouvel époux. Il ne parvenait même pas à l'imaginer. Sa sœur attirerait irrémédiablement tous les regards, avec sa chevelure dorée et ses yeux qui en faisait rêver plus d'un.

Un frisson lui parcouru le dos en imaginant les pires horreurs, et il se redressa, comme dans un sursaut, et passa une main sur son front. Il devait les retrouver, coûte que coûte, et les faire fuir loin d'ici.


─══─


SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
Varian fronça les sourcils et se pinça l'arrête du nez, agacé. « Mais je suis comme ça Harley... Ne pense que pas que tu vas me changer, ou quoi que ce soit... » Ce n'était pas distméchamment, c'était plus une sorte de constat. « Et puis, je suis normal. Je ne pense pas vraiment sortir des standard de ce que fournis cette arche géante. » En dehors de son QI et de sa capacité de réflexion plus élevés, bien sûr, se retint-il d'ajouter.  Il soupira et poussa les feuille devant Harley, entourant au crayon une petite ligne écrite en patte de mouche. « Tient, ton erreur. » Maintenant son cerveau allait pouvoir se concentrer pleinement sur autre chose. C'était ça, il fallait évacuer les problèmes un à un. Cara, fait. Erreur de compte, fait. Finalement, ce n'était pas plus compliqué que ça mais il se retint de faire la remarque à voix haute. Tu vois je viens de faire un bel effort Harley. Et maintenant... Il plissa les yeux et fixa avec une grande intensité son voisin.

Il avait des yeux curieux Harley, et ce n'était que maintenant que cela le frappait réellement. Ils étaient bleus, jusque là, rien de bien folichon. Sa sœur avait elle même de magnifiques yeux clairs à en faire baver plus d'un. Mais il aimait ce que dégageaient ceux de son voisin. C'était de la colère, la plupart du temps, cependant, il y avait ses rares instants où il y voyait autre chose. Il ne savait pas vraiment quoi, il ne savait même pas si c'était juste lui qui s'imaginait des choses ou non, mais il aimait bien son regard, à ces moments précis. Quand il cessait de le regarder comme le derniers des imbéciles, ou un gars qu'il avait tout simplement envie de trucider. « Tu m'apprécie quand même un peu, mmh ? » La question était sortie toute seule, sans qu'il ne prenne le temps de correctement la formuler. « Enfin, j'veux dire... Tu ne me déteste pas complètement, si ? » Tu avais besoin de savoir ça pour une raison qui t'échappait complètement. Lui, t'avais souvent posé la question. Lui, t'avais souvent dit qu'il ne pouvait pas te voir en peinture. Mais à chaque fois, cela arrivait sous le coup de la colère, ou une énième dispute. Aujourd'hui, tu voulais juste savoir, dans un contexte différent.

Sinon... Pourquoi moi, hein Harley ? Je sais que je t'ai déjà interrogé sur ce sujet, mais ça ne peut pas être juste parce que je suis clean aux yeux de tous, hein ? Il y a autre chose, je me demande juste quoi.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyDim 5 Juil - 12:50



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Un petit creux entre deux planches laissait passer un léger rayon de lune. Incapable de le lâcher du regard, Harley se laissa le temps de formuler une phrase courte mais nette. « On p-peut aller les chercher b-bientôt… Demain, ou b-bientôt... » Quand les deux garçons avaient croisé Cara et Kimi, il avait eu peur. Honte, mais surtout peur de les voir, peur de les imaginer sur Terre, peur d'avoir des fragments de son passé dans sa vie d'aujourd'hui. Déjà, le retour de Varian-V. dans son quotidien maussade avait eu l'effet d'une tornade – non, d'un ouragan – sur lui. Harley n'avait pas envie d'imaginer l'effet qu'auraient deux autres personnes parmi les plus importantes de son ancien lui. Il n'était plus son ancien lui, il ne le serait plus jamais… Quelque part, il avait tiré une grosse croix sur son passé et c'était aussi bien comme ça. Plus de Harley Weise, plus de navire dans les étoiles, plus de sang, de larmes… Enfin si, avec Varian-V., toute sa colère et sa tristesse étaient revenues. Il n'en voulait pas plus… Il n'était pas capable d'en supporter plus. Mais pour Kimi et Cara, Harley, tu était faible. Tu étais incapable de les abandonner à leur sort par égoïsme. Déjà, tu n'avais jamais été égoïste, ensuite… Ensuite, tu les aimais toutes les deux profondément. Ça, la Terre n'avait pas pu ni le changer ni l'effacer. Deux filles « comme tes sœurs ». « On est ob-obligés de le f-faire. » Même si elles étaient assez fortes pour survivre. Pour se débrouiller. « Nous aussi, on aurait d-du être assez f-forts pour s-survivre... » Ils l'avaient été : ils étaient toujours vivants. Mais survivre, c'était aussi abandonner une part de leur âme. Harley n'avait pas envie de Cara et Kimi aient à connaître ça. Il passa une main tremblante dans le petit rayon de lune, entrevoyant brièvement l'état de ses mains, pourtant exceptionnellement propres. Il ne voulait pas voir des mains comme ça chez Cara, des dizaines de cicatrices, une brûlure au poignet, des ongles cassés, arrachés. Si beaucoup dataient de l'Arche, la plupart venaient d'ici. Blessures au travail, punitions, agressions, méchanceté gratuite… Cara devait se mettre du vernis à ongles, pas des clous dans les doigts. Quant à Kimi… Harley repensa à la petite perfection qu'elle était.

Varian-V. se redressa d'un seul coup sur sa couche, faisant sursauter Harley. L'esclave se redressa sur un coude pour le regarder avec méfiance. « Q-quoi… ? » Aussitôt sur le qui-vive, aussitôt le cœur battant, aussitôt l'adrénaline. Non, il n'avait définitivement pas envie que Kimi et Cara connaissent ça.


─══─


SUR L'ARCHE, quelques mois plus tard, Harley, quinze ans.
Ouais ben c'était de la merde, ton « comme ça ». Harley jeta un regard noir à son voisin et s'appuya sur le dossier de la chaise en croisant les bras. Il avait envie de bouder. En fait, il était fâché, agacé… Et il ressentait une certaine envie de laisser tomber. Il menait sa petite croisade idiote avec Standall pour répondre à un instinct à la con, mais il souffrait plus qu'il n'était heureux. Bon, il n'était jamais heureux, sauf parfois avec Kimi éventuellement. Après des paroles pompeuses, Standall lui tendit son erreur. L'espace d'une seconde, Harley résista à l'envie de chiffonner le papier pour lui jeter à la tête. Les doigts tremblants, il attrapa la feuille pour fixer d'un air vexé la faute entourée. Il n'était pas bête, mais son voisin était plus studieux et cent fois moins impatient que lui. « Ouais ben… Voilà. » Argumentation quand tu nous tiens.

Harley reprit le calcul avec agacement, ses doigts tapotant nerveusement la table de la cuisine. Il avait connement mal recopié un + et un -, et il leur avait fait perdre un temps fou. Il termina les comptes en deux-deux pour rapidement tout ranger dans les affaires officielles (enfin officielles, façon de parler…) de leur commerce. La question de son voisin le prit au dépourvu, le figeant net dans son rangement. Si je t'appréciais ? Tu étais vraiment la personne la plus conne de cette Arche, Varian Standall. Et c'était quoi, ces espèces de suppliques déguisées là ? Cet abruti ne pouvait donc pas vivre si l'intégralité de l'espèce humaine ne l'admirait pas ? Un  instant, si bref qu'il sembla imaginaire, Harley envisagea de lui exposer combien il pouvait le haïr. Ça n'aurait pas été trop compliqué, c'était la vérité. Il le détestait du fond du cœur, lui, ses manières polies et fausses, ses sourires en papier et sa méchanceté spontanée. Ils étaient deux parfaits opposés, ils n'étaient pas fait pour s'apprécier. Le regard rivé sur les feuilles de compte, Harley se demanda s'il allait rester comme ça à jamais, pris au piège par une question aux milles réponses.

Et puis il fit la connerie de sa vie. Pilotage automatique. Sans trop savoir pourquoi ni comment, il se releva en poussant sa chaise et jeta les comptes dessus. Fit le tour de la table. Pourquoi j'ai fait ça, Standall ? Pourquoi j'ai cru que… Je sais pas, j'ai pas réfléchi, mon corps a agit tout seul. Tu m'offrais une opportunité unique et… Je n'aurais pas dû la saisir. C'était con, putain. Ses lèvres effleurèrent celles de Standall une brève seconde et, comme elles ne disparaissaient pas immédiatement, elles se pressèrent contre les siennes avec plus de passion. Son cœur rata un battement, il arrêta de réfléchir. Il avait rêvé cette seconde un milliard de fois, seul au réfectoire, seul en cours, seul, seul, toujours seul. Une trop courte seconde plus tard, il s'écarta de son voisin avec brutalité pour plonger un bref instant son regard dans le sien. La connerie de sa vie. Un florilège d'excuse lui passa par la tête : pardon, je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, ou encore oups, fallait que je te rassure, ou… « Si je te hais ? » Il était encore dans une espèce de transe bizarre, le sang hurlant dans ses oreilles, des picotements partout.

Lentement, Harley contourna la table pour récupérer les papiers d'une main tremblante. Il fallait qu'il sorte d'ici. Standall n'allait plus jamais vouloir lui parler et… Pire, il pouvait raconter n'importe quoi à n'importe qui. Je crois que j'aurais pu te tuer pour ça… Mais plus tard, parce que le pire dans tout ça, c'est que je m'en foutais. J'aurais tout échangé pour pouvoir enfin être honnête avec toi. J'en avais marre de me planquer, de subir ta méchanceté et tes remarques, d'être l'idiot qui te suivait d'un regard et qui se contentait de rêver. Au pire… Au pire, tu me haïras encore plus mais tu sauras la vérité. Le cœur au bord des lèvres, Harley passa en silence à côté de son voisin pour sortir. Trop de silence, beaucoup trop de silence. Un instant parfait pour une éternité de silence.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyLun 31 Aoû - 18:18



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24 AOÛT 2482.
Demain, bientôt... Le problème était toujours le même. Encore et toujours. Ils ne pouvaient pas laisser derrière eux leur famille respectives. S'absenter sans leur demander la permission serait signer leur arrête de mort, ou pire. Varian savait qu'il y avait bien pire que la mort qui les attendait, si une faute pareille était commise. Il savait ses maître doués pour punir, ceux de Harley encore plus. Alors fuir pour retrouver Cara et Kimi, les sauver, et tenter de survivre tous les quatre... Varian ne pouvait l'envisager. Demander une permission pour quitter le domicile ? Impossible. Jamais Ada ne le laisserait filer, il ne le savait que trop bien. Et Aya avait beau être marié, bientôt installé dans un nouveau foyer, il le savait pertinemment : elle tâcherait de toujours garder un œil sur lui. Il était pris au piège, comme son ancien voisin, et cela, depuis des années. « On trouvera une solution... », murmura-t-il. Ils le devaient.

Nous aussi, on aurait d-du être assez f-forts pour s-survivre... 

Les mots de Harley résonnèrent dans sa tête de longues minutes. Oui, eux aussi auraient dû. Mais ils avaient échoué. Varian avait bien envie de se dire qu'une ère nouvelle débutait dès à présent, mais il peinait à croire à son propre mensonge : il n'y avait rien de nouveau. Juste un mariage qui n'allait rien arranger à leur condition respectives. La vie allait continuer, comme hier, comme le jour d'encore avant... Et ils allaient reprendre leur routine ennuyante et épuisante sans broncher. « Rien rien je.... Tu sais comme je suis. Je ne peux pas m'empêcher de penser au pire. Tout le temps. Ça, c'est un truc qui n'a pas changé... » Il se gratta la gorge et ramena un peu de sa couverture sur lui. « Je voulais pas te faire peur... », murmura-t-il en lui intimant d'un geste que tout allait bien. Quelque part, très enfouis en lui, le garçon de l'Arche eut envie de le prendre dans ses bras pour le rassurer. Les gestes de la sorte avait été si rares, là-haut, et c'était en arrivant sur Terre qu'il en était venu à le regretter. Mais le garçon qui vivait là, dans le froid, en était incapable. Il se contentait de le fixer avec ses yeux ronds et mornes, sans aucune conviction. Il voulait qu'il aille bien, qu'il se recouche sans voir cette lueur alarmée dans le regard, mais ne faisait rien.

Il se rendait malade rien qu'en pensant qu'à présent, il lui semblait impossible d'avoir la moindre interaction normale avec les autres. Pas de gestes affectueux ou amicaux, pas de gestes tendres ou rassurants. Il se sentait incapable de faire tout cela, même quand l'envie le lui en prenait. Son corps ne l’écoutait juste plus, et il n'avait de cesse de se dire que, quoi qu'il faisait, Ada l'apprendrait. Et si elle apprenait... Harley et lui seraient puni. Tôt ou tard. Et tu t'étais promis quelque chose Varian, et c'était de ne jamais causer de mal à Harley.


─══─


SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
Puisque son voisin ne lui répondais pas, Varian se demanda s'il venait encore une fois de mettre les pieds dans le plats. Où bien, j'ai posé une question stupide à laquelle j'ai déjà la réponse. C'était hautement probable. Mais Harley lui lança un regard étrange, qu'il fut incapable de qualifier, et il se demanda subitement s'il n'était pas venu le temps d'écourter leur rendez-vous. Harley baissa les yeux sur leurs feuilles griffonnées de toute part et Varian  ne su plus trop où se mettre. Je ne savais jamais sur quel pied danser avec toi, mais là, j'avais l'impression de t'avoir posé la colle du siècle. Et puis soudain, Harley se redressa, leva ses fesses de sa chaise, et jeta leur comptes dessus. Varian ouvrit la bouche en voyant leur précieuse feuilles ainsi négligemment jeté sur le meubles mais n'eut pas le temps de dire quoi que se soit, que déjà, Harley était planté en face de lui.

Oh mon dieu il va m'en mettre une., fut la première pensée de Varian en le voyant ainsi. Il avait l'impression de fondre littéralement sous le regard que lui lançait son voisin. Son cœur avait fait un drôle de bon, car pour la première fois depuis qu'ils se côtoyait et « travaillaient » ensemble, il avait l'impression de vraiment l'avait agacé, et d'avoir fait le pas de trop. Et je t'assure que cela n'avait jamais été dans mon attention.

Mais jamais au grand jamais Varian n'aurait osé imaginer ce qui allait suivre. C'était une chose d'anticiper les crises de colère de Harley, ses insultes et ses réprimandes. S'en était une autre de voir ce genre de chose arriver. Pourtant, quand les lèvres de son voisin effleurèrent les siennes, il fut incapable de bouger. Son cœur se compressa dans tous les sens, et il eut l'impression que l'air dans ses poumons se vida instantanément. Son cerveau ne semblait plus fonctionner, désormais plus rien avait de sens. Harley l'embrassait plus franchement, et lui, se laissait faire. Tout simplement. Il était incapable de le repousser. Incapable de participer franchement au baiser. Incapable d'esquisser le moindre mouvement. Le bout de ses doigts le picotait, comme pour lui hurler d'attraper les mains de son voisin, mais ils restèrent vissés à la chaise. Harley était en train de l'embrasser, et il ne le réalisait pas. Harley était en train de l'embrasser, et la scène toute entière lui paraissait totalement absurde. Parce qu'il ne faisait rien pour l'en empêcher, et, pire, que cela ne lui déplaisait pas.

Harley se redressa, et Varian le fixa de ses yeux clairs, cherchant des éléments de réponse dans les siens. Il avait du mal à reprendre son souffle, à ne pas rougir jusqu'à la racine de ses cheveux, ni à ne pas dissimuler sa gêne croissante. Il avait cette impression à la fois désagréable et agréable des lèvres du brunet sur les siennes. Il sondait le regard de son voisin, et s'interrogea sur le pourquoi.

Tu ne me détestais pas, hein ? Ou plutôt, si, tu détestais qui j'étais, comment j'étais avec toi, ce que j'étais au yeux de tous. À cause de ça.

Il réalisait, lentement, et se demandait s'il ne faisait pas fausse route. Mais depuis le temps, il avait appris à connaître son voisin. Et puis tout s’expliquait, subitement. Et Varian devint cramoisi pour de bon. Il eut envie de disparaître six pieds sous terre, si toutefois une chose pareille était possible sur l'Arche, et de ne jamais plus refaire surface. Son cœur battait toujours plus fort, toujours plus vite, tandis que Harley contourna la table pour récupérer ses affaires.

Non. Non, il ne pouvait pas se barrer comme ça.
Pas après ça.
Pas après l'avoir embrassé.

« Harley... » Il avait été incapable d'articuler quoi que ce soit de plus. Il avait le bouche sèche à présent, cette impression désagréable que son voisin venait de laisser une trace indélébile sur son épiderme. Il se leva de sa chaise, les jambes tremblantes. On m'avait déjà embrassé. Des tonnes de fois, tu le savais, ça ? Mais je te promet Harley, je te le jure même, que c'était la première fois que je me retrouvais dans un état pareil. C'était la première fois que j'avais envie d'exploser. La première fois que je remettait tout en question. La première fois que je me demandais si j'étais sûr de moi.

Maintenant Harley, je sais.



UN TRÈS BON ANNIVERSAIRE À TOI MA HARLEY CHERIE dream glow (harley) 1424823556 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782 dream glow (harley) 850981782
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24 AOÛT 2482, Harley.
Sa question resta suspendu dans le vide, juste assez pour qu'il commence à entrevoir l'ombre de son ancien voisin dans le mince rayon de lune. Des flocons de poussière dansaient entre eux au gré des légers courants d'air qui traversaient la pièce minuscule. Est-ce que c'était l'image de notre relation, Varian-V. ? Des vestiges du passé couverts de poussière que l'on essayait tant bien que mal de revernir ? Ces derniers temps, il y avait eu des mieux entre eux. Harley avait presque l'impression de le comprendre, ou au moins de saisir des éclairs de lucidité qui lui dictaient de bonnes idées. Genre se laver. Il en avait eu marre de ressembler à un fantôme et de voir les regards de l'autre esclave s'effacer devant lui. Résultat, il avait observer un autre fantôme dans l'eau glacé. Un fantôme propre. C'était très froid, l'eau du torrent, Varian-V. Un bref instant d'attente après une question, et sa cervelle débile repartait déjà en cavale. Harley cligna des yeux aux mots de Varian-V. et peina à se détendre. Les alertes, c'était la seule chose qui vous maintenait en vie sur Terre. Une alarme, l'adrénaline, la terreur et la faculté incroyable de rester en vie derrière. En vie, le cœur battant, la peur qui vous étranglait. Le reste disparaissait. Pour rester vivant, il avait abandonné tout le reste, tout ce qui lui importait. Harley porta une main tremblante à sa bouche et entreprit de ronger un ongle inexistant. Il irait jusqu'au sang pour se détendre ; il l'avait déjà fait. Trop de fois. Toi aussi, Varian-V., tu avais tout laissé derrière. Ce Harley que tu ne connaissais pas ne te connaissait pas non plus. C'était triste que deux personnes aussi proches soient devenues à ce point des inconnus. On avait tout planté pour rester vivants, et finalement… Est-ce que nous n'étions pas un peu morts ? Leur cœur battait toujours. Clac, clac, clac. Il se rongeait les ongles pour s'apaiser, comme il l'avait toujours fait. Au moins une chose qui n'avait pas changé. Clac, clac, clac. « T-tu m'as fait p-peur. » C'était un constant innocent, sans reproche. C'était difficile, d'avoir peur. Ça gardait vivant, mais à quel prix ?

Comme un fantôme, il tendit une main dans le noir. Ses doigts restèrent suspendus dans le vide, entre Varian et lui. Il n'allait pas le toucher. Avant même de lever la main, il l'avait su. L'explosion d'émotions, de sensations, lui faisait trop peur pour qu'il aille au bout de son geste, mais l'esquisse le rassura. S'il l'avait voulu, s'il l'avait pu, il l'aurait touché pour se rassurer et le savoir l'apaisa. Sa main resta là, entre eux, des tourbillons de poussière dansant dans le vide qui les séparait. Il se détourna sous le regard trop fixe de son ancien voisin. « Je t'aime bien comme ça. Gentil. » Si Harley resta stupéfait des mots si fluides et dociles qui sortirent en ordre de sa bouche, il n'en montra rien et se recoucha. Parfois, les mots étaient sages. Souvent, il ne savait plus rien dire. J'avais beaucoup dit de choses ce soir, Varian-V., en prévision des jours où je pourrai seulement te regarder. Si les regards ne tuaient pas. « D-demain, il f-faut qu-qu'on y aille. »


─══─


SUR L'ARCHE, quelques mois plus tard, Harley, quinze ans.
Son cœur jouait une véritable cacophonie dans sa poitrine, et le sang lui rugissait aux oreilles. Je récupérai les comptes en me demandant si je n'allais pas tomber dans les pommes, ici, au milieu de ta putain de cuisine. Je ne savais pas pourquoi j'avais fait ça, ok Standall ? Tu m'avais posé la question la plus conne de l'Arche, et… Je ne sais pas. J'avais tenu ma chance, ma seule chance, de te dire mes sentiments. De te les hurler. Avec tendresse, avec amour, avec toute mon âme. Tu n'imaginais même pas combien tes milliers de regards méprisants m'avaient poignardé chaque jour. Tu ne soupçonnais pas l'étendu du désastre que tu étais pour moi. Tu me détruisais, tu me faisais mal, tu me tuais. Tous les jours, tu m'assassinais avec soin et plaisir.

Juste parce que tu me détestais.
Et que j'étais amoureux de toi.


Les papiers lui échappèrent des mains et se répandirent partout dans la pièce dans un bruissement douloureux. Son prénom dans la bouche de son voisin était une torture. Il s'était attendu à une explosion de rage ou, peut-être, de rire… Mais certainement pas à son prénom tout hésitant entre ses lèvres. Alors qu'il envisageait sérieusement d'oublier les papelards pour sortir d'ici au plus vite, Harley marqua une brève hésitation. Il était con, et il était amoureux. Il avait le droit d'hésiter. En tout cas, il était suffisamment idiot pour le faire. Blanc comme un linge, il fixa une demi-seconde l'océan de pages avant de couler un regard hésitant à son voisin. « Quoi ? » Son habituel ton cinglant était de retour. Parce qu'il fallait que je me protège, Standall. Comme depuis toutes ces années, il fallait que je me protège de toi, de ta méchanceté et de tout ce mal que tu me causais. J'avais envie d'être méchant avec toi, de déverser ma rage, ma colère, de t'ensevelir dessous, de... Ce bref instant avait été le plus terrifiant et le plus beau de sa vie, et il était prêt à tout pour recommencer. « Tu voulais ta putain d'explication, tu l'as. » Sa voix flancha un peu sur la fin, gâchant un peu la colère dans laquelle il s'était drapé. Les lèvres crispées, il hésita. Il ne savait pas quoi faire. Partir ? Se fâcher ? Pleurer ? Les trois lui paraissaient incroyablement proches et faciles, et pourtant il resta planté là. Harley Weise resta debout au milieu de la cuisine, incapable de prendre une décision.


─══─


25 août 2482, Harley.
Une poule caquetant à l'extérieur, à quelques centimètres du minuscule interstice qui lui avait servi de veilleuse toute cette nuit, le réveilla en sursaut. Harley se redressa d'un coup dans le petit coin qu'il avait occupé. Il passa une main dans ses cheveux longs et – oh ! c'était bizarre – propres pour essayer de les discipliner. Il se sentait un peu mal à l'aise, comme s'il avait trahi le Harley qu'il avait si précieusement construit sur Terre pour devenir un nouvel inconnu. Une nouvelle fois dans sa courte vie, l'esclave avait l'impression de n'être plus personne… Peut-être juste un nouvel écho d'un disparu de longue date. Il s'approcha de Varian-V. et marqua une hésitation à le réveiller. Il lui toucha la joue – le seul endroit accessible, même si même à lui, ça lui parut bizarre – pour attirer son attention. « V-V-V... » Agacé mais résigné, il lui donna un petit coup de pied. « E… Mmh. » Il n'avait pas oublié. Kimi. Cara. Tant qu'il tenait son élan de bravoure, il voulait aller les chercher. Même s'il devait kidnapper Varian-V. pour ça ou se lancer dans la langue des signes pour communiquer. Au premier signe d'éveil de son ancien voisin, il lui désigna la fine lueur qui perçait entre les planches et le léger caquètement des poules. Les maîtres dormaient encore, il fallait partir maintenant. Maintenant, ou jamais.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyMar 3 Nov - 12:18



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25 AOÛT 2482.
Varian fut tiré de son sommeil par un petit coup de pied dans le bas du dos. D'abord, il grogna doucement, et fronça les sourcils avant de se retourner avec difficulté. Harley était déjà bien réveillé (ou du moins, le semblait plus que lui) et e regardait avec une drôle d'expression. Il se demanda un bref instant s'il avait quelque chose sur le visage, avant de comprendre, lentement, mais sûrement. Il se redressa, et passa une main dans ses cheveux. « Oui ? » Oh, oui. Leur discussion de la veille, dont évidement, il n'avait rien oublié. Il n'avait simplement pas imaginé que Harley serait déterminé dès le matin pour partir à la conquête de leur monde, Kimi et Cara. « Tu... Tu veux y aller maintenant ? »

C'était plus ou moins judicieux. Il y avait des pour, et des contres. Pour, l'agitation du mariage de la veille était encore bien présent ; ils pourraient se faire oublier quelques heures, mais pas plus. Les contres ? Partir tout court. Si l'un de leur maîtres se rendaient compte de leur absence anormalement longue... Ils étaient fichus, et Varian le savait très bien. Pourtant... Il le sentait, c'était comme enfouis au fond de lui : c'était le moment où jamais. « D'accord, d'accord... » chuchota-t-il. Il regarda un peu partout autour de lui et attrapa un petit sac, dans lequel il mit rapidement quelques outils en tout genre. Leurs excursions extérieures lui avait bien appris une chose : partir démunis n'était pas une bonne idée. « Tu es certain, hein Harley ? » Il voulait bien s'en assurer avant de tenter le diable. Il n'était pas question d'avoir des remords une fois les portes de Missi passées.

Et tu étais si mal placé pour lui faire le moindre commentaire pourtant. Tu  avais si peur en cet instant de quitter ton foyer, pour une durée indéterminée... Peur que Ada te retrouve et te punisse sévèrement.

Varian se gratta la gorge : ce n'était pas le moment d'hésiter. Harley était rarement aussi décidé. Alors il ouvrit la porte de la cabane dans laquelle ils avaient dormis et regarda autour de lui. Le silence était maître à cette heure ci. Forcément, les convives devaient encore se reposer de la fête de la veille. Aya devait se trouver son mari, et cela lui offrait une occasion en or. Le seul hic que Varian voyait en cet instant était la maîtresse de Harley, aussi dangereuse qu'imprévisible. Mais la petite blonde ne semblait pas vouloir pointer le bout de son nez.


─══─


SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
À son grand soulagement, Harley n'avait pas encore claqué la porte en hurlant ou en faisait des siennes. Il ne l'avait pas non plus laissé dans un silence glacial. En fin de compte, cela aurait sans doute était plus simple : que Harley claque la porte de chez lui, et le laisse en plan, méditer sur son sort. Au lieu de ça, il se retrouvait à devoir soutenir ce regard si lourd, et beaucoup trop bleu, tout en gardant toute sa contenance. Le Harley au ton sec était de retour, le répit avait été de courte durée, et les doigts de Varian se crispèrent légèrement sur le bord de la table devant laquelle il était assit.

C'était bien la première fois qu'il regrettait presque de lui avoir demandé de s'expliquer, et d'avoir reçut une explication en retour. Finalement, c'était plus simple que Harley partait en furie, pas content, en lui hurlant d'aller se faire voir. Parce que maintenant, c'était lui qui ne trouvait rien à répondre. Et c'était rare, ça. Varian se leva, comme pour gagner un peu de temps, pendant que son cerveau était en ébullition. Il peinait à assimiler les mots du plus petit, et il massa sa nuque, comme s'il se retrouvait fortement embêté. « Euh.. » Il avait presque envie de s'excuser. D'avoir été un con fini pendant des mois, mais sa fierté était toujours bien présente. Et puis, Harley l'avait été aussi de son côté. Il n'avait pas été tendre ni avec sa sœur, ni avec lui.

Alors c'était pour ça ? Tout ça, pour ça ? C'était trop gros. Trop improbable. Et pourtant, en cet instant, Varian avait la certitude que son voisin ne lui mentait nullement. Il était bien trop sincère, et bien trop déstabilisé pour lui avoir pondu un énième bobard. Et puis les pièces du puzzle s'imbriquèrent les unes dans les autres, et si l'idée que Harley puisse être attiré par lui lui semblait toujours aussi surréaliste, elle l'était tout de même un peu moins.

Il se doutait bien que son voisin attendait autre chose comme réaction qu'un simple « euh », mais Varian avait le cerveau en surchauffe. Il voulait choisir ses mots avec soin, pour ne pas le faire éclater à nouveau, mais dans le même temps... Il se retrouvait au pied du mur. Des phrases comme « merci d'avoir été honnête avec moi » ou encore « d'accord c'est super » se multipliaient dans sa tête. Et n'avaient aucun sens dans le contexte actuel. « Ne pleure pas. » Et ça, ce n'était pas au programme. Mais les mots avaient franchi ses lèvres sans son autorisation et il ouvrit de grands yeux en le réalisant. Il n'avait quand même pas pu lui balancer ça ? Si ? Et bien si. « Euh, enfin je... » Il avait l'impression de s'enfoncer. Mais en face d'un Harley totalement déstabilisé qui semblait hésiter entre hurler ou pleurer, Varian ne savait plus où donner de la tête.
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyDim 28 Fév - 21:11



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25 AOÛT 2482, Harley.
Harley toisa son camarade en silence et attendit patiemment qu'il finisse de parler tout seul. C'était maintenant ou jamais, Varian-V. Tu étais plus vif que moi, je supposais que tu l'avais bien compris. Ou peut-être que tu te posais beaucoup de questions inutiles ? Nei lui rabâchait sans cesse qu'il ne réfléchissait pas assez, et c'était à moitié vrai, mais beaucoup de questions restaient superflues. Je n'avais pas envie de connaître tes peurs, et j'espérais très fort que tu n'allais pas me les partager. Sans doute qu'il y avait des tonnes de trucs auxquels je n'avais pas pensé… Tant mieux, j'avais déjà beaucoup à faire avec les quelques pensées qui s'entrechoquaient en boucle dans ma tête depuis la veille. Depuis toute notre conversation. Je n'avais pas aligné autant de mots depuis... Très longtemps. Des vraies conversations, sur Terre, Harley en avait eu très peu. Il avait beaucoup argumenté avec Azgeda au début, et puis finalement il s'était tu. Jusqu'à Varian-V. en fait. Jusqu'à leurs retrouvailles ratées, il n'avait plus estimé utile d'avoir une conversation. Il répondait tant bien que mal aux questions qu'on lui posait et donnait les indications qu'on attendait de lui, mais ça tenait à quelques mots par jour, voire par semaine. Il se fichait de Luna, même s'il l'aimait bien et que sa présence le rassurait, et il n'avait jamais eu la moindre envie de faire l'effort de parler avec elle. Elle parlait déjà assez toute seule. Ne me demandais pas de prendre une décision pour deux, Varian-V. Pourtant, Harley l'avait déjà prise. Dés hier soir, dés qu'il avait émis l'idée de partir en quête de Kimi et Cara, il l'avait prise. Si son ancien voisin ne venait pas avec lui… Aurait-il l'audace d'y aller seul ? Pour faire quoi ? Pour leur dire quoi ? Pour l'heure, tu n'étais même pas foutu de répondre « oui » à Varian-V. Débile de Harley. Au troisième point d'interrogation de Varian, il lui tourna le dos pour le faire taire et se renfrogna en le voyant zyeuter dehors. Plus ils essaieraient d'être discrets, et plus ils auraient l'air bizarres. Voilà au moins une leçon qu'il connaissait bien pour ne pas attirer l'attention de Nei. Il passa en coup de vent dans l’embrasure de la porte avec un bref regard pour l'autre esclave. Si on nous voyait, tu croyais qu'il allait se passer quoi ? Qu'ils penseraient qu'on partait en goguette ? Non, juste qu'on allait chercher du bois, du gibier ou peu importe. Enfin pour moi en tout cas. Il se baladait seul en permanence. Finalement, dans son état d'esclave, Harley en était presque devenu autonome. Il connaissait ses tâches par cœur et la majorité d'entre elles ne requéraient aucune surveillance. Chasser, pêcher, ramener de l'eau, du bois, acheter des grains, effectuer une quelconque mission plus ou moins secrète pour le maître… C'était le gars à tout faire à qui personne ne prêtait attention, Harley.

Spontanément, il avait envie de le prendre par la main pour l'entraîner plus vite à travers le village. Il voulait être vite dehors, vite au milieu des arbres, pour… Pour quoi d'ailleurs ? Harley ne savait pas trop ce qui le poussait comme ça à partir à l'aventure. Hier, son bain de glace lui avait fait l'effet d'une douche froide. Tu savais que ça faisait mal de se laver quand la peau était sale, Varian-V. ? Comme une brûlure. Kimi, Cara, Varian… Ça lui paraissait important. Ces dernières semaines avaient été l'occasion d'une grosse prise de conscience, une remise en route de ses sentiments et de ses peines. Tu avais toujours su comment me faire mal. Toujours. Tu avais toujours su saisir mon point faible, tu avais toujours su me blesser. Je crois que c'était ton plus grand talent, et même la Terre n'avait réussi à te l'arracher. J'étais bien à ne rien faire, à ne rien dire, mais il avait encore fallu que tu reviennes dans ma vie pour me rendre malheureux. Parce qu'une fois de plus, Harley ne s'était pas senti à la hauteur. Leur relation du passé était morte, mais Varian restait la personne la plus importante du monde, même devant Nei, même devant les maîtres. Ou presque ; c'était confus tout ça. Mais Kimi et Cara aussi étaient des personnes importantes dans ses souvenirs. À la dérobée, Harley regarda son ancien voisin crapahuter dans la neige fondue derrière lui et ils passèrent enfin les portes du village. Une infinité d'arbres se dressait désormais entre eux et les deux filles.


─══─


SUR L'ARCHE, quelques mois plus tard, Harley, quinze ans.
Putain Standall, tu ne faisais jamais rien pour aider. Il y avait les silences apaisants, et les silences glaçants. En règle général, Harley appréciait le silence. L'absence de bruits humains. L'Arche n'était jamais parfaitement silencieuse, entre les bruits d'aération, de ventilation, les grincements habituels des vieilles cabines de leur station… C'était sans doute différent sur les stations plus aisées, mais ça faisait pleinement partie de leur univers sonore et c'était rassurant. Ce n'était pas vivant en tout cas, et pas humain non plus. On ne l'aurait peut-être pas cru comme ça, mais j'avais une peur bleue des gens qui hurlaient. Qui s'agressaient. Qui se disputaient. D'ailleurs, je hurlais souvent le premier pour couper court au reste. Là, le silence était juste terrible parce qu'aucun des deux ne savait quoi ajouter. Il serait bien parti, mais comment ? Comment pouvait-il légitimement partir sans rien dire ? C'était bizarre de simplement te tourner le dos pour m'en aller, Standall. J'aurais adoré être n'importe où plutôt qu'ici mais je n'avais aucun moyen d'exaucer ce vœux. Il ne regardait pas vraiment son voisin, plutôt un point fixe un peu à droite de sa tête. Il le voyait en flou, en périphérie, sans la moindre idée de l'expression qu'il tirait à cet instant. Il devait le haïr. Ou s'apprêter à éclater de rire. Ou… Harley n'avait pas envie de rêver. Il n'était plus assez naïf depuis longtemps pour imaginer un quelconque happy end à cette situation ridicule. Qu'est-ce qu'il avait cru en l'embrassant ? À quel moment s'était-il dit que ça pouvait être une bonne idée. Je n'en pouvais juste plus de ce secret. J'avais eu envie d'enfin tout te dire, tout te montrer, pour qu'il n'y ait plus toutes ces incompréhensions entre nous. Maintenant, tu savais. Si tu choisissais quand même de me faire du mal, moi j'aurais quand même le droit de te détester. J'aurais enfin une bonne raison de le faire.

Les mots de son voisin tombèrent à plat. Harley cilla, trop surpris pour formuler une quelconque pensée cohérente. « Tu te fous de ma gueule en fait. » Son ton plat tranchait avec l'orage de son regard. Ces trois petits mots ne pouvaient pas être sorti de la bouche de Varian Standall. Pas de façon sérieuse. Il se fichait forcément de lui, ou… ? Harley esquissa un pas en arrière en clignant des yeux pour en chasser les larmes, et réprima une furieuse envie de le frapper. Je n'avais jamais réussi à te frapper vraiment. Tu étais, je pense, la seule personne de cette station à avoir réellement échapper à mes poings. La porte n'était pas loin, mais juste assez pour qu'il se sente pris un piège. Une partie de lui voulait une réponse, une vraie, pour savoir quoi haïr ensuite. Une autre voulait juste se casser d'ici au plus vite pour disparaître à jamais. « Laisse tomber, oublie ça. J'aurais jamais du faire un truc pareil. » Non, il n'aurait jamais du. Il aurait mieux fait de continuer à taire sa détresse et se contenter de rêvasser seul dans son coin. Mieux valait-il être malheureux que ridicule. Harley tourna le dos à l'autre garçon et se pencha pour ramasser à la volée toutes les feuilles répandues par terre. À vingt-cinq feuilles, il les balança sèchement sur la table. Tournant le dos à Standall, il se tordit nerveusement les mains. « Si tu racontes ça... »
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MessageSujet: Re: dream glow (harley) dream glow (harley) EmptyDim 28 Fév - 22:48



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25 AOÛT 2482.
Varian ne savait pas par où commencer. Ils vivaient dans une région immense et hostile, et les deux filles pouvaient être n’importe où. Et puis, il y avait le problème de la météo, bien que clémente ce matin-là. Et des maîtres. Dès qu’ils s’apercevraient que leurs esclaves étaient partis… Varian frissonna, n’osant imaginer les horreurs qu’ils leur feraient subir par la suite. Il avait déjà une vague idée de ce que Nei ferait à Harley, mais lui… Aya loin de la maison, il se demandait ce que Ada serait capable de lui faire.

Devant eux se dressaient cette forêt immense et dense et Varian jeta un regard autour de lui, se demandant par où commencer. Avaient-ils une chance de les retrouver, au moins ? Étaient-elles restées à Azgeda, malgré tous les dangers qu’elles courraient ici ? C’était un parti pris risqué. Mai quelque chose lui soufflait que oui, les deux filles s’étaient accrochés. L’image de Cara, qui n’avait pas changé d’un iota lui revint en mémoire, et il sentit un élan de courage se mêler à ses forces, le faisant marcher plus vite. Et sa petite sœur, sa douce petite sœur… Elle, il avait bien eu du mal à croire qu’elle était la même personne. Kimi n’était plus cette petite fille qu’il avait vu grandir après tout : les années étaient passé, et elle avait mûri. Où étaient passés ses longs cheveux blonds et ondulés ? D’où venait cet air décidé sur son visage ? Pourquoi étaient-elle aussi grande ? Son cœur se serra un instant, en songeant qu’il n’avait pas vu Kimi devenir la jeune femme qu’elle était aujourd’hui. Il s’en voulait une nouvelle fois, d’être partit, d’avoir raté toutes ses années là de sa vie. Qu’avait-elle fait pour se retrouver sur Terre ? Comment avait-elle évolué là-haut ? Pourquoi Cara était-elle là aussi ? Pourquoi deux personnes vierges de tout tracas avaient-elle été envoyé en enfer ? Kimi ne devait pas rester ici. Elle en survivrait pas. Elle avait besoin d’aller dans les terres plus chaudes, celle dont Ada lui avait parlé plusieurs fois. Des terres plus accueillante où sa santé ne serait pas mise à mal. Sa santé si fragile… Il se demanda comment ses poumons avaient pu accepter cet air de la Terre. Comment elle avait fait pour réussir à respirer sans s’étouffer la première fois. Lui-même en avait été grandement éprouvé. Peut-être que venir ici lui donnerait plus de temps ? C’était étrange, comme idée, mais Varian la garda dans un coin de sa tête.

« C’est ce chemin-là ! » lança-t-il à Harley en désignant une petite route tortueuse. Il reconnaissait la route qu’ils avaient empruntés en rentrant chez eux, ce jour-là, après avoir croisé Cara et Kimi. Il se sentait guidé par lui, par une force qu’il ne comprenait pas. Son instinct, sans doute. « Harley, tu penses qu’elles ont fait quoi pour se retrouver ici ? » Il se doutait bien que l’autre garçon n’était pas plus avancée que lui mais…

Tu avais besoin d’en parler. De comprendre. De te dire que tu n’étais pas le seul à te poser des questions. Est-ce que Harley se souvenait d’elles comme lui, s’en souvenait ? Avaient-ils les mêmes souvenirs avec Cara et Kimi que lui ? Se souvenait-il des moments de joie et de tristesse partagés ensemble ? Une nouvelle fois, Varian aurait aimé être dans sa tête pour comprendre, parce que les mots ne lui venaient pas, et qu’il n’osait pas demander.


─══─


SUR L'ARCHE, VARIAN 16 ANS, HARLEY 15 ANS.
« Je ne vais pas aller le dire, non. Je ne suis pas idiot. Je sais que ça te mettrait mal à l’aise. » Voire pire que ça, pensa-t-il. Mais au-delà de ça, ils avaient une réputation à tenir. Et étrangement, Varian y tenait encore. Ça les arrangeait bien, tous les deux, que l’Arche toute entière les voit comme deux grands voisin ennemis. Leur réputation était leur principale arme, leur plus gros alibi. Parce qu’avec elle, personne ne pouvait oser imaginer ce qu’ils trafiquaient. Il baissa les yeux vers ses mains qu’il n’avait pas cessé de triturer, dans un signe évident de nervosité, ce qui était plutôt rare chez lui. « Mais je n’oublierais pas, ça non. Ne compte pas sur moi pour gommer ce moment de ma mémoire. » De toute façon, même s’il l’avait souhaité du fond du cœur, il en aurait été incapable.

Le baiser l’avait bien plus chamboulé qu’il ne voulait le laisse paraître. Peut-être parce qu’il avait été totalement inattendu, improbable aussi. Harley était attiré par lui, la bonne blague. Pourtant, les signaux avait été devant lui pendant des mois. Et il les avait vu. Juste mal interpréter. Là où il pensait que l’autre garçon ne voulait que le mettre mal à l’aise… Harley avait juste laissé ses sentiments échapper au mauvais moment. Et Varian avait toujours trouvé ça horrible. Horrible parce qu’il avait Cara, fut un temps, horrible parce que c’était lui, horrible parce qu’au final, cela avait fini par ne même plus le déranger. Il s’était juste accroché à leur stupide relation toxique, leur réputation à la con, et avait tout fait pour l’entretenir, et avec brio. Peut-être que le baiser l’avait aussi chamboulé parce qu’il l’avait apprécié. Mais ça, c’était une autre histoire. Sentant ses joues se colorer un peu trop, une porta une main à ces dernières et les frotta avec énergie. « Avant que tu ne claque la porte Harley, je voudrais m’excuser. » C’était maintenant ou jamais, de toute façon. Il avait le sentiment que plus rien ne serait pareil après cette après-midi. « Pour ce que j’ai pu dire et qui t’a blessé par rapport à ça. ». Varian était un connard né, mais blesser les gens avec les sentiments qu’ils lui portaient n’avait jamais été dans ses intentions.
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