Stranger like us.

Malgré midi qui avait pointé son nez, un peu plus tôt, il faisait toujours plutôt froid, surtout dès que le soleil était caché derrière les nuages. C'était une bonne chose pour Octavia. Il y avait peu de monde dehors. Seulement ceux qui devaient travailler et du coup, ils seraient moins enclins à lui prêter de l'attention. Une chance aussi, Bellamy ne lui collait pas au train aujourd'hui. Elle l'avait vu ce matin en compagnie de la princesse blonde avec qui il n'avait (bien évidemment) aucun lien particulier outre le fait de passer 80% de son temps avec elle lorsqu'il n'était pas avec sa petite sœur... Bref. Tout ça l'énervait, mais qu'importe. Bellamy faisait sa vie, elle pouvait bien faire la sienne et aujourd'hui, elle était plus qu'heureuse qu'il passe plus de temps à faire les yeux doux à la blonde qu'à la surveiller. Ses réserves étaient dangereusement basses, ses tentatives pour se procurer des médicaments à l'infirmerie avaient failli très mal tourner et les cauchemars avaient progressé en intensité et en fréquence depuis le retour de Bellamy. Elle le voyait mort, à chaque instant, dès qu'elle fermait les yeux. Elle avait besoin de dormir. Besoin de s'assommer, pour ne plus penser. Si elle voulait devenir assez forte un jour pour jouer un rôle dans ce monde, il fallait qu'elle ait toutes ses forces.

Profitant de la fin de la pause repas, avant la reprise de la plupart des travailleurs, Octavia s'assura de la présence de son précieux bout de carlingue tranchant dans sa botte, avant de filer à travers le camp, assez ostensiblement pour ne pas attirer plus l'attention de ceux qui la regarderaient, mais assez discrètement pour ne pas attirer plus de regards. Une fois certaine que plus personne ne lui accordait la moindre attention, elle se glissa à travers cette brèche dans la clôture qu'elle avait repérée, il y a des semaines. Cette barrière censée les protéger de l'extérieur était une vraie passoire. Difficile de comprendre pourquoi ils n'étaient pas déjà tous morts.

Restant précautionneuse jusqu'à ce qu'elle soit couverte par les arbres, la brune ne se permit de souffler qu'une fois à distance du camp. Malgré tout, elle restait prudente encore. Des groupes étaient régulièrement envoyés dehors, pour chasser ou surveiller le terrain. Elle n'était pas à l'abri de tomber sur un troupeau de gardes qui pourrait la ramener fissa à l'intérieur en lui apportant beaucoup d'ennuis. C'est pourquoi elle s'éloigna encore plus du camp, le plus possible, tout en restant à distance de course en cas de besoin. Elle avait beau n'en faire qu'à sa tête, elle tenait quand même assez à sa vie pour ne pas se jeter dans un truc complètement suicidaire.

Une branche craquant sous son pied, elle se figea, observant l'objet qui avait raisonné à ses oreilles (et probablement aux oreilles de toute personne à proximité), se maudissant d'être aussi gauche. Elle était pourtant habituée à être discrète. C'était une seconde nature chez elle. Même si elle n'était pas dans son environnement de base, ne pas faire de bruit et se cacher restait dans son ADN, partout où qu'elle soit. Aucun bruit autour d'elle ne sembla répondre à son imprudence et Octavia inspira profondément, avant de continuer son chemin, jusqu'à tomber sur un amas de plante sous un arbre dont elle s'approcha, le cœur battant. « Génial ! », souffla-t-elle, réalisant que c'était une partie de ce qu'elle cherchait. Elle se pencha donc pour arracher les plantes qu'elle fourra dans son sac de collecte. Alors qu'elle travaillait depuis déjà deux bonnes minutes, un bruit se fit entendre sur sa droite et elle se figea, se redressant en essayant de voir à travers les arbres. « Qui est là ? »

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Stranger like us.

Octavia vit bientôt un homme apparaître. Un natif, assurément. Les vêtements qu'il portait n'étaient pas comme ceux des habitants de l'Arche et pour avoir vu quelques natifs (de loin), elle pouvait dire qu'il avait plutôt le même style. Malgré tout, c'était la toute première fois qu'elle en voyait un d'aussi près. Par pur réflexe de base, elle recula d'un pas, alors que l'homme faisait tout pour lui montrer qu'il n'était pas là pour lui faire du mal. Elle resta donc là, ne partit pas en courant, restant prudente, mais sur place, curieuse et intéressée.

Les premiers mots (ou peut-être le mot) qu'il prononça furent dans leur langue, celle qu'Octavia voulait apprendre, sans savoir par quoi commencer. Il prononça quelque chose comme « Shilow », non ? Elle n'avait jamais entendu de tels mots avant, alors elle ne pouvait sans doute pas trop faire confiance à son oreille. Puis il parlait dans sa langue à elle, avec un accent parfait. Arguant qu'il savait que Cérès n'autorisait pas le genre de sorties qu'elle s'était permise et lui demandant qui elle était. Elle inspira, ne bougeant pas pendant plus d'une longue seconde, le temps de se rappeler dans quelle botte elle avait caché son seul moyen de défense. Puis, lentement, elle montra ses deux mains, tenant à prouver qu'elle n'avait pas l'intention d'être un danger pour lui. De toute manière, elle ne l'aurait sans doute pas été, même si elle l'avait voulu, et même avec une arme à la main. Alors avec des plantes soporifiques... même pas la peine d'y compter.


Le cœur battant, se demandant si elle devait prendre sa réplique sur le fait de ne pas laisser les jeunes sortir seuls comme une menace, Octavia s'éclaircit un peu la voix avant de parler enfin. « Je m'appelle Octavia. Je n'ai pas besoin de chaperon. Je sais me débrouiller. » Un petit rictus apparu sur sa bouche. « Je l'ai toujours fait. »

Fourrant lentement dans sa sacoche les plantes arrachées qu'elle tenait dans ses mains, elle ne quitta pas l'homme des yeux. « N'est-ce pas dangereux pour un natif de se promener si près des lignes de Cérès ? », demanda-t-elle à son tour. « Certains gardes ont... tendance à se montrer très zélés quand on leur met une arme entre les mains. » Une nouvelle fois, une moue de dégoût marqua ses traits. « J'en sais quelque chose. » Elle n'avait pas voulu le menacer en posant ses mots et elle tenait bien à lui montrer que ça n'était pas le cas, mais vraiment de la considération pour lui. Elle avait trop goûter elle-même aux lois de l'Arche pour ne pas savoir que sur une Terre hostile, certains pouvaient se montrer peu regardant sur la considération à porter à un peuple étranger, quand ils avaient fait tant de mal à leur propre peuple dans l'hostilité spatiale.

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